| MIGRAINE, subst. fém. Fort mal de tête affectant généralement une moitié du crâne, dans les régions temporale et orbitaire, souvent accompagné de divers malaises (nausées, troubles de la vue, de la parole, de l'équilibre) mais disparaissant sans séquelles; p.exagér. mal de tête. Forte, violente migraine. Oh! docteur, j'ai une migraine, mais une migraine! dit-elle avec des mines charmantes. Ça me tient là, dans le sourcil gauche (Zola, Conquête Plassans, 1874, p.1055).Une migraine, ce n'est pas une maladie, c'est un symptôme (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p.1226):−. Madame a la migraine... Il paraît que cela lui arrive régulièrement tous les trois mois. Durant deux jours, elle reste enfermée, rideaux tirés, sans lumière, dans sa chambre où seule Marianne a le droit de pénétrer...
Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.325. SYNT. Migraine affreuse, atroce, horrible; commencement de migraine; se plaindre de migraine; prétexter une migraine; être pris de migraine; avoir un peu de migraine. ♦ Migraine ophtalmique. Migraine précédée ou accompagnée de troubles visuels. Il est malade, en proie à des troubles nerveux qui lui apportent une hésitation dans la trouvaille des mots: un cas, dit-on, de migraine ophtalmique (Goncourt, Journal, 1887, p.721). − Au fig., fam. Donner la migraine à qqn. L'ennuyer, l'agacer fortement. Je n'aime pas les mendigots qui font des mines et du boniment, ça me donne la migraine, ça me fatigue (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.84). REM. Migrainé, -ée, adj.[En parlant d'un attribut de la pers.] Qui est marqué par la migraine. Des yeux d'un bleu angélique à la cernure migrainée (Goncourt, Journal, 1892, p.282). Prononc. et Orth.: [migʀ
εn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin du xiies. «dépit» (Brut de Munich, 1350 ds T.-L.); 1690 fig. donner la migraine (Fur.); 2. a) 1240-80 fievre migraigne (Gautier Le Leu, 248, 353 ds T.-L.); b) fin du xives. migrayne «douleur qui n'affecte qu'une partie de la tête» (Eustache Deschamps,
Œuvres, VIII, 134, 11, ibid.). Issu par aphérèse du b. lat. méd. hemicrania «mal de tête», empr. au gr. η
̔
μ
ι
κ
ρ
α
ν
ι
́
α «douleur dans une moitié de la tête, migraine» (de η
̔
μ
ι- «à demi» et de κ
ρ
α
ν
ι
́
ο
ν «crâne»). Fréq. abs. littér.: 470. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 328, b) 1151; xxes.: a) 1060, b) 463. DÉR. Migrainer, verbe trans.Donner la migraine (à quelqu'un). Le possesseur [d'un logis] revient le soir (...) migrainé par les odeurs et les senteurs de grandes dames qu'il a habillées toute la journée (Goncourt, Journal, 1882, p.190).Le visiteur ahuri des musées se laisse étourdir et migrainer par de vagues couleurs (Proust, Guermantes 2, 1921, p.111).− [migʀ
εne]. − 1reattest. 1882 (Goncourt, loc. cit.); de migraine, dés. -er. BBG. − Mack. t.2 1939, p.184. |