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MIJOTER, verbe
A. − Emploi trans.
1. Cuire (un plat) avec soin et lentement en maintenant la cuisson à la limite de l'ébullition, à tout petit feu. Mijoter du boeuf à la mode (Ac.1798-1935).
Au part. passé. Plat mijoté, sauce mijotée. «La daube», morceau de boeuf mijoté dans une sauce au vin blanc (Pesquidoux, Chez nous,1923, p.19).Soupe au gruyère, mijotée, écumeuse, filante, et caramélisée d'oignon, qui était la spécialité de l'endroit (Martin du G., Thib.,Consult., 1928, p.1128).
P. métaph. J'ai souffert à lire ces vingt ou trente pages que l'on sent trop mijotées, trop bien recuites (Duhamel, Maîtres,1937, p.135).
P. ext. Préparer minutieusement, avec amour. Mijoter de bons petits plats. Vous rentrerez tôt chez elle pour qu'elle vous mijote un dîner (Butor, Modif.,1957, p.70).
2. Au fig. et fam. Préparer lentement, de longue main; entreprendre avec patience, de manière imperceptible, cachée. Mijoter une affaire, un complot. Il va mijoter ça. Le premier jalon est posé (Montherl., Célibataires,1934, p.778).Il s'éloigna en souriant de son grand sourire rond et Henri s'accouda au parapet du quai: − Je me demande ce qu'il mijote! dit-il (Beauvoir, Mandarins,1954, p.300):
1. Depuis longtemps il [Lahrier] mijotait en soi, à l'intention du père Soupe, le plan d'une blague gigantesque, et devant l'occasion qui se présentait de la placer, tout s'effaça... Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 2etabl., 2, p.68.
Emploi pronom. Tu crois ça, toi? Alors tu t'figures que les huiles, ça s'dérange pour la peau?... T'en fais pas, y a qué'qu'chose qui s'mijote en douce (Genevoix, Seuil guitounes,1918, p.135).
3. Vx et fam. Traiter de manière caressante. Synon. mignoter.Mijoter un enfant (Ac.1798-1878).Crétin [surnom que se donne Liszt] se trouve incommodé après dîner pour avoir mangé des radis. On lui fait faire du thé et on le mijote (Liszt, Corresp.,1836, p.144).
Emploi pronom. réfl. Il aime à se mijoter (Ac.1798-1878).
B. − Emploi intrans. [Le suj. désigne un plat] Cuire doucement, à petit feu. La soupe se composait, suivant la mode du feu curé, du bouillon le plus substantiel que jamais cuisinière ait fait mijoter et réduire (Balzac, Méd. campagne,1833, p.63).La bonne soupe de Lisbeth, qui mijotait de quatre heures du matin à neuf heures (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t.2, 1870, p.211):
2. Le couvercle flotte assez pour permettre à la vapeur de s'échapper, puisque la daube doit mijoter et non bouillir, s'applique assez pour la forcer à se réduire, à se fondre en elle-même. Pesquidoux, Chez nous,1923, p.116.
P. anal. Elle mijotait dans une bonne chaleur, son corsage collé à son dos (Zola, Assommoir,1877, p.706).
Au fig. Laisser mijoter qqn dans son jus. En attendant, il est fort à craindre que le seigneur ne nous laisse mijoter dans notre jus et n'intervienne que lorsque nous serons tout à fait cuits (Huysmans, Oblat, t.2, 1903, p.244).
Au fig. et fam. Il était un peu à part, un peu renfermé. Marianne disait: «On ne sait pas toujours ce qui mijote dans sa tête» (Ramuz, A. Pache,1911, p.29).
REM.
Mijoterie, subst. fém.,vx et rare. Manière caressante. Synon. Mignardise.Le père n'aimait pas beaucoup toutes ces mijoteries, et Sylvinet fut obligé d'aller au lit tout de suite après souper, sans rien dire (Sand, Pte Fad.,1849, p.93).
Prononc. et Orth.: [miʒ ɔte], (il) mijote: [miʒ ɔt]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. 1742 «cuire doucement et lentement» (F. Marin, Suite des Dons de Comus, III, p.23 ds Mél. Gamillscheg, 1968, p.30); 2. 1847 fig. «se préparer lentement (d'une vengeance)» (Balzac, Cous. Bette, p.368). B. Trans. 1. 1742 migeoter «faire cuire ou bouillir lentement, à petit feu» (Menon, La Cuisinière bourgeoise, p.42); 2. 1798 mijoter un enfant (Ac.); 3. 1808 fig. mijoter une affaire (Hautel t.2). Mot dial. de l'Ouest, signifiant à l'orig. «faire mûrir» (1583, faire migeotter (les pommes) «(les) faire mûrir sur la paille». Ch. Estienne et J. Liébault, L'agriculture et maison rustique, p.232b ds FEW t.16, p.586a), sens qui s'est maintenu dans les parlers de cette région (v. FEW loc. cit.). Mijoter est une var. (Basse-Normandie, Bas-Maine et Anjou, v. FEW loc. cit.) de migoter (Haute-Normandie), dér. de l'anc. subst. migoe «lieu où l'on conserve les fruits» (ca 1350, Roques t.1, IV, 6554), migeot «id.» (Maine, Anjou), qui est lui-même une var. de musjoe, musgot «id.» (d'où magot1*), prob. issu d'un germ. *musgauda dont le premier élém. mus peut être rapproché du flam. muize «souris», cf. muizegote «cachette pour les pommes, etc.», mais dont le second élém. reste d'orig. obsc.; gote ne convient pas, le gallo-roman qui présente -j- en fr. et -g- en norm., demandant nécessairement la voyelle -au, voir FEW t.16, pp.587b-588a. Fréq. abs. littér.: 96.
DÉR. 1.
Mijotage, subst. masc.,mod. Action de mijoter; résultat de cette action. Mijotage d'un ragoût. On y sentait [dans ces pièces] le mijotage d'un repas récent (Céline, Voyage,1932, p.273). [miʒ ɔta:ʒ]. 1reattest. 1926 (Lar. mén., p.470); de mijoter, suff. -age*.
2.
Mijotement, subst. masc.Synon. de mijotage.Science de la cuisine qui lui fait dire aussitôt ce qui manque à un plat; ou l'absence d'un certain assaisonnement particulier ou la quantité de minutes qui ont manqué à son mijotement (Goncourt, Journal,1876, p.1149).Laissez sur un feu très doux pour obtenir un mijotement imperceptible pendant trois heures (Gdes heures cuis. fr.,J. Gouffé,1877, p.184). [miʒ ɔt(ə)mɑ ̃]. 1reattest. 1876 (Goncourt, loc. cit.); de mijoter, suff. -(e)ment1*.
3.
Mijoteuse, subst. fém.,mod. Mijoteuse électrique. Appareil de cuisson électrique servant à faire mijoter les plats. Le Français d'aujourd'hui aime la viande (...) mais il la connaît moins bien qu'autrefois. Résultat: les mijoteuses et autres cocottes minute sont souvent mal utilisées... et les budgets alimentation, difficiles à maîtriser (Femmes d'aujourd'hui,8-14 sept. 1981, no36, p.64). [miʒ ɔtø:z]. 1reattest. 1925 (B. officiel de la propriété industr., 23 janv., p.309); de mijoter, suff. -euse*.
BBG.Quem. DDL t.1 (s.v. mijoterie); 5, 18.