| METTRE, verbe 1reSection. Emploi trans. [Le suj. désigne l'agent ou la cause] Agir de façon à établir ou modifier (la localisation, la disposition, l'état, la fonction, la situation de quelque chose ou de quelqu'un). I. − Faire passer en un lieu, un endroit, en une place. Synon. placer, ficher3(fam.), foutre1(vulg.). A. − 1. Mettre qqc./qqn + compl. prép. a) [Avec la prép. à]
α) [Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] Il vous fait mettre au jour pour mieux voir l'enfant, qui ouvre et referme ses globes d'yeux de petit chat (Goncourt, Journal, 1860, p.831). ♦ Au fig. Mari terrible, maître détestable, jaloux, capricieux, inquiet sans relâche (...), quelle grandeur lui restait-il, à lui qui voulait tout mettre à ses pieds? (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.333). SYNT. Mettre qqc. ou qqn à l'eau, à la mer, à l'ombre, à terre; mettre qqc. ou qqn à la droite de, à la gauche de, à l'avant de, à l'arrière de; mettre qqc. ou qqn à tel endroit, à telle place. − Loc. Mettre chaque chose, chacun à sa place*; mettre une chose, une personne à la place* d'une autre; mettre qqc. ou qqn aux mains de qqn (v. main).
β) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Et les deux messieurs, ayant mis serviette au col, comme les vachers, commencèrent de dîner (Montherl., Célibataires, 1934, p.741).V. gracieux I A 2 ex. de Erckmann-Chatrian. SYNT. Mettre qqc. au panier, au pilon, à la poubelle; mettre qqc. au four, au réfrigérateur; mettre de l'argent à la banque, un bagage à la consigne, un poulet à la broche, la poule au pot, un sac au dos, un tableau au mur; mettre la corde au cou d'un condamné. − Loc. Mettre qqc. au clou*; mettre l'eau à la bouche*; mettre l'épée, les armes à la main*; mettre le marché à la main*. − ÉLECTR. Mettre un fil à la masse*, à la terre*.
γ) [Le compl. dir. désigne un animé] On me mettait à mon poste. Je posais mon fusil désarmé à côté de moi, et je rêvais (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p.242).Annouchka, après m'avoir déshabillée et mise au lit, s'en allait dans la cuisine, et je restais seule, enserrée par les pièces obscures de la maison (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.275). SYNT. Mettre un élève au coin, au piquet; mettre un enfant au collège, à l'école; mettre une fille au couvent; mettre qqn à l'asile, à Charenton; mettre qqn au bagne, à la Bastille, au cachot, à l'ombre, au violon (pop.); mettre qqn au lit, à l'hôpital, au tombeau; mettre qqn à terre. − Loc. Mettre un animal, une personne au bout de son fusil. Prendre un animal, une personne pour cible. (Dict. xixeet xxes.). Mettre qqn à la lanterne*. Au fig. Mettre la puce* à l'oreille; mettre qqn le dos* au mur; mettre qqn au pied du mur*; mettre qqn aux champs (v. champ). ♦ Vieilli ou région. Mettre qqn à lieu de faire qqc. Placer quelqu'un en situation de faire quelque chose. Votre père doit sentir l'importance d'une position qui peut vous mettre à lieu de réparer le mal que la Révolution a fait à votre fortune (Chateaubr., Corresp., t.1, 1803, p.99). Rem. V. aussi infra I A 1 c.
δ) [Le compl. dir. désigne une partie du corps, en partic. dans des loc.] Mettre genou à terre; mettre la main au cul, au panier (vulg.). Les enfants devaient (...) se garder de chercher au-delà, et surtout de mettre l'œil aux fenêtres et au trou des serrures (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p.70). − Loc. Mettre pied à terre. Au fig. En mettre la main* au feu; mettre la main* à la plume; mettre la main au collet*; mettre le pied à l'étrier*.
ε) [Sans compl. d'obj. dir.] Loc., MAR. Mettre à la cape (v. cape2); mettre à terre*. b) [Avec la prép. dans]
α) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Il supposait que sa nièce, sans autre domicile actuel que le château de la vieille cousine, mettrait tout cela dans quelque local en attendant qu'elle se fût mariée (Montherl., Célibataires, 1934, p.782). ♦ Au part. passé. Pourquoi le pantalon mis dans les bottes a-t-il un rapport fatal avec le débordement de l'esprit? Quelle peut être l'influence du cuir sur le cerveau? Problème (Flaub., Corresp., 1872, p.426). SYNT. Mettre un billet dans son portefeuille; mettre la clé dans la serrure, de l'eau dans une carafe, un gâteau dans le four, son linge dans une armoire, un livre dans sa serviette, ses lunettes dans leur étui, son mouchoir dans la poche, des papiers dans un coffre, dans un tiroir, du vin dans un fût; mettre du coton dans ses oreilles. − Loc. fig. Mettre des bâtons dans les roues (v. bâton); mettre les petits plats dans les grands (v. plat2); mettre tous ses oeufs dans le même panier (v. oeuf); mettre l'épée* dans les reins; mettre du plomb* dans la tête de qqn; mettre qqc. dans la tête* de qqn.
