| MIÈVRERIE, subst. fém. A. − Vieilli. Qualité, caractère d'un enfant, d'une personne espiègle. Cet enfant est d'une mièvrerie amusante, fatigante (Ac.1835, 1878). − P. méton. Action, espièglerie effectuée par un enfant, une personne mièvre: 1. Il y a des douceurs et des coquetteries dans les creux ombragés, dans les fourrés de bruyères roses, dans les sentiers tortueux qui laissent voir un morceau de leur ruban, dans l'affleurement d'une petite source qui noircit le sol entre les pierres et tout d'un coup descend avec une pluie d'éclairs; c'est un regard soudain, une mutinerie et une mièvrerie d'enfant, d'un dieu enfantin qui rit en liberté. Toutes ces charmantes âmes osent parler dans le silence.
Taine,Notes Paris,1867, p.253. B. − Caractère, état de ce qui est mièvre, puéril, faible ou affecté. François Coppée (...) à la fois subtil assembleur de rimes et peintre familier de la vie moderne, avec assez d'émotion et de drame pour plaire à la foule, assez de recherche et de mièvrerie pour plaire aux décadents (Lemaitre,Contemp.,1885, p.84).Caravage (...) réagit quelquefois avec vigueur contre la mièvrerie et la fadeur envahissantes (Faure,Hist. art,1914, p.421): 2. L'ensemble [d'un ameublement] était d'une harmonie fondante de tons gris et rose et semblait conçu pour apaiser une imagination de pensionnaire, sans toutefois tomber dans la mièvrerie.
Aymé,Travelingue,1941, p.74. − P. méton., souvent au plur.
Œuvre, action qui contient de la mièvrerie, ce qui est empreint de mièvrerie. Ce n'est pas la peine d'aller à Rome étudier les géants pour accoucher de ces mièvreries (Castagnary,Salons,t.2, 1877, p.289).Ce prince redoutable [le roi des Huns] (...) se complaisant, lui aussi, à quelques mièvreries un peu sucrées, qui n'empêchent point la bataille (Brasillach,Corneille,1938, p.411): 3. ... il lui reprochait (...) d'admirer trop les mièvreries, les délicatesses élégantes, les sentiments exprimés, les nuances bâtardes de la mode, et jamais l'art [peinture], l'art seul, l'art dégagé des idées, des tendances et des préjugés mondains.
Maupass.,Fort comme la mort,1889, p.148. REM. Mièvreté, subst. fém.,synon. vieilli de mièvrerie. (Dict. xixeet xxes. dont Ac. 1835, 1878).L'impassibilité et le poids des monuments romains aggravant la mièvreté de l'homme (Arnoux,Renc. Wagner,1927, p.120). Prononc. et Orth.: [mjεvʀ
ə
ʀi]. Ac. 1718: mievrerie; 1740: miévrerie; dep. 1762: mièvrerie. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1480 miverie «bagatelle» (Le Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 47997); b) 1718 mièvrerie «tour malicieux» (Ac.); 2. 1839-45 mièvrerie fém. sing. «recherche d'une grâce affectée» (Balzac, Béatrix, 132). Dér. de mièvre*; suff. -erie*; cf. ca 1461 mieureté «tour malicieux, espièglerie» (Chastellain, Déprécation pour messire Pierre de Brezé ds
Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t.7, p.40). Fréq. abs. littér.: 43. Bbg. Duch. Beauté 1960, pp.172-173. |