| MONOSYLLABE, adj. et subst. masc. Qui n'est constitué que d'une syllabe. Terme monosyllabe. Si l'on remonte à l'état primitif de toutes les langues, que trouvera-t-on à leur origine? Quelques cris plus ou moins articulés, que nous avons appellé interjections, quelques mots la plupart monosyllabes, formés le plus souvent par onomatopée et servant de noms (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p.117).− Emploi subst. masc. Mot constitué d'une seule syllabe. Il flottait, incertain entre le oui et le non, et pesait ces deux monosyllabes décisifs dans la balance de la réflexion (Gautier, Fracasse, 1863, p.41): 1. ...le nébuleux Mallarmé (...) professe qu'on ne doit pas commencer une phrase par un monosyllabe, disant: «Concevez-vous bien que ce rien, ces deux pauvres petites lettres, ne peuvent raisonnablement servir de fondation à un grande phrase, à une phrase immense?»
Goncourt, Journal, 1875, p.1047. ♦ Expr. Ne parler/ne répondre que par monosyllabes, ne placer que des monosyllabes. [Dans une conversation] Limiter sa participation à de brèves réponses. J'avais l'air de fort mauvaise humeur (...) aussi, lorsqu'il m'adressa la parole, je ne lui répondis que par monosyllabes. Malgré ce mauvais accueil de ma part, il continua, et proposa un dîner à ma mère (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p.44): 2. Gabrielle, pressée de questions, qui se succèdent sans qu'elle ait le temps d'achever ses réponses, et qui sent que le président ne lui fait point crédit, se trouble. Elle ne peut guère placer que des monosyllabes, répondre que par oui ou par non.
Gide, Souv. Cour d'ass., 1913, p.660. Prononc. et Orth.: [mɔnosil(l)ab]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Subst. 1521 monosillaibe (Fabri, Art de Rhetorique, t.II, fo3 vods Gdf. Compl.); 1690 respondre par monosyllabes (Fur.). B. Adj. 1529 (G. Tory, Champ Fleury, LIII, 60 vods Hug.). Empr. au lat. imp. monosyllabus, (empr. au gr. μ
ο
ν
ο
σ
υ
́
λ
λ
α
β
ο
ς) «formé d'une seule syllabe», adj. et emploi subst. au neutre. Fréq. abs. littér.: 121. DÉR. Monosyllabisme, subst. masc.,ling. Caractère des langues monosyllabiques. Le monosyllabisme, l'agglomération, et la transformation proprement dite seraient des degrés successivement parcourus dans le perfectionnement de la parole (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.197).Les racines sémitiques (...) présentent un trait qui rappelle le monosyllabisme allemand, mais plus frappant: elles renferment toujours trois consonnes (Saussure, Ling. gén., 1916, p.256).− [mɔnosil(l)abism̭]. − 1resattest. a) 1846 «manie de ceux qui ne parlent que par monosyllabes» (Besch.), b) 1864 «caractère des mots à une seule syllabe» (Renouvier, loc. cit.), c) 1868 «état des langues qui n'ont que des monosyllabes pour racines» (Littré); de monosyllabe, suff. -isme*. BBG. − Quem. DDL t.21. |