| MIELLEUX, -EUSE, adj. A. − Vieilli ou littér. 1. Qui contient du miel. Ta voix, lui dit-il, est douce à mon oreille Comme le doux cytise à la mielleuse abeille (Chénier,Bucoliques,1794, p.303).Et de l'urne embaumée L'esclave, à larges flots, versait les vins mielleux (Bouilhet,Melaenis,1857, p.47): 1. De gracieux oiseaux, les nectariens, habitués des champs de phormium, volaient par bandes nombreuses et se délectaient du suc mielleux des fleurs.
Verne,Enf. cap. Grant,t.3, 1868, p.118. 2. Qui est rempli de l'odeur du miel; qui a les caractères de saveur, de douceur, d'odeur, de couleur du miel ou les rappelle. Sous la feuillée mielleuse des tilleuls, de magnifiques papillons nacrés se poursuivaient deux à deux (Theuriet,Mar. Gérard,1875, p.27).Sur le seringa mielleux une fauvette-à-tête-noire dit des choses (Jammes,Clairières,1906, p.56): 2. La chaleur attendrit l'eau dormante et l'air bleu,
L'été vert, tout feuillu, tout fleuri, tout mielleux,
Crépite sur le bord des routes soleilleuses...
Noailles,Coeur innombr.,1901, p.167. B. − Au fig. [En parlant d'une pers.] Qui est doucereux; qui montre, qui affecte une douceur hypocrite. Cette figure mielleuse, régulière et un peu fausse, ne lui convint pas (Balzac,Annette,t.1, 1824, p.108).MmeRoosevelt, qui feint hypocritement de défendre les droits de l'homme dans ses mielleuses déclarations (L'Humanité,19 janv. 1952, p.3, col. 5): 3. Il n'est jamais plus amusant que quand il s'est imposé la loi d'être mielleux dans ses discours, doucereux même dans ses manières, et que, tout à coup, se sentant vivement ému par quelque chose qui le choque, il parle avec véhémence, et lâche quelque trait bien mordant, ou quelque parole bien inconvenante.
Delécluze,Journal,1827, p.424. Prononc. et Orth.: [mjεlø], [mje-], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1275-80 «qui a le goût du miel» (Rose, éd. F. Lecoy, 5954); fin xiiies. fig. (Dits de l'âme, 19i ds T.-L.); 2. av. 1590 «qui a une douceur affectée» (Du Bartas, La Semaine, II ds Gdf. Compl.). Dér. de miel*; suff. -eux*; cf. b. lat. mellosus «de miel» (dér. de mel «miel»). Fréq. abs. littér.: 96. DÉR. Mielleusement, adv.De manière mielleuse. a) [Correspond à supra A] L'air chargé de pollens, de senteurs, m'étourdit tout d'abord comme une boisson capiteuse, il me sembla que, depuis l'an passé, je n'avais plus respiré, ou respiré que des poussières, tant pénétrait mielleusement en moi l'atmosphère (Gide,Immor.,1902, p.440).b) [Correspond à supra B] Bouche qui sourit assez mielleusement (Constant,Journaux,1804, p.145).Voix mielleusement susurrante (Flaub.,Tentation,1849, p.214).− [mjεløzmɑ
̃], [mje-]. Att. ds Ac. dep. 1878. − 1reattest. 1552 «avec une douceur de miel» (Ronsard, Amours, LXXXIII, 3 ds
Œuvres, éd. P.Laumonier, t.4, p.84) − 1660 (Oudin Fr.-Esp.), à nouv. fin du xviiies. 1777-83 (Linguet, Annales, VI, 32 ds Gohin, p.316); de mielleux, suff. -ment2*. BBG. − Gohin 1903, p.316, 345. |