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MOISSONNEUR, -EUSE, subst.
A. − [En parlant de pers.]
1. Subst. masc. et fém. Celui, celle qui moissonne, qui travaille à la moisson. Voici venir les moissonneurs. Leur troupe nombreuse et bruyante S'étend en demi-cercle, et, parmi les clameurs, Les ris, les chants de jeunes filles, Les épis entassés tombent sous les faucilles (Florian, Fables, 1792, p.188).Qu'elle [l'église] était belle, pourtant, les jours d'été, quand les moissonneurs couverts de sueur entraient et faisaient bénir les gerbes de blé (Flaub., Smarh, 1839, p.80):
1. Pour couper le blé à la faux l'homme se tient redressé. Il adapte à son outil déjà forgé depuis la saison du foin, un râteau à trois dents qu'il rive à la lame et lie au manche. Ce râteau déverse le blé à la gauche des faucheurs. Ceux-ci vont comme les moissonneurs à la faucille, par échelons, à peine inclinés sur l'outil. Ils coupent le blé dans le même rythme qu'ils le sèment, d'un geste large du bras droit, en oscillant d'un pied sur l'autre, avec le branle d'une pendule. Le blé se couche, comme renversé par un grand vent. Et tombant il gémit. Pesquidoux, Chez nous, 1921, p.142.
P. métaph. Je suis porté à croire que l'Autriche l'emportera (...) quelque chose qui arrive, rien n'est à glaner pour nous dans ce champ si voisin, où l'Anglais sera le moissonneur, à moins que ce ne soit l'Autrichien (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1851, p.187).
RELIGION
Prêtre, celui qui convertit, mène les âmes à Dieu. On croyait dans ce siècle où tout était prière; Où Louis, au moment de ravir La Vallière, S'arrêtait éperdu devant un crucifix (...) Les pâtres maintenant dorment dans les ravines; Jérusalem est turque; et les moissons divines N'ont plus de moissonneur (Hugo, Rayons et ombres, 1840, p.1045).
Le Moissonneur. Dieu qui juge et sanctionne au dernier jour. Nous l'avons vu [l'homme champêtre] seul à la porte de sa cabane, tandis que le reste de sa famille étoit allé prier le Moissonneur qui séparera le bon grain de l'ivraie (Chateaubr., Fragm. Génie, 1800, p.206):
2. Quand Jésus arriva, Marthe vint la première, Et, tombant à ses pieds, s'écria tout d'abord: «Si nous t'avions eu, Maître, il ne serait pas mort.» Puis reprit en pleurant: «Mais il a rendu l'âme». Tu viens trop tard. «Jésus lui dit: Qu'en sais-tu femme? Le moissonneur est seul maître de la moisson». Hugo, Légende, t.1, 1859, p.100.
2. P. anal.
a) Subst. fém. plur. Fourmis qui entassent des grains dans leurs fourmilières en prévision de l'hiver. (Ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
b) Subst. masc. Synon. vulg. de (corbeau) freux. (Dict. xixeet xxes.).
B. − [En parlant d'instrument agric.] Subst. fém. Machine agricole servant à moissonner, à effectuer le travail de la moisson. Une sorte de ville troglodyte apparaît derrière deux hautes jetées, aux créneaux triangulaires de métal, aiguisés comme une mâchoire de moissonneuse (Butor, Passage Milan, 1954, p.207).
Moissonneuse mécanique:
3. À cause des pentes, de la forme en dos d'âne qui était celle du champ, il était difficile de faire manoeuvrer la moissonneuse mécanique. On moissonnait à la faux. Les épis, pressés les uns contre les autres, formaient à trois pieds de terre une fourrure plus épaisse, plus sensible et mobile que celle d'une bête... R. Bazin, Blé, 1907, p.239.
Prononc. et Orth.: [mwasɔnoe:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Ca 1200 meissonor (Dialogues de St Grégoire, 243, 11 ds T.-L.); 1247 messonneresse (doc. Lille ds Gdf.); 1680 moissonneuse (Rich.). B. 1834 moissonneuse destinée à couper le blé (Description des brevets, 1esérie, t. XXXV, p.315 ds Darm., p.49). Dér. de moissonner*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 217. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 363, b) 301; xxes.: a) 473, b) 165.
COMP. 1. Moissonneuse-batteuse, subst. fém. Machine agricole qui coupe les céréales, sépare le grain, qu'elle bat, de la paille, qu'elle rejette en paquets ou en gerbes. On a eu l'idée de combiner des machines, appelées moissonneuses-batteuses, effectuant à la fois la coupe et le battage [des céréales] (Ballu, Mach. agric., 1933, p.497). Toutes les machines agricoles, de la charrue à la moissonneuse-batteuse (Robert, Artis., 1966, p.116). La moissonneuse-batteuse libère l'homme de la servitude de l'étendue: en accomplissant à la fois les tâches du moissonneur et du batteur, elle transporte en quelque sorte l'aire de battage sur le champ et épargne bien des charrois et des manutentions (Traité sociol., 1968, p.320). V. moissonner ex. 2. [mwasɔnøzbatø:z]. Plur. des moissonneuses-batteuses. 1resattest. 1931 (Lar. 20e), 1933 (Ballu, loc. cit.); de moissonneuse (v. moissonneur, -euse B) et de batteuse*. 2. Moissonneuse-javeleuse, subst. fém. V. javeleur, dér. s.v. javeler. 3. Moissonneuse-lieuse, subst. fém. Machine agricole qui coupe les céréales et les rejette en gerbes liées. L'exposition des machines agricoles (...) attirait beaucoup de ces Parisiens que Paris n'a pas vus naître: plus d'un (...) devant les savantes moissonneuses-lieuses ou les belles machines à irriguer, songeait aux beaux champs de blé murmurants où enfant il s'était caché (Jaurès, Alliances eur., 1914, p.6). Des ficelles grossières, d'une blancheur caractéristique, p.ex. celles qu'on utilise pour les moissonneuses-lieuses (Plantefol, Bot. et biol. végét., t.2, 1931, p.313). [mwasɔnøzljø:z], [-liø:z], [-lijø:z]. Plur. des moissonneuses-lieuses. 1reattest. 1887 (Zola, Terre, p.469); de moissonneuse (v. moissonneur B) et de lieuse*.
BBG.Quem. DDL t.9, 12, 15 (s.v. moissonneuse-lieuse), 18.