β) [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre un oiseau dans une cage; mettre un malade dans son lit; mettre qqn dans une belle chambre. Ainsi je porte et pousse le temps, espérant vous voir, désirant vous embrasser et vous mettant dans tous mes songes, quand ils valent la peine d'y mettre mes amis (Chateaubr., Corresp., t.1, 1804, p.200).On le remporte dans une couverture à la maison. Là, il est mis dans une pension à Lagny (Goncourt, Journal, 1864, p.61). − Loc. Mettre qqn dans ses meubles (v. meuble). Au fig. Mettre qqn dans de beaux draps (v. drap); mettre qqn dans la gueule* du loup; mettre qqn dans sa poche*; mettre qqn dans son lit*; mettre tout le monde dans le même sac*.
γ) [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre ses mains dans les poches. Je mis ma tête dans mes deux mains, et je pleurai de ce que j'avais été jusque-là si mauvais (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p.179).Ce qu'il faut, c'est marcher posément, comme un homme posé, en regardant où on marche, pour ne pas mettre le pied dans une bouse de vache (Aymé, Jument, 1933, p.97).P. exagér. Fichtre! déclara Zacharie, quand il eut mis le nez dans son bol, en voilà un qui ne nous cassera pas la tête! (Zola,Germinal,1885, p.1150). − Loc. fig. Mettre le doigt, la main dans l'engrenage*; mettre son nez* dans les affaires des autres; mettre les pieds dans le plat (v. plat2).; mettre à qqn le nez* dans son caca, dans son/ses ordure(s). c) [Avec la prép. en]
α) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre du blé en sac, du vin en bouteille; mettre des données en mémoire; mettre qqc. en main(s). L'avoine et le blé furent coupés et mis en grange sous un ciel clair, sans éclat (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p.109).P. métaph. Telle était sa destinée, son entraînement, sa cadence, de mettre l'univers en bouteille, de l'enfermer par un bouchon et puis tout raconter aux foules... (Céline, Mort à crédit, 1936, p.405). − Loc. Organ. du travail.Mettre en mains. Distribuer le travail par lots, par tranches, au premier poste de travail d'une série (d'apr. Rama 1973). Au fig. Mettre le marché en main(s)*; mettre une idée* en tête à qqn.
β) [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre un condamné en prison; mettre les enfants en bout de table. Les Bretons mirent en mer plus de douze cents hommes, sous les ordres du sire de Penhouet (Barante, Hist. ducs Bourg., t.2, 1821-24, p.323).Dans le cas où la famille n'habitait pas avec le défunt, elle se présentait à l'heure indiquée, qui était celle du départ pour le cimetière, le corps ayant été lavé et mis en bière (Camus, Peste, 1947, p.1358).Tartaglia, son seul émule, mis en terre voici tantôt vingt années (Arnoux, Seigneur, 1955, p.66). − Loc. Mettre qqn en lieu de faire qqc. (région.). Synon. de mettre qqn à lieu de faire qqc. (supra I A 1 a γ).Il s'arrêtait après avoir parlé de ses fils qu'il mettrait tous en lieu de vivre sur le vieux bien, sur sa concession des Frênes, sur son beau plan de terre du pied des monts (F.-A. Savard, Menaud Maître-Draveur, 1964, p.96 ds Richesses Québec 1982, p.1564).Au fig., fam. Mettre qqn en boîte*.
γ) [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre genou* en terre. d) [Avec la prép. sous]
α) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre une lettre sous enveloppe; mettre qqc. sous pli cacheté. Loc. proverbiale. Mettre un grain de sel sous la queue d'un oiseau. Que peuvent contre un tel homme policiers ou gendarmes? Autant lutter de malice avec un lièvre hors du gîte, autant mettre un grain de sel sous la queue d'un martin-pêcheur!(Bernanos, M. Ouine, 1943, p.1429). − Loc. Mettre la clé* sous la porte; mettre qqc. sous clé*; mettre un ouvrage sous presse*; mettre qqc. sous le nez*, sous les yeux de qqn (v.
œil).
β) [Le compl. dir. désigne un animé] Viens d'abord te mettre sous les armes. Comme on dit: tu feras l'épreuve de tes charmes(Augier, Philiberte, 1853, p.179).
γ) [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre sa tête sous le couperet. Au fig.: 1. ... tout triomphe, quelque petit, quelque momentané qu'il soit, intéresse toujours une femme, et (...) ne pouvant y prétendre par elle-même, elle aime à s'associer à ceux des hommes et à mettre sa tête sous la même couronne, qu'elle soit en or ou en gazon...
