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MONTURE, subst. fém.
I. − Bête de somme que l'on monte pour être transporté; plus partic., cheval de selle. Le Comte gagna à cheval le faubourg du Roule, puis les Champs-Élysées, fit le tour du bois au galop, revint par le Boulevard extérieur, et arrêta sa monture ruisselante à la grille de l'hôtel de Baccarat (Ponson du Terr., Rocambole, t.3, 1859, p.49):
1. Loin de chercher à être remarqué d'elle [la riche châtelaine], il s'était, lors de ses rencontres, effacé le plus qu'il avait pu, ne voulant pas donner à rire par son feutre bossué et piteux, son plumet mangé des rats, ses habits passés et trop larges, son vieux bidet pacifique, plus propre à servir de monture à un curé de campagne qu'à un gentilhomme... Gautier, Fracasse, 1863, p.36.
Enfourcher une monture (au fig.). Entrer dans une organisation (politique, syndicale, etc.) pour se procurer les moyens d'entreprendre:
2. On peut se demander pourquoi, à son entrée dans la carrière, Pierre Mendès-France a choisi le radicalisme: c'est que, dans le régime des partis, il faut bien enfourcher une monture. Mauriac, Bloc-Notes, 1958, p.131.
Ménager sa monture. Les débuts d'un voyage sont toujours marqués par l'entrain des cavaliers et des chevaux (...). Qui veut aller loin doit ménager sa monture. Il fut donc décidé que chaque journée ne comporterait pas plus de vingt-cinq à trente milles en moyenne (Verne, Enf. cap. Grant, t.2, 1868, p.94).
Proverbe. Qui veut voyager loin, ménage sa monture. Il faut ménager ses forces, ses ressources si l'on veut durer longtemps.
P. anal.
Tout engin que l'on enfourche comme un monture:
3. ... les vélos de femme faisant fureur, les cyclistes chinois faussant leur nouvelle monture nickelée dans les ornières creusées depuis des millénaires profondément dans les dalles en granit des chaussées historiques des invasions par l'incessant charroi impérial... Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.316.
Péj. Femme qui se livre à la monte (comme s'accouplent les animaux domestiques):
4. On lit dans Al Mostrataf: «Les montures de la volupté sont celles qui ont un peu plus de dix ans, et qui ne dépassent pas vingt; passé cet âge, mets-les au rebut. La femme de quarante ans, par exemple, est une calamité.» Montherl., Pte Inf. Castille, 1929, p.606.
II.
A. − Action d'assembler les diverses parties d'un objet (synon. plus gén. montage); en partic., BIJOUT. sertissage des pierres précieuses. Je suis bien sûr de vous apprendre que Mellerio est le premier homme du monde pour les bagues hiéroglyphiques et lithologiques; Nitot pour le dessin et la monture des boucles d'oreilles (Jouy, Hermite, t.1, 1811, p.77).
B. −
1. Armature qui peut soit donner à un objet sa forme, soit en délimiter le contour et assurer éventuellement l'assemblage de ses diverses parties. Monture de lunettes, de miroir, de parapluie. Cropette, qui ne se doutait de rien, cligne quatre ou cinq fois de la paupière gauche, essuie ses lunettes à monture de fil de fer, les remet et regarde Folcoche, pour confirmation (H. Bazin, Vipère, 1948, p.271).
2. Spécialement
a) AGRIC. ,,Ensemble des animaux et instruments aratoires servant à exploiter une ferme`` (Mots rares 1965).
b) ARM. Monture de fusil. Pièce de bois formant le fût et la crosse du fusil. (Dict. xixeet xxes.). Monture d'épée. Ensemble de la garde, de la fusée et du pommeau (Dict. xixeet xxes.).
c) ASTRON. ,,Ensemble mécanique destiné à porter un instrument d'observation et mobile autour de deux axes perpendiculaires qui servent à le diriger vers un point quelconque de la voûte céleste.`` (Astron. 1973). Monture azimutale, équatoriale; monture allemande, anglaise; monture à fourche, en fer à cheval.
d) ORFÈVR. Partie dans laquelle s'enchâsse un ornement, où est sertie une pierre précieuse. Elle fit miroiter la bague. − Il est regrettable que la monture soit démodée. − Je vous en ferai mettre une moderne (Montherl., Lépreuses, 1939, p.1426).
e) PÊCHE. ,,Système d'hameçons de constructions variées, avec lequel on peut attacher divers types d'amorces`` (Schreiner 1975). Monture à poisson mort, à crevette, à amorce vivante, à vers.
Prononc. et Orth.: [mɔ ̃ty:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1348 «bête sur laquelle on monte pour se faire transporter» (Compte de Nicol. Bracque, A.N. KK 7, fo14 vods Gdf. Compl.); b) 1892 «bicylette» (Baudry de Saunier, Cycl., p.467); 2. a) 1680 «partie d'un objet qui sert à assembler, fixer, supporter l'élément principal» (Rich.); b) 1831 «partie métallique d'une pièce d'orfèvrerie, enchâssant l'ornement principal» (Dumas père, Charles VII, IV, 3, p.287); 3. 1718 «action de monter un ouvrage» (Ac.). Dér. de monter*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér.: 347. Fréq. rel. littér.: xixes. a) 303, b) 762; xxes.: a) 579, b) 459. Bbg. Autheville (P. D'). Termes techn. empl. en sellerie. Banque Mots, 1977, no14, p.158. _ Quem. DDL t.9.