| MONASTÈRE, subst. masc. A. − Institution chrétienne regroupant des moines ou des moniales qui vivent sous une même règle, généralement dans la claustration. Fonder un monastère. Sans parler de S.Antoine, père des Cénobites, de S. Paul, premier des anachorètes, de sainte Synclétique, fondatrice des monastères de filles; sans nous arrêter à (...) la règle de S. Benoît, qui réunit la plus grande partie des monastères occidentaux (Chateaubr., Génie, t.2, 1803, p.384).À la condition que le monastère soit absolument volontaire (...), je considérerai toujours la communauté claustrale avec une certaine gravité attentive (...). Le monastère est le produit de la formule: égalité, fraternité (Hugo, Misér., t.1, 1862, p.617): . ... il fallait (...) créer, pour que cet idéal [prêché par Jésus] fût réalisable, des mondes fermés, des monastères, où la pauvreté (...) l'obéissance et la chasteté fussent rigoureusement pratiquées.
Renan, Marc-Aurèle, 1881, p.241. B. − P. méton. 1. Ensemble des moines ou des moniales regroupés dans un monastère. Les (...) abbayes étaient défendues, en cas de guerre, par des (...) seigneurs laïques (...). L'abbé et le monastère choisissaient ces défendeurs de leur église et de leurs terres (Lenoir, Archit. monast., 1852, p.86).Cet étonnant couvent d'Unterlinden, près de Colmar, où, au treizième siècle, ce n'était pas une, deux nonnes, c'était le monastère tout entier qui surgissait, éperdu, devant le Christ dans des cris de joie (Huysmans, En route, t.1, 1895, p.108). 2. Bâtiments où réside une communauté de moines ou de moniales et où s'exerce son activité. Ancien, grand, vieux monastère; l'abbé, l'abbesse, le supérieur du monastère; bâtir un monastère; se retirer dans un monastère. Monastères célèbres, (...) cachés au sein des forêts antiques, (...) foyers de la civilisation chrétienne du pays, et qui devaient pendant bien des siècles encore offrir un inviolable sanctuaire à la science, un asile doux et sûr aux âmes avides de repos et de prière, et une hospitalité sans bornes aux nombreux pélerins (Montalembert, Ste Élizabeth, 1836, p.180).Je me suis demandé si je pourrais frissonner pendant vingt années dans un monastère pour l'amour de Dieu (Green, Journal, 1946, p.69). − P. anal. M. Hodgson découvrit dans les monastères du Népal les monuments primitifs du buddhisme [sic] indien (Renan, Avenir sc., 1890, p.134). − P. métaph. La réflexion, le jeu, l'invention, ce sont encore des monastères (Alain, Propos, 1910, p.86). Prononc. et Orth.: [mɔnastε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694; 1694 et 1718: monastere. Étymol. et Hist. 1279 (Ewald, p.231); ca 1350 (Gilles Li Muisis, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t.1, p.145). Empr. au b. lat. mŏnastērium «monastère» (mil. ves.), gr. μ
ο
ν
α
σ
τ
η
́
ρ
ι
ο
ν «résidence solitaire» d'où le terme eccl. «monastère», dér. de μ
ο
ν
α
́
ζ
ω «être seul, vivre seul». Fréq. abs. littér.: 1135. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2431, b) 1619; xxes.: a) 1788, b)808. Bbg. Richard (W.) 1959, p.80. |