Karr, Sous tilleuls, 1832, p.273. − Loc. fam. Mettre les pieds sous la table (v. pied). e) [Avec la prép. sur]
α) [Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre une casserole sur le feu, la clé sur la porte, une nappe sur la table, une pendule sur la cheminée; mettre des objets les uns sur les autres; mettre qqc. sur un socle. [Les marchands] prennent le beurre avec les mains et le mettent sur une feuille (Delacroix, Journal, 1832, p.128).Mettre un disque sur le tourne-disque, sur le plateau, p. ell. mettre un disque. [P. méton.] Je m'empare de ce disque, je mets sur un autre plateau le rythme fort paisible d'une brave péniche (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, 28).Mettre du + nom propre.Après, pour varier, je lui mets du Georges Milton: Dis, c'est toi qui t'appelles Émilienne, puis Pour promener Toto, j'ai une auto de Georgius (San Antonio, Pleins feux sur le tutu, Paris, Fleuve Noir, 1984, p.90). − Loc. Mettre les scellés (sur des biens) (v. scellé). Au fig. Mettre les clefs sur la fosse de qqn (v. clé); mettre cartes sur table (v. carte); mettre du coeur sur le carreau*; mettre le grappin* sur qqn; mettre qqc. sur le métier*, sur le tapis*; mettre une affaire sur les bras* de qqn; mettre le couteau, le poignard sur la gorge*; mettre une faute sur le dos* de qqn. − P. anal. Mettre un nom sur un visage. Identifier, après l'avoir vue, une personne dont on connaît le nom. Tout Paris varié (...) se trouvait là avec un nom à mettre sur chacune de ces figures (A. Daudet, Nabab, 1877, p.18).La même difficulté que j'éprouvais à mettre le nom qu'il fallait sur les visages semblait partagée par toutes les personnes qui apercevaient le mien (Blanche, Modèles, 1928, p.130).
β) [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre un enfant sur sa chaise, un patient sur la table d'opération; mettre un perroquet sur son perchoir. Au fig. Le bon Dieu vous récompensera de votre peine, dit-il. C'est lui qui vous a mis sur mon chemin, en un moment où le courage m'abandonnait (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p.169).V. cul ex. 11. − Loc. fig. Mettre qqn sur la paille*; mettre qqn sur le pavé*; mettre qqn sur un piédestal*.
γ) [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre les coudes sur la table. Les soldats mirent la main sur l'épaule de don Pierre pour le faire marcher (Gobineau, Pléiades, 1874, p.222).En mettant le pied sur le quai (...) j'entendis sonner midi (Maupass., Sur l'eau, 1888, p.323).Au fig. Il faut tout vous dire! Il faut vous mettre le nez sur les choses pour que vous les compreniez (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p.162). − Loc. Mettre un doigt sur ses lèvres (v. lèvre); mettre la main* sur qqc., sur qqn. Au fig. Mettre le doigt* sur qqc. f) [Avec d'autres prép. ou loc. prép.]
α) [Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] Tiens, bois... dit le père en mettant devant son fils une bouteille de vin (Balzac, Illus. perdues, 1843, p.630). ♦ Au fig. Mise devant l'évidence, par les paroles de Marguerite, par sa pitié plus encore que par l'avertissement de la nature, il n'y avait plus de place en elle pour des regrets ou de la honte (Roy, Bonheur occas., 1945, p.329): 2. Le Sacre et ce Dix-huit Brumaire radieux,
Beau jour (...)
Où le dieu Mars mis par la Chambre hors la Loi
Mit la Loi hors la Chambre
Verlaine,
Œuvres compl., t.1, Jadis, Paris, Messein, 1884, p.340. SYNT. Mettre qqc. ou qqn par terre; mettre une personne, une chose avec, contre, derrière, devant qqc. ou qqn; mettre une chose, une personne entre, parmi d'autres choses, d'autres personnes; mettre une chose, une personne à côté de, au-dessous de, au-dessus de, auprès de, en face de, face à, hors (de), loin de, (tout) près de, vis-à-vis de qqc. ou qqn; mettre une chose, une personne au milieu d'autres choses, d'autres personnes; mettre des personnes, des choses autour de qqc. ou qqn. − Loc. fig. Mettre qqc. ou qqn entre les mains de qqn (v. main); mettre la charrue devant/avant les boeufs (v. boeuf); mettre qqn devant le fait* accompli.
