| MONOSYLLABIQUE, adj. A. − Qui est monosyllabe. Forme monosyllabique. Cet être, les hommes l'appelèrent Dieu, ou de tout autre mot correspondant (presque toujours monosyllabique) universellement entendu de tous les hommes qui parloient la même langue (Bonald, Législ. primit., t.1, 1802, p.276).Ainsi la négation s'exprime dans un très grand nombre de langues par des éléments (le plus souvent monosyllabiques) à articulation nasale (...): il est tentant de supposer un lien entre cette articulation et l'expression du refus (Perrot, Ling., 1953, p.113): 1. Augustus était un obtus Portugais qui ne savait ni lire ni écrire. Paul employait avec lui un langage conventionnel fait de brusquerie sur le mode d'onomatopées monosyllabiques dures et violentes pour lui indiquer quel titre et l'emplacement du livre qu'il désirait dans la bibliothèque qu'Augustus lui allât quérir et Augustus qui avait l'habitude de ce langage de sauvage ne se trompait jamais...
Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.355. B. − Qui est exclusivement constitué par des monosyllabes. Vers monosyllabique. Il composait des histoires plus sombres que la nuit, et des poèmes monosyllabiques plus ardents que l'enfer (Du Camp, Mém. suic., 1853, p.70).Il faut encore citer le trio monosyllabique de la prière «Ô grand saint Michel» (L.Schneider, Maîtres opérette fr., Le Succès, puis le déclin à Paris, 1924, p.216). ♦ [P. méton.] Qui parle par monosyllabes. À la table, à côté de moi, étaient assis deux messieurs. L'un (...) semblant un parlementaire, toutefois d'aspect courtaud, commun, et presque monosyllabique dans sa conversation (Goncourt, Journal, 1892, p.238). − LING. Langue monosyllabique. Langue constituée essentiellement de morphèmes lexicaux et grammaticaux monosyllabes. On a reconnu également que le chinois n'a pas toujours été monosyllabique (Saussure, Ling. gén., 1916, p.315): 2. Si le latin avait péri au
xesiècle, le français (...) aurait (...) évolué selon d'autres principes. Il est très probable qu'il serait devenu presque entièrement monosyllabique, suivant sa tendance initiale toujours combattue par la présence du latin, et d'un latin particulier dont la tendance contraire allongeait les mots par l'accumulation des suffixes.
Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p.74. Prononc. et Orth.: [mɔnosil(l)abik]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1748 ton monosillabique (Fontenelle ds R. Hist. litt. Fr. t.3 p.457); 1752 vers monosyllabiques (Trév.). Dér. de monosyllabe*; suff. -ique*. Fréq. abs. littér.: 12. Bbg. Quem. DDL t.13. |