| MODÉRATEUR, -TRICE, adj. et subst. A. − Subst. et adj. 1. Substantif a) Vx. Personne qui dirige, qui gouverne. [Laurent le Magnifique] protégea les lettres en homme fait pour y prendre un des premiers rangs si sa naissance ne l'avait appelé à être le modérateur de l'Italie (Stendhal, Hist. peint. Ital., t.2, 1817, p.169).Ô puissant Jupiter, ô souverain des dieux, Modérateur du monde (Augier, Sapho, 1851, p.424).Ils [les Spartiates] devinrent les modérateurs et les chefs de la Grèce (Taine, Philos. art, t.2, 1865, p.189). − Emploi adj. Le souverain modérateur. L'esprit modérateur du monde (Ac.). Rem. ,,Ce terme n'est usité que dans le style soutenu`` (Ac.). b) Personne ou chose qui tempère ce qui est excessif, qui tend à concilier les extrêmes − [Pers.] Être le modérateur d'un parti; jouer le rôle de modérateur. Il lui ordonnera de se porter seulement comme modérateur entre les opinions, et d'empêcher que l'affaire devienne plus grave (Chateaubr., Congrès Vérone, t.2, 1838, p.123).Il était l'arbitre des petites querelles, le modérateur des passions rivales et des emportements féminins (Thierry, Récits mérov., t.2, 1840, p.265): . Si l'on consulte l'histoire de nos états-généraux, on verra que le clergé a toujours rempli ce beau rôle de modérateur. Il calmoit, il adoucissoit les esprits; il prévenoit les résolutions extrêmes.
Chateaubr., Génie, t.2, 1803, p.563. ♦ Emploi adj. Il est le contraire d'un exalté. Même, je l'imagine très bien en élément modérateur parmi ses camarades (Montherl., Demain, 1949, ii, 3, p.726). − [Choses] Synon. frein (au fig.), régulateur.Servir de modérateur. La seule puissance qui puisse servir de modérateur à l'égoïsme individuel est celle du groupe (Durkheim, Divis. trav., 1893, p.401).L'unité de la nation est compatible avec les deux modérateurs de la centralisation: la déconcentration et la décentralisation (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.25). c) RELIG. PROTESTANTE. Président du synode de l'Église luthérienne élu par cette assemblée pour une durée d'un an; président d'une Église protestante. À Montréal, le Rév. Clarke MacDonald a été élu modérateur de l'Église unie du Canada (La Croix, 7 août 1982, p.6, col. 5). 2. Adj. Qui modère. Pouvoir, rôle modérateur; action, force, influence, puissance modératrice. Mon oncle (...) fut stupéfait par l'excès de notre chauvinisme (...); à peine put-il risquer quelques réflexions modératrices, aussitôt rabroué de partout (Gide, Journal, 1934, p.1219). B. − Spécialement 1. Subst. masc. a) MÉCAN. Organe servant à régulariser le fonctionnement d'un mécanisme, notamment son mouvement. Synon. régulateur.Modérateur d'un tourne-broche, d'une horloge, du cylindre d'une machine à vapeur; modérateur de pression. Les freins à lames furent (...) adoptés comme modérateurs du recul [des canons] (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav., 1890, p. 225).Le modèle [d'essoreuse] avec ressorts en U nous paraît peu recommandable à cause du système défectueux de modérateur de tension (Lar. mén.1926). ♦ Lampe à modérateur, lampe(-)modérateur, et p.ell. modérateur (cf. lampe I A 1). V. accessible ex. 22. b) PHYS. et TECHNOL. NUCL. Corps (graphite, eau naturelle, eau lourde, béryllium) capable de ralentir la vitesse des neutrons de fission d'une pile atomique et de réguler une réaction en chaîne. Synon. ralentisseur; anton. accélérateur.Le carbone, sous forme de graphite très pur, peut servir de modérateur pour permettre la réalisation d'une réaction en chaîne dans l'uranium naturel (Goldschmidt, Avent.atom., 1962, p.33). 2. Adj. ou subst.masc., PHYSIOL. (Nerf ou substance) qui a un effet ralentisseur sur un organe ou sur une fonction. Anton. accélérateur, excitant, stimulant.Le nerf pneumogastrique, modérateur du coeur. Dès le XIXesiècle on connaissait les nerfs modérateurs et accélérateurs du coeur (Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.644). 3. Adj. Ticket* modérateur. Prononc. et Orth.: [mɔdeʀatoe:ʀ], fém. [-tʀis]. Ac. 1718, 1740 moderateur; dep.1762 modérateur. Étymol. et Hist. A. 1416 subst. «celui qui administre, gouverne» (J. Guiffrey, Inventaires de Jean, duc de Berry, t.1, p. 72, § 200: Eracle [...] féal empereur et moderateur des Romains). B. 1623 subst. «arbitre, médiateur» (Du Perron, Ambassades et négociations, p.443 ds Fonds Barbier: Arbitre et moderateur). C. 1. 1790 subst. «modéré, en politique» (Révolutions de France et de Brabant, no9, janv. ds Brunot t.9, p.840); 2. 1803 «personne qui cherche à modérer ce qui est excessif» (Chateaubr., loc. cit.); 1830 adj. (Lamart., Corresp., p.49); 3. 1812 mécan. (Mozin-Biber); 4.1879 physiol. (M. Duval, Cours de physiologie, p. 272, 4eéd. ds Quem. DDL t.8: un nerf modérateur du coeur); 5. 1936 ticket modérateur (Cap.); 6. 1953 phys. nucl. (Lar. 20eSuppl.) Empr. au lat. moderator «celui qui dirige, gouverne; celui qui modère; arbitre», dér. de moderari (modérer*). Au sens C 6 cf. angl. moderator (1945 ds NED Suppl.2). Fréq. abs. littér.: 75. Bbg. Quem. DDL t. 11. _ Richard (W.) 1959, pp.143-144. |