β) [Le compl. dir. désigne une partie du corps.] Mettre les mains devant les yeux; mettre ses mains derrière le dos. Le mieux est d'aller dormir. (...) je ne peux plus mettre un pied devant l'autre... la nuit porte conseil (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p.228). − Loc. Mettre le(s) pied(s) chez qqn; ne plus mettre les pieds chez qqn. V. pied. 2. Mettre qqc./qqn + adv., loc. adv., pron. adv., pron. a) [Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] − Brusquement. − Je mets ce citron là! Il le dépose sur la table (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, i, 8, p.14).Non, pas de bouteille: où veux-tu que je les mette? Je ne peux pas porter ça à la main (Giono, Colline, 1929, p.152). SYNT. Mettre qqc. ou qqn ailleurs, dedans, dehors, dessous, dessus, ici, là; mettre qqc. alentour, en bas, en haut, là-bas, là-dessous, là-dessus, là-haut; mettre des choses bout à bout; mettre qqc. quelque part; ne pas savoir où mettre qqc./qqn. − Loc. Un temps à ne pas mettre un chien dehors. Au fig., pop. Mettre qqn dedans*; en mettre plein la vue*. b) [Le compl. dir. désigne une partie du corps, en partic. dans des loc.] Mettre le doigt, le nez dessus; mettre le nez*, le pied* dehors. Ce dessin de Forain, un larbin assis sur l'oreiller du lit de sa maîtresse: − Je mets mon derrière où elle met sa figure (Barrès,Cahiers,t.14, 1922, p.62).Elles nous en veulent: elles ne mettent plus les pieds ici. Je suis privée de mes petits-enfants (Mauriac,Noeud vip.,1932, p.40).Ces messieurs qui viennent à bord des navires sans rien connaître à la mer, donnent des ordres au nom de la compagnie et mettent leur nez partout (Peisson,Parti Liverpool,1932, p.22).Le rapport doit encore se trouver dans le bureau de mon secrétaire, mais je serais incapable de mettre la main dessus (Simenon,Vac. Maigret,1948, p.32). − Loc. fig. Ne plus savoir où mettre la tête*. B. − En partic. 1. Disposer, poser (à l'endroit approprié). a) Disposer (les éléments d'un service de table) en vue, au cours d'un repas.
α) Mettre qqc. + compl. prép. ou adv. de lieu.Mettre une cafetière, une carafe, une nappe, une soupière, des tasses, des verres sur la table. Le couvert était mis dehors, sous le porche de la cuisine (Martin du G.,Thib.,Épil., 1940, p.843).
β) [Sans compl. second.] Synon. de dresser. − Mettre le couvert. Le couvert était mis, trois bols sur la nappe blanche (Zola,Germinal,1885, p.1195).Paul met le couvert; Gabriel boit, à cheval sur une chaise, le corps tassé, l'air abruti (Dabit,Hôtel Nord,1929, p.151). − [P. méton. du compl. dir.] Mettre la table. La table était mise chez les Thiriet dans la grande cuisine du rez-de-chaussée: une grande table comme pour une noce (Moselly,Terres lorr.,1907, p.290).Laisse Juliette tranquille! Va mettre la table: comme un grand garçon que tu es, vite... va... (Triolet,Prem. accroc,1945, p.71). ♦ Au part. passé. Elle la lisait [la lettre d'Henriette Briss] devant la table mise, les deux couverts en face l'un de l'autre (A. Daudet,Évangéliste,1883, p.144). b)
α) Disposer (un vêtement, un accessoire vestimentaire, un ornement, etc.) sur (le corps de) quelqu'un. Mettre une brassière, un maillot, un pyjama à un enfant; mettre une alliance, une bague au doigt de qqn; mettre une couronne, un diadème au/sur le front de qqn; mettre un collier à qqn; mettre une armure, une cuirasse à qqn. Félicie Nanteuil (...) donnait le pied à (...) l'habilleuse, qui lui mettait de petits souliers noirs à talons rouges (A. France,Hist. comique,1903, p.1).V. bonnet ex. 9, gant ex. 2. − P. anal. Mettre des menottes à qqn; mettre des chaînes à un prisonnier, des entraves à un animal. Ils deviendront fous très-rapidement, et on leur mettra la camisole de force pour aller à l'Institut les jours de séance (Murger,Scènes vie boh.,1851, p.181).V. chenapan ex. de Martin du Gard. − [Sans compl. indir.] Disposer (ses propres vêtements, un accessoire vestimentaire, un ornement, etc.) sur son corps. Liliane avait mis son chapeau, pris son châle et son ombrelle (Gobineau,Pléiades,1874, p.122).Mon Dieu, puisque tu vas voir des amis, j'aurais pu mettre un autre mantelet. J'ai l'air un peu malheureux avec cela (Proust,Guermantes 1,1920, p.309).Les chevaux sont prêts. Debout! Allez mettre un autre costume (Claudel,Soulier,1944, 1repart., 2ejournée, 3, p.1009). SYNT. Mettre un/son blouson, une/sa chemise, un/son gilet, des/ses habits, un/son paletot, une/sa veste, des/ses vêtements; mettre une/sa casquette; mettre des/ses gants; mettre des/ses bas, des/ses bottes, des/ses chaussettes, des/ses chaussures, des/ses souliers; mettre des/ses bretelles, une/sa ceinture, une/sa cravate; mettre des/ses boucles d'oreilles, des/ses boutons de manchettes, un/son bracelet, un/son collier. − P. anal. Mettre son dentier; mettre un casque, des gants de boxe, un masque, une perruque. Il prit le papier officiel, mit ses lunettes, toussa (...) et lut (Balzac,Gobseck,1830, p.403). − En partic. Porter habituellement. Son idéal serait un homme qui se ferait tous les jours la barbe, ne mettrait que des chapeaux à la campagne et jamais une casquette, un parfait patron d'un journal de modes (Goncourt,Journal,1860, p.762). − [Le compl. dir. désigne une pers.] Mettre qqn en + subst.Mettre qqn en civil, en tenue, en uniforme. Loc. fig. Mettre qqn en brassière*.
