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MIMER, verbe trans.
A. − Dans le domaine théâtral.Imiter par des gestes, des attitudes, des jeux de physionomie, à l'exclusion de la parole. Martinetti (...) serait heureux de jouer dans une pantomime comme La fille Élisa, où il aurait à mimer les amours et la mort d'un troubade (Goncourt, Journal, 1894, p.673):
1. ... Hylas représentait Agamemnon comme un grand homme. Hylas, pour le représenter ainsi, élève la main au-dessus de sa tête. Pilade (...) s'écrie: Tu le fais long, mais pas grand. L'assistance demande alors à Pilade de mimer Agamemnon selon sa conception et celui-ci mime un homme qui est plongé dans une méditation profonde. L'élève mimait extérieurement, Pilade mimait intérieurement. J.-L. Barraultds Cah de la Compagnie M.Renaud-J.L.Barrault,juin 1962, Le Théâtre de France en U.R.S.S., p.33.
Fréq. au part. passé. Action, farce, légende mimée; récit mimé. Jadis, dans les ballets, il y avait des «récitatifs» − les scènes mimées, les «pantomimes» − et les «airs» (Lifar, Traité chorégr., 1952, p.137).Son système est très clair: un geste mimé représente un geste fait dans la vie quotidienne, sans paroles (...) ou avec paroles (Mounin, Introd. à la sémiologie, Paris, Éd. de Minuit, 1970, p.173).
Langage mimé. V. mimodrame ex. de Colette.
B. −
1. Mimer (les manières, les attitudes de) qqn.Imiter. Daudet (...) a mimé, avec du comique à mourir de rire, les ataxiques qu'il rencontre à Lamalou, gens pour la plupart faisant le mouvement contraire de celui qu'ils veulent (Goncourt, Journal, 1887, p.671).Certains névropathes (...) vont jusqu'à mimer complètement leurs personnages, comme celui-là qui, en état somnambulique, devenait tour à tour une vieille femme, un évêque, et un vieux troupier fatigué (Mounier, Traité caract., 1946, p.490).
2. Mimer qqc.
a) [Le suj. désigne une pers.; le compl. désigne des actes, des gestes] Reproduire, de façon purement imitative, des gestes, des mouvements correspondant à un événement, à une situation ou des gestes fortement socialisés. Mimer un baiser, une danse. Estelle (...) n'avait pas encore cessé un seul instant de parler, accompagnant ses paroles de gestes, se levant et se rasseyant pour mimer une scène, lorsqu'elle craignait de ne pas la faire bien saisir autrement (Reider, MlleVallantin, 1862, p.64).Odette, sans être intelligente, avait le charme du naturel. Elle avait raconté, elle avait mimé cette scène avec tant de simplicité que Swann, haletant, voyait tout (Proust, Swann, 1913, p.366):
2. On copie les toilettes, les us, l'accent, mais non pas la personne elle-même (...). On peut plagier les manières sans avoir jamais la manière. Qui prétend (...) éprouver la joie en mimant les gestes, celui-là n'est qu'un misérable paillasse... à moins que, comme les mimes, il ne finisse à force de gesticuler par éprouver les sentiments de ces gestes. Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.154.
[Le suj. désigne un animal] L'animal blessé souffre, et ne se borne pas à mimer tout ce qu'il faut pour nous faire penser qu'il souffre (Valéry, Variété V, 1944, p.243).
b) [Le suj. désigne une pers., le compl. un affect] Exprimer par les jeux de physionomie, par les gestes, le comportement, un sentiment, sans en être le siège. Mimer l'inquiétude, le désespoir, la rage, la tristesse. Elles ne sont pas heureuses; elles font semblant; elles miment le bonheur (Suarès, Voy. Condottière, t.1, 1910, p.115).N'importe qui sait proférer des paroles menteuses; les mensonges du corps exigent une autre science. Mimer le désir, la joie, la fatigue bienheureuse, cela n'est pas donné à tous (Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p.195):
3. L'homme est simple (...). Il nous demande la liberté de ne pas vivre, mais de mimer des sentiments. Cela lui suffit. Votre mari est ambitieux et dur: il mime la vertu. Mon mari est jaloux comme un tigre, il mime la confiance. Cela leur suffit. Giraudoux, Lucrèce, 1944, I, 8, p.70.
[P. méton.] Il n'y a pour se graver en nous que la femme que nous n'avons pas eue. Un désir insatisfait mime l'amour; il n'est pas l'amour (Montherl., Pte Inf. Castille, 1929, p.612).Ses yeux mimaient le désespoir, l'horreur, la mort et l'amour (Aymé, Rue sans nom, 1930, p.155).
3. [Le suj. désigne une pers.; le compl. désigne une production orale] Accompagner de gestes expressifs. Le père (...) fait des couplets comiques pour les cafés-concerts. La maman les chante et les mime en fricassant des cèpes à l'huile et de la bouillabaisse (A. Daudet, N. Roumestan, 1881, p.141).Les deux amies se regardèrent, mimèrent un imperceptible: «Chut!» (L. de Vilmorin, Hist. d'aimer, 1954, p.69):
4. Après dîner, le vieux Giraud, de l'Institut, se met à réciter et à mimer, avec des grimaces paillardes de macaque auquel Candaule montrerait sa femme, un conte de Voltaire, Ce qui plaît aux femmes. De mémoire, il le défile d'un bout à l'autre, pieusement, révérencieusement, avec contrition et componction. Goncourt, Journal, 1864, p.107.
Prononc. et Orth.: [mime], (il) mime [mim]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1840 (Ac. Compl. 1842: Mimer. Représenter par des gestes. Il ne se dit guere qu'en parlant des sourds-muets ou des acteurs de pantomime). Dér. de mime*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 233. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 28, b) 220; xxes.: a) 331, b)645.