| * Dans l'article "MOBILISER,, verbe trans." MOBILISER, verbe trans. A. − DR. CIVIL. Rendre meuble par convention (et en particulier lors d'un contrat de mariage) un bien généralement considéré comme immeuble par la loi. Synon. ameublir; anton. immobiliser. (Dict. xixeet xxes.; absent des dict. techn.). B. − 1. DÉFENSE a) Mettre (une partie ou l'ensemble d'une armée) sur le pied de guerre, affecter (un citoyen) à un poste militaire. Mobiliser les réservistes. Un décret impérial avait mobilisé cent vingt et un bataillons de gardes nationales (Chateaubr., Mém.,t.2, 1848, p.482).Nous savions qu'outre ses 27 corps d'armée actifs, la Russie serait en mesure de mobiliser 28 divisions de réserve (Joffre, Mém.,t.1, 1931, p.133).Les étudiants en médecine sont mobilisés comme infirmiers (Mauriac, Mal Aimés,1945, ii, 3, p.191). − Emploi abs. Décréter la mobilisation générale ou partielle. Le vieux chef kurde (...) atteignit le delta avant que les Francs aient eu le temps de mobiliser (Grousset, Croisades,1939, p.196): 1. ... dès la réception de ces nouvelles, le président du Conseil, les ministres de la Guerre et de la Marine se rendirent à l'Élysée, pour étudier en Conseil «les mesures que la France prendrait si l'Allemagne mobilisait à son tour».
Joffre, op.cit.,p. 214. b) [À propos d'un secteur civil] Mettre au service des autorités militaires. Les métaux sont mobilisés. Cette décision d'importance nationale est prise au moment précis où l'industrie française commence à ressentir cruellement les effets du blocus anglais (L'Œuvre,26 août 1941). 2. P. anal. Requérir de façon insistante quelqu'un ou quelque chose. Deux commissaires du comité d'organisation (...) ont mobilisé un steamer, qui les déposait en dix heures au site désigné (Verne, 500 millions,1879, p.154): 2. Louise était de plus en plus mobilisée par les enfants, et s'épuisait à faire tout ce que lui-même, en d'autres circonstances, eût pu faire dans la maison.
Camus, Exil et Roy.,1957, p.1640. − Au fig. Faire appel à, mettre en oeuvre (des forces physiques ou intellectuelles). L'enfant infériorisé va mobiliser autour de son infériorité toutes les forces susceptibles d'assurer sa sécurité menacée (Mounier, Traité caract.,1946, p.597). 3. Faire appel à, sensibiliser quelqu'un. Mobiliser des adhérents, les syndicats: 3. Air Inter s'est engagée sur la voie d'une politique commerciale plus active qu'elle entend développer cette année dans le but de mobiliser des couches de clientèle nouvelles définies par les études de marketing.
Air et Cosmos,5 juill. 1969, p.37, col. 2. C. − Spécialement 1. FIN., DR. COMM. Provoquer des mouvements (de valeurs ou de biens) afin de se procurer des liquidités ou d'effectuer de nouveaux placements. Les secteurs modernes, en grande partie européens, (...) mobilisent les épargnes locales des secteurs industriels (Perroux, Écon. XXes.,1964, p.254). ♦ Emploi pronom. à valeur passive: 4. Tandis qu'autrefois l'immobilité était l'état presque naturel du capital, que la loi même empêchait qu'il se mobilisât trop aisément, aujourd'hui on peut à peine le suivre à travers toutes ses transformations, tant est grande la rapidité avec laquelle il s'engage dans une entreprise, s'en retire pour se reposer ailleurs où il ne se fixe que pour quelques instants.
Durkheim, Division trav.,1893, p.320. 2. MÉD. Rendre plus mobile (le corps ou une partie du corps) à l'aide de massages ou d'exercices. Lorsque l'on mobilise passivement les divers segments de membres, on constate une amplitude anormale des mouvements de flexion et d'extension (Quillet Méd.1965, p.353). 3. PHYSIOL. [À propos de certains organismes] Transformer, mettre à contribution ou mettre en mouvement (des substances de réserve). ♦ Emploi pronom. à valeur passive: 5. Le sucre du foie se mobilise, et aussi la graisse des dépôts sous-cutanés et les protéines des muscles, des glandes, des cellules hépatiques. Tous les organes sacrifient leur propre substance pour maintenir l'intégrité du milieu intérieur et du coeur.
Carrel, L'Homme,1935, p.274. Prononc. et Orth.: [mɔbilize], (il) mobilise [mɔbili:z]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist.A. 1. 1765 dr. «déclarer meuble» (Encyclop.); 2. 1797 fin. dette publique mobilisée (Loi du 14 déc., titre XII, art. 71 ds Brunot t.9, p.1094, note 6). B. 1. 1834 défense «mettre sur le pied de guerre» (Boiste); 1845-46 part. passé adj. (Besch.); 1880 part. passé subst. (Maupass., Contes et nouv., t.2, Boule de suif, p.114); 2. a) 1879 p.ext. «réquisitionner, utiliser» (Verne, loc. cit.); b)1893 «mettre en oeuvre» (Blondel, Action, p.183: l'écolier [...] mobilise son activité mentale); 3. a) 1898 «faire appel aux membres d'un groupement» (Huysmans, Cathédr., p.376: mobiliser les forces du parti clérical); b) 1900 «requérir l'aide, le concours d'une ou de plusieurs personnes» (Bloy, Journal, p.33). C. 1. 1914 méd. (Valéry, Corresp. [avec Gide], p.439); 2. 1963 chir. (Lar. encyclop.). Dér. de mobile*; suff. -iser*. Fréq. abs. littér.: 172. DÉR. Mobilisable, adj.a) Fin., dr. comm. [En parlant d'une valeur ou d'un bien] Dont on peut disposer afin de se procurer des liquidités ou pour effectuer de nouveaux placements. L'épargne mobilisable pour les placements extérieurs est redevenue très importante dans les deux ou trois dernières années (Univ. écon. et soc.,1960, p.40-4).b) Défense. Apte à être mobilisé. Il existait, en Afrique, assez d'hommes mobilisables pour fournir les effectifs d'une armée de campagne (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p.246).Emploi subst. masc. L'ordre de repli de tous les mobilisables (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p.8).c) Rare. Apte à se mouvoir. Les «lèvres glottiques», incluses dans le larynx mobilisable, peuvent être déplacées avec ce dernier organe dans le sens vertical, sur plusieurs centimètres (Wicart, Chanteur,t.1, 1931, p.206).− [mɔbilizabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1878. − 1resattest. a) 1836 adj. défense (Ac. Suppl.), 1915 subst.(Benjamin, Gaspard, p.220: tous debout les mobiliyabes!), 1929 subst. (Valéry, Variété II, p.29), b) 1924 adj. p.ext. (Du Bos, Journal, p.220); de mobiliser, suff. -able*. − Fréq. abs. littér.: 40. BBG. − Quem. DDL t.22. |