β) Appliquer (un produit de beauté, d'hygiène, de soin) sur le corps, une partie du corps de qqn, sur soi. Mettre du fard à un acteur, un comédien; mettre du fond de teint, de la poudre; mettre du déodorant, du parfum; mettre une crème; mettre de la pommade; mettre un cataplasme, un emplâtre, un pansement, un suppositoire. Infra ex. 22: 3. Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni;
Entonne, orgue enroué, des te deum splendides;
Vieillard prématuré, mets du fard sur tes rides;
Couvre-toi de tapis mordorés, mur jauni;...
Verlaine,Poèmes saturn.,1866, p.81. 2. Placer en lançant. Synon. envoyer. a) [Le compl. dir. désigne un projectile] Mettre le ballon dans le but, dans la cage, au fond des filets; mettre une balle dans la cible; mettre une balle dans la tête de qqn. M. réussit à mettre le ballon dans les filets (L'Auto-vélo,31 déc. 1900ds Petiot 1982, s.v. filet). − Loc. Fam. Mettre un but (à l'adversaire). Synon. de marquer.Mettre 12 buts à 4 [à l'équipe adverse] (Esn.1960).Pop. Mettre + indication de score, d'avance au score (dans la vue) à l'adversaire. Dominer (l'adversaire) de (tel score, telle avance). Mettre trente essais dans la vue à l'équipe adverse (Esn.1960, s.v. vue). − [Sans compl. dir.] Celui qui met le plus souvent dans sa casquette est proclamé roi de la chasse, et rentre le soir en triomphateur à Tarascon, la casquette criblée au bout du fusil (A. Daudet,Tartarin de T.,1872, p.7).Mettre en corner. V. charge I B 2 b ex. de Montherlant.Loc. fam. Mettre dans le mille. V. mille1. b) [Le compl. dir. désigne un coup] Pop. Mettre des coups, une gifle, des gnons à qqn. [Si mon père, à ma libération] me voyait radiner avec c'te boudin? (...) J'aurais que l'temps d'baisser mon froc pour qu'y m'mette sa godasse! (Fombeure,Soldat,1935, p.162). ♦ En mettre (à qqn). Et coups de poing de trotter sur les gueules, et je t'en mets, rends-m'en z'y, que c'était comme une bénédiction (Stéphane,Ceux du trimard,1928, p.65). ♦ Au fig. Synon. (fam.) de passer.Elle tapa quelques lignes de l'article. «Peut-on concevoir brutes plus sinistres que les officiers supérieurs qui condamnèrent Dreyfus?» Qu'est-ce qu'il leur met, pensa-t-elle égayée (Sartre,Sursis,1945, p.51). − Loc. Mettre la/sa main sur (le coin de) la gueule* de qqn (pop.); mettre son pied au cul*/dans le cul* de qqn (pop.). Au fig. Mettre qqn aux cent coups (v. coup); en mettre un coup*. 3. [Le compl. dir. désigne une distance, une durée] a) Mettre une distance, une durée entre soi et qqc./qqn. S'éloigner de. En quatre heures, ils mirent une quinzaine de lieues entr'eux et Valence, et se trouvèrent dans la campagne à l'abri de toute poursuite (Balzac,Annette,t.4, 1824, p.113). b) Fam. (notamment dans le vocab. des sports). Mettre + indication de distance, de temps (dans la vue) à qqn. Prendre sur quelqu'un une avance de. Il me met 3 secondes par tour (Trintignant,Pilotes de courses,1957ds Petiot 1982). 4. a) Conduire quelque part, dans un lieu précis. Mettre un cheval à l'écurie; mettre les vaches au pré, dans un parc; mettre qqn dans tel lieu, dans le train; mettre sa voiture au garage; mettre un véhicule à la fourrière. C'était une jeune femme qui lui ressemblait (...). Un homme, jeune aussi, vint la rejoindre. Ce devait être un voyage de noces, la mère les accompagnait, venait les mettre au wagon (A. Daudet,Fromont jeune,1874, p.228).− Où sommes-nous? dit-elle. − Nous devons être loin de tout (...). Où voulez-vous que je vous mette? Elle demanda qu'il la mît à une station (A. France,Anneau améth.,1899, p.365).Mathieu (...) attendait qu'elle donnât une adresse, pour la transmettre au cocher (...). Puis, comme elle lui demandait s'il voulait qu'elle le mît quelque part, il dit qu'il se rendait chez les Séguin (Zola,Fécondité,1899, p.535). b) Diriger, orienter. Au fig. Mettre qqn sur un sujet. Faire parler quelqu'un d'un sujet. [P. méton.] Je mis la conversation sur les voleurs de grand chemin (Mérimée,Carmen,1845, p.9). − Loc. Mettre qqn dans le bon, le droit chemin*; mettre qqn sur la (bonne) piste*; mettre qqn sur la voie*. c) Porter quelque chose quelque part, à un endroit précis. Mettre une lettre, un paquet à la poste; mettre un mot à qqn. V. lettre ex. 8. 