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MOQUEUR, -EUSE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers.] Enclin, porté à la moquerie, à la raillerie; qui a l'habitude de se moquer. Synon. ironique, gouailleur (fam.), persifleur, railleur.Toujours moqueuse, Lélia! Vous pouvez rire et railler ici en présence de cette scène sublime! (Sand, Lélia, 1833, p.109).Tante Coralie, (...) tu ne peux imaginer comme elle était vive et moqueuse. Elle n'avait pas froid aux yeux (Duhamel, Cécile, 1938, p.188):
1. C'est que ce peuple si fin, si moqueur, qui rit de tous les écrits publiés sous la censure de ses maîtres, fait sa lecture habituelle de petits poèmes qui racontent avec chaleur la vie des brigands les plus renommés. Stendhal, Abbesse Castro, 1839, p.142.
SYNT. Moqueur et acerbe, amical, bienveillant, charmant, cruel, féroce, fin, froid, indulgent, insultant, léger, narquois, sévère, silencieux, spirituel, tendre, triste.
Emploi subst. Et toute la rancune d'enfance ressuscita qu'il nourrissait à l'égard de la moqueuse, de ses dédains (Adam, Enf. Aust., 1902, p.409).On voulait se moquer de lui. Eh bien, il se moquerait des moqueurs et il déchirerait la lettre (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p.164):
2. Tenez, madame, voulez-vous que je vous dise deux de vos grandes méfiances à mon égard? Ma réputation de moquerie, − vous voyez que je suis un moqueur assez funèbre, − et mon titre d'homme de lettres. Goncourt, Journal, 1855, p.183.
B. − [En parlant d'une pers., de ses attitudes, de son comportement, de ses paroles] Chargé, empreint de moquerie. Synon. ironique, malicieux, mordant, railleur.Air, geste, œil, regard, sourire, ton moqueur; bouche, grimace, voix moqueuse; couplet, refrain moqueur; réponse moqueuse. Sifflotant un air de valse, à la façon hardie et moqueuse de l'enfant de Paris (Ponson du Terr., Rocambole, t.3, 1859, p.492).Tout le monde (...) l'entourait d'un respect moqueur, car l'excellente vieille associait à une expérience de plus de soixante années une ingénuité sans bornes (Tharaud, Maîtr. serv., 1911, p.160):
3. Lucien participa joyeusement à quelques-uns des bons mots et des traits avec lesquels on terminait le journal (...). Cette conversation éminemment moqueuse, spirituelle, méchante, mit Lucien au courant des moeurs et du personnel de la littérature. Balzac, Illus. perdues, 1839, p.408.
II. − Subst. masc.
A. − Oiseau passériforme d'Amérique, du groupe des merles (comprenant plusieurs espèces), qui imite les cris et les chants des autres oiseaux. Un seul, le moqueur d'Amérique, a le génie du comédien, marquant tous ses chants d'une mimique strictement appropriée à leur caractère et souvent très-ironique (Michelet, Oiseau, 1856, p.244).
P. appos. Merle moqueur. Il (...) y avait là (...) tout simplement une demi-douzaine de ces oiseaux moqueurs et chanteurs (Verne, Île myst., 1874, p.108).
B. − Oiseau d'Afrique (comprenant plusieurs espèces voisines des huppes), au plumage noir à reflets métalliques et à longue queue étagée. Les moqueurs ont des pattes longues, un plumage à reflets métalliques et un bec grêle et long, plus ou moins recourbé (J. Raynaud, G. Georgy, Nature et chasse au Dahomey, Paris, 1969ds Équipe IFA, Inventaire des particularités lex. du fr. en Afrique noire (G-O), Aupelf, 1982, p.158).
REM.
Moqueusement, adv.D'une manière moqueuse. Ce dieu de l'histoire et de l'appréciation sagace et sévère (...) peint comme Tacite, mais il a le sentiment religieux de Bossuet, inconnu à l'âme moqueusement froide du Romain (Barb. d'Aurev., Memor. 1, 1838, p.160).Le voici qui fuit comme un faon! D'un bond il s'est mis hors du filet, et je le vois qui moqueusement vous fait signe! (Claudel, Euménides, 1920, p.953).
Prononc. et Orth.: [mɔkoe:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1280 subst. moqueour «railleur» (Clef d'amour, éd. A. Doutrepont, 2276); 2. 1559 adj. moqueur «qui est empreint de moquerie, qui manifeste de la moquerie» (J. Grévin, Pastorale, éd. L. Pinvert, p.220); 3. 1676 subst. mocqueur «oiseau» (Extrait du Journal d'Angleterre contenant la description que M. Glover a envoyée de la Virginie ds Fr. mod. t.23, p.222). Dér. de moquer*; suff. -eur2*. Cf. le fém. moquerresse ca 1330 (Guillaume de Digulleville, Pélerinage vie hum., éd. J. J. Stürzinger, 7633). Fréq. abs. littér.: 736. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1136, b) 1571; xxes.: a) 1003, b)714. Bbg. Quem. DDL t.1.