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MOLLIR, verbe
I. − Emploi intrans.
A. − Rare. Devenir mou, s'amollir. Sous ses pieds, il sentait mollir le tapis épais de la loge (Zola, Nana, 1880, p.1208).On posait devant eux l'assiette pleine de pain molli dans l'eau où avaient cuit les pommes de terre (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Champs, 1882, p.76):
. ... les murs sont faits avec la terre même de la route, celle de l'oasis entière, une argile rosâtre ou gris tendre, que l'eau rend un peu plus foncée, que le soleil ardent craquelle et qui durcit à la chaleur, mais qui mollit dès la première averse et forme alors un sol plastique où les pieds nus restent inscrits. Gide, Immor., 1902, p.391.
B. − P. anal.
1. [Le suj. désigne une chose] Devenir moins fort, moins violent. Le vent ayant molli, quoique l'horizon fût aussi embrumé, je repris la bordée de terre (Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.231).Le bruit d'ailes mollissait... mollissait... perdu dans les nuages: Didace reposait (Guèvremont, Survenant, 1945, p.81).
2. [Le suj. désigne une pers. ou une partie du corps]
a) Perdre ses forces, s'affaiblir. Une rage le prit, de sentir ses bras mollir dans la souffrance (Zola, Germinal, 1885, p.1485).Elle mollit, chancelle, et renversant la nuque s'affaisse dans l'herbe sous les hauts tilleuls (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p.1186).
b) Faiblir, céder. Alors, Mitouflet, lancez-vous; un tremblement, un tonnerre, ce que vous voudrez! (...). Vos trois cents battoirs en branle, et mettez à l'amende ceux qui molliront (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.264).M. Billot sentit sa troupe mollir, et sans hésiter recourut à la manoeuvre suprême (Clemenceau, Iniquité, 1899, p.179).
II. − Emploi trans.
A. − Rendre mou, amollir. André (...) reprit le rouleau [de papier], le tourna et le retourna, et d'instinct il l'abandonna, voyant qu'il le mollissait (Huysmans, En mén., 1881, p.329).
MARINE
Mollir une ligne (un cordage, une amarre, etc.). Laisser filer, donner du mou afin de diminuer la tension. Roland préparait les lignes tout en surveillant la marche de l'embarcation, qu'il dirigeait d'un geste ou d'un mot: «Jean, mollis» (Maupass., Pierre et Jean, 1888, p.293).À chaque instant par ces froids il se produit à bord (...) des détonations brusques et violentes... par précaution je fais mollir les rides des haubans (Charcot, Expéd. antarct. fr., 1906, p.151).
Mollir la barre. ,,Action de mettre sous le vent la barre d'un navire au plus près, afin d'en ralentir la vitesse et empêcher qu'il ne plonge avec trop de violence dans une lame s'avançant à sa rencontre`` (Soé-Dup. 1906).
B. − Au fig. Tout le monde mollissait nos résolutions. Le matin, au magasin (Michelet, Journal, 1852, p.191).
REM.
Mollissant, -ante, part. prés. en emploi adj.Qui devient mou. Je me disais, en frappant du front, comme un jeune bélier, la brise mollissante: − C'est le printemps. Un nouveau printemps en moi (Sainte-Beuve, Volupté, t.2, 1834, p.172).
Prononc. et Orth.: [mɔli:ʀ], (il) mollit [mɔli]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. 2emoitié xiiies. «rendre mou» (Médicinaire liégeois, éd. J. Haust, 1. 494 et 1088); 2. 1555 «affaiblir, faire céder» (Ronsard, Odes, Livre I, VI, var. vers 97, éd. P. Laumonier, t.1, p.96: molir le courage [cf. déjà 1552, Amours, CXVI, 10, ibid., t.4, p.114: Mollis un peu le roc de ton courage]); 3. a) 1691 mar. «lâcher progressivement (un cordage tendu)» (Ozanam, p.306); b) 1820 id. mollir la barre (Will., p.266). B. Intrans. 1. 1462 «devenir mou» (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, vers 323); 2. 1669 «céder, manquer de fermeté» (Molière, Tartuffe, vers 622, Grands Écrivains de la France, t.4); 3. 1683 «manquer de force, faiblir, fléchir» (Boileau, Lutrin, éd. Ch.-H. Boudhors, V, 198). Dér. de mou1, mol, molle*; dés. -ir. Fréq. abs. littér.: 126.
DÉR.
Mollissement, subst. masc.Action de mollir, résultat de cette action. Il n'avait rien vu, il n'avait pas compris ce mollissement de tout son être (Aragon, Beaux quart., 1936, p.302).[mɔlismɑ ̃]. 1reattest. 1599 (H. Hornkens, Rec. de dict. fr., esp. et lat.); de mollir, suff. -(e)ment2*.