5. Consacrer, affecter à une certaine fin. a) [Le compl. dir. désigne ou spécifie une durée] Mettre qqc. à/pour + inf.Mettre des jours, des semaines, des mois à faire qqc.; mettre un bon quart d'heure, un temps appréciable pour faire qqc.; mettre longtemps à faire qqc.; mettre des siècles à se faire, à se défaire. Le divin Léonard mit quatre ans à faire ce portrait [la Joconde], qu'il ne pouvait se décider à quitter, et qu'il ne considéra jamais comme fini (Gautier,Guide Louvre,1872, p.27).Quarante-deux mille francs en billets de banque. Ils mirent deux bonnes heures pour additionner tout cela (Zola,Ventre Paris,1873, p.650): 4. C'est une manoeuvre, ça! Ils n'ont pas mis deux minutes à mouiller le canot. Et c'est vrai que le plus beau et le plus difficile c'est de larguer toutes les amarres d'une même longueur et en même temps, le plus vite possible, en douceur cependant, de façon à bien prendre l'eau.
Mille,Barnavaux,1908, p.89. ♦ [En tournure impers.] L'eau pousse... les étangs supérieurs donnent si fort que ça mettra du temps à passer (Genevoix,Raboliot,1925, p.8). − Loc., fam. Y mettre le temps*, tout le temps*, p. ell. mettre le temps*. b) [Le compl. dir. désigne ou spécifie une somme d'argent] Mettre qqc. à + subst.Mettre une somme à un achat; mettre une somme à la loterie, au jeu. Combien de pères chez nous pourraient mettre cinq mille francs par an à l'éducation de leur fils? (Taine,Notes Anglet.,1872, p.151).Elle avait mis une grosse somme sur un cheval qui courait ce jour-là aux courses de Chantilly (A. France,Lys rouge,1894, p.332).Chichinette: Je voudrais faire dire une messe. Le Bedeau: Rien de plus simple (...) Combien voulez-vous mettre? Chichinette: Je ne sais pas au juste... j'irais bien jusqu'à vingt-cinq francs (Courteline,
Œuvres compl.,t.8, Une Messe, Paris, Libr. de France, 1931, p.254). ♦ [Sans compl. d'obj. dir.] Loc. Mettre au chapeau (vieilli). Payer son écot. Vidocq était l'ordonnateur du festin, pour lequel on s'était cotisé. Seul il n'avait pas mis au chapeau, mais il acquittait sa part d'abord en supériorité (...) en indications gastronomiques (...) en anecdotes ([L'Héritier], Suppl. Mém. Vidocq,t.1,1830, p.xlv).Mettre à la masse*. − Loc. Y mettre le prix*; p. ell. mettre le prix*. Au fig., pop. Mettre le paquet*. Y mettre du + pron. poss.Payer; payer de sa personne; apporter sa contribution à quelque chose. Lui, sans débourser de fait, y met beaucoup du sien (Courier,Pamphlets pol.,Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.73).Tel quel, dans son débraillé, ce journal avait une originalité une saveur particulière (...) que je ne pouvais que (...) banaliser en «y mettant du mien» (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p.11).Au fig. Faire des concessions. Il me semble inutile de discuter tant que vous n'avez pas parlé à Perron, dit Samazelle; je suis convaincu qu'il y mettra du sien (Beauvoir,Mandarins,1954, p.210). − En partic. Placer (de l'argent) dans telle ou telle opération. Mettre une somme, son argent en actions, en rentes, dans l'immobilier, dans l'industrie; mettre (de l'argent) à la grosse aventure*. Si je te disais de mettre cent mille francs dans mon affaire, tu refuserais? (Zola,Germinal,1885, p.1202). − Vieilli. Mettre (de l'argent) dehors. Investir de l'argent dans (une affaire). En Italie, un manufacturier élève un bâtiment, achète des ustensiles, met dehors un capital considérable (Stendhal,Rome, Naples et Flor.,t.2, 1817, p.220). c) Au fig. [Le compl. dir. désigne les dispositions mentales, psychiques ou morales de qqn]
α) Apporter (telle disposition, telle qualité) à la réalisation de quelque chose. − [Avec la prép. à + subst. ou inf.] Mettre de l'adresse, du coeur, tout son coeur, de l'énergie, de l'entêtement, son honneur, son point d'honneur, du plaisir, de l'orgueil, du soin, de la bonne volonté, de la mauvaise volonté, du zèle à (faire) qqc. Il a des rhumatismes. Mais il met sa coquetterie à ce qu'on ne s'en aperçoive point (Lemaitre,Contemp.,1885, p.210).Davis avait mis tout son soin à meubler sa cabine (Peisson,Parti Liverpool,1932, p.29): 5. Quel dommage que dès le commencement, on n'ait pu s'entendre! Car si les royalistes avaient pensé comme les patriotes, si la cour y avait mis plus de franchise, et les adversaires moins de violence, bien des malheurs ne seraient pas arrivés!
