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MEUBLER, verbe trans.
I. − Qqn meuble qqc.
A. − Garnir de meubles.
1. Qqn meuble qqc.1(de, avec qqc.2).[Il] (...) s'installa avec Quenu, rue Royer-Collard, (...) dans une grande chambre qu'il meubla de deux lits de fer, d'une armoire, d'une table et de quatre chaises (Zola, Ventre Paris, 1873, p.641).
P. anal. Garnir (de quelque chose). Il meublait sa bibliothèque de tous les livres ayant trait au Brésil (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.348).
En partic., vieilli. Décorer. Il meublait ses châteaux avec des draps et des tapis d'Arras plus beaux que tous ceux qu'on avait vus jusqu'alors (Barante, Hist. ducs Bourg., t.1, 1821-24, p.354).
2. Qqn1meuble qqc.1(à qqn2).Il s'était meublé un logement convenable, et avait un atelier sérieux (Murger, Scènes vie boh., 1851, p.302).Nous n'achèterons rien, nous louerons. Au lieu de te meubler une maison, tu descendras à l'hôtel Meurice (Ponson du Terr., Rocambole, t.3, 1859, p.315).
3. Au fig.
a) Enrichir quelque chose d'éléments nouveaux. Souvenir dont il faut meubler sa pensée et sa vie (Hugo, Corresp., 1843, p.605).Je vieillis, et ma préoccupation désormais doit être de meubler ma mémoire des objets qui la rempliront durant toute l'éternité (Renan, Drames philos., Caliban, 1878, iv, 4, p.420):
1. ... Ricordi sut raconter la chose en l'exagérant, en la meublant, en la mimant à la napolitaine, en la colorant de termes du cru pour en faire une comédie improvisée... Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.124.
Emploi pronom. passif. En attendant les lumières de plusieurs naturalistes, mes véritables guides, et dont je n'étais que le disciple suranné, ma tête se meublait, mon imagination s'exaltait, et j'en rapportais toujours quelques empreintes pittoresques ou quelques résultats (Dusaulx, Voy. Barège, t.1, 1796, p.91).
Emploi pronom. réfl. indir. Il faut qu'il se meuble la tête de faits vrais (Stendhal, Corresp., 1806, p.237).
b) P. anal. Remplir (de quelque chose). Il meuble insensiblement tous les coins de notre idée sans y laisser de vide (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t.11, 1854, p.8).Elle bavardait pour le plaisir d'abord, pour meubler le silence ensuite (Queneau, Pierrot, 1942, p.93).
B. − [P. méton. de l'obj.] Qqn1meuble qqn2.Acheter, installer des meubles pour quelqu'un. Le plus pauvre commissionnaire était certes moins mal meublé dans son grenier, que ne l'était le père Goriot chez Madame Vauquer (Balzac, Goriot, 1835, p.149).
Emploi pronom. réfl.:
2. ... il y a eu au début du xviiesiècle une mode européenne. Pour le courtisan (...) il n'y a qu'une manière de se meubler au goût du jour: c'est de réunir dans sa demeure des meubles de provenances des plus diverses. Viaux, Meuble Fr., 1962, p.63.
II. − Qqc.2meuble qqc.3(de qqc.).[Le compl. en de désigne une partie du référent du suj.]
A. − Servir de pièce d'ameublement. Un des grands fauteuils en tapisserie qui meublaient le pavillon (Karr, Sous tilleuls, 1832, p.202).
P. ext. Garnir. La cuisinière de fonte qui meublait de sa masse chaude et respirante un côté de cette pièce (Barbusse, Feu, 1916, p.81).Elle fermait cette bouche entr'ouverte que meublaient trois longues dents couleur de rouille (Pourrat, Gaspard, 1925, p.270).
B. − Au fig.
1. [Le compl. désigne une faculté intellectuelle ou le siège de la pensée] Enrichir, occuper, remplir. Cependant, ou je me trompe fort, ou vous ne voyez pas encore la liaison de tout cela avec toutes les idées qui meublent vos têtes, avec toutes les pensées qui occupent vos esprits (Destutt de Tr., Idéol. 1,1801, p.80).Mon extase fit éclore en moi des songes inénarrables qui meublèrent mon imagination (Balzac, Lys, 1836, p.12).
2. Remplir. Accidents qui n'arrivent que pour meubler la scène (Goncourt, Journal, 1861, p.896).Le rythme gagna de proche en proche dans la colonne maintenant silencieuse et que le bruit de nos pas meublait à lui seul d'une suffisante pensée (Abellio, Pacifiques, 1946, p.37).
Emploi pronom. passif. Le silence se meublait parfois d'un bruit assourdi, extravagant dans ce ciel sinistre: celui des milliers de sabots qui continuait à monter du Prado (Malraux, Espoir, 1937, p.763).
REM.
Meublable, adj.Facile à meubler. Cette maison sera très habitable au mois de janvier 1848 et surtout très meublable (Balzac, Lettres Étr., t.3, 1845, p.152).
Prononc. et Orth.: [moeble], (il) meuble [moebl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1350 réfl. «s'enrichir, se doter, se pourvoir de» (Gilles Li Muisis, I, 191 ds T.-L.), rare; b) 1580 trans., fig. (Montaigne, Essais, I, XXV, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p.135: le soing et la despence de nos peres ne vise qu'à nous meubler la teste de science); 2. a) 1549 «garnir de meubles» (Est.); b) 1812 p. ext. (Jouy, Hermite, t.2, p.14: ...gens qui meublent [...] mon antichambre); 1833 (Balzac, Méd. camp., p.128: des pans de verdure [...] meublaient [...] un large chemin); c) 1839 «combler un vide affectif, une période creuse» meubler la solitude (Id., Corresp., p.438); 3. 1835 emploi abs. (Ac.: cette étoffe meuble bien). Dér. de meuble1* subst., dés. -er. Fréq. abs. littér.: 265. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 408, b) 452; xxes.: a) 339, b) 336.