Flaub.,Bouvard,t.1, 1880, p.121. − [Avec la prép. dans + subst.] Mettre toute son âme, des/ses forces, son honneur, sa passion, son orgueil dans qqc. Il savait trop que ce mot n'aurait jamais de sens pour (...) ce coeur qui mettrait toute son énergie combative dans une passion qui broierait tous les obstacles afin de satisfaire cette passion (Vogüé,Morts,1899, p.386).
β) Placer (telle disposition de l'âme) dans/en quelque chose ou quelqu'un. Mettre ses espérances, de grands espoirs, sa foi en qqc. ou qqn; mettre sa gloire, son orgueil, sa vanité dans/en qqc. ou qqn. On a soin D'évoquer chaque jour la voix, les yeux, le geste De l'être en qui l'on met son bonheur (Verlaine,
Œuvres compl.,t.1, Bonne chans., 1870, p.120).− J'ai mis ma confiance en Notre-Seigneur. − Et en vos calculs..., et dans les oracles des relations extérieures! (Adam,Enf. Aust.,1902, p.121).Des organisations ouvrières, dans lesquelles il mettait d'autant plus d'espoir qu'il n'en mettait aucun dans ceux qui depuis plusieurs siècles gouvernaient son pays (Malraux,Espoir,1937, p.465). 6. a) Mettre qqc. à/dans/sur qqc.Ajouter une chose à une autre pour la compléter, la parfaire, la faire passer dans un état utile, l'adapter à une fonction: 6. Dieu! Dieu! Dieu! Le rocher où la lame déferle
Compte sur lui; c'est lui qui règne; il fait la perle
Et l'étoile pour les sondeurs;
L'azur le voile; il met, pour que le tigre y dorme,
De la mousse dans l'antre; il parle, voix énorme,
À l'ombre dans les profondeurs.
Hugo,Légende,t.5, 1877, p.893. SYNT. Mettre un couvercle à une marmite, un manche à un balai, une rallonge à une table; mettre un bouton, une pièce à un vêtement; mettre un galon à une robe; mettre des rideaux aux fenêtres; mettre une sourdine à une trompette, à un violon; mettre un fer, un harnais à un cheval; mettre son sceau à qqc.; mettre du beurre, du sel dans le potage; mettre du bois, une bûche dans la cheminée, dans le feu; mettre de l'essence dans le réservoir d'une automobile; mettre du beurre sur un toast; mettre une nappe sur la table; mettre un timbre sur une enveloppe. ♦ Loc. Mettre baïonnette au canon; mettre un bémol* (à qqc.); mettre un bouchon* (sur la bouche de qqn) (fam.); mettre un cachet* sur la bouche de qqn; mettre un cadenas* à la bouche de qqn; mettre son grain* de sel (dans la conversation) (fam.); mettre du foin dans ses bottes (v. botte2). Au fig. mettre de l'huile* sur le feu; mettre du beurre* dans les épinards (v. épinard) (fam.); mettre de l'eau* dans son vin (fam.); mettre tout son poids* dans la balance. Pop. En mettre (+ adv. d'intensité). En faire trop. Synon. en rajouter, en remettre.En mettre tant et plus. Il est certain que, pour ce qui concerne au moins la première partie de chacun de ces poèmes [Les Contemplations] −car, étant romantique, il [Hugo] en met beaucoup trop − la douleur paternelle lui a arraché des cris comme elle en arrache rarement à l'âme humaine (L. Daudet,Ét. et mil. littér., 1927, p.181).Travailler beaucoup. Ils aiment et admirent ce patron pas comme les autres et qui «en met» autant que tous ses collaborateurs réunis (L. Daudet,Maurras, 1928, p.107).Fam. Mettre au bout. ,,Compléter une somme d'argent`` (Carabelli, [Lang. pop.], s.d.). ♦ Rare. [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre des chevaux à une voiture. [P. ell. du compl. indir.] Lamiel! qu'on mette les chevaux et qu'on aille chercher au village la petite Lamiel (Stendhal,Lamiel, 1842, p.63). − P. anal. et au fig. Mettre de la grâce dans ses gestes; mettre de l'esprit dans une conversation, de la gaieté dans une réunion. La pluie qui redoublait mettait sous la nef un frisson d'orgue (Zola,Faute Abbé Mouret, 1875, p.1474).Bien qu'un rien plus haut qu'un mètre, Le mignon drôle sait mettre Dans ses yeux l'éclair d'acier (Verlaine,
Œuvres compl., t.2, Parall., 1889, p.189).Une voix intérieure me dit que j'ai eu grand tort de ne pas demeurer à mettre du baume dans l'âme de Juliette (Miomandre,Écrit sur eau, 1908, p.74).V. bouche ex. 63. ♦ Loc. Mettre l'accent* sur qqc.; y mettre des façons (v.façon). [Sans compl. indir.] Mettre les/des formes (v. forme). Mettre la dernière main à qqc., mettre le dernier trait à qqc. Faire les ultimes ajouts, apporter les ultimes retouches à une oeuvre pour l'achever. L'attitude officielle du parti révolutionnaire (...) met le dernier trait au tableau (Clemenceau,Vers réparation, 1899, p.74). b) En partic. Synon. de installer.
α) Mettre l'eau, le gaz, l'électricité, le téléphone, le tout-à-l'égout (dans une maison, un appartement). (Dict. xxes.).
β) Vx. Mettre garnison quelque part. S'y installer, y installer une armée. L'Autriche (...) avait voulu, dès 1814, mettre garnison dans nos places frontières de la Catalogne (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.203). − Loc. Mettre le siège* devant une ville. 7. a) Noter, inscrire.
α) [Le compl. dir. désigne un symb., un signe graph., un élément ling.] Mettre une croix dans la marge; mettre un accent à une voyelle; mettre un mot, un paragraphe en italique; mettre un mot, une phrase entre guillemets, entre parenthèses. Le gros négociant veut tuer le petit. Il prétend seul mettre «Champagne» sur son étiquette (Hamp,Champagne, 1909, p.125). ♦ Loc. Mettre le point final* à (un ouvrage). Au fig. Mettre plusieurs choses en accolade*; mettre les points sur les i*; mettre (qqc.) entre parenthèses (v. parenthèse). − [Sans compl. prép.] Mettre un point, un tréma, une virgule. Mais enfin tu découpes à travers la prose, et tu mets les rimes (Vallès,Réfract., 1865, p.137).Tu appelles ça la suite?... Tu es bien bon de mettre une cédille! (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, i, 2, p.7). ♦ Au part. passé. Mis pour.Noté, écrit à la place de. Est-ce que Je viens dans son temple adorer l'éternel mis pour Je viens adorer l'éternel dans son temple ne forme pas une phrase «indéchirable», au triple point de vue grammatical, rythmique et sémantique? (Gourmont,Esthét. lang. fr., 1899, p.231). ♦ [P. méton. du compl. dir.] Elle pratiquait cette opinion ancienne qu'une femme en sait assez long, quand elle met l'orthographe (Zola,Rêve, 1888, p.21).
β) [Le compl. dir. désigne la nature ou le contenu de ce qui est noté] Mettre un nom sur son agenda, sur une liste; mettre qqn sur une liste; mettre sa signature sur un chèque; mettre une somme sur un compte, au compte de qqn; mettre une cause au rôle (dr.); mettez cela sur vos tablettes (v. tablette). Je composai deux volumes. J'y mis un titre qui en déterminait le caractère un peu trop printanier (Fromentin,Dominique, 1863, p.246).Le commandant Doyré fut même obligé, pour arrêter la révolte, de mettre à l'ordre du jour que Mayence était la première barrière de la République contre l'Europe (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.2, 1870, p.108). ♦ Loc. Mettre une fille en carte*; mettre un tissu en carte* (tiss.); mettre qqc., qqn en fiches (v. fiche); mettre un livre, un auteur à l'index*; mettre qqn dans ses litanies (v. litanie). Au fig. Mettre qqc. au compte* de qqn; mettre qqc. en ligne de compte*. − [Sans compl. prép.] Ce factum achevé, Champavert l'enveloppa, mit l'adresse: à Jean-Louis, laboureur, à la chapelle en Vaudragon, et le cacheta (Borel,Champavert, 1833, p.230).
γ) Mettre qqc. par écrit, en écrit (rare). Votre Grâce n'est plus douteuse, il ne s'agit que de mettre par écrit ce que vous venez de me dire, d'implorer la bonté du roi (Sénac de Meilhan,Émigré, 1797, p.1590).Les Anglais se plaignirent beaucoup de ce que les paroles mises en écrit par les conseillers français étaient trop subtiles (Barante,Hist. ducs Bourg., t.2, 1821-24, p.104): 7. Il demandera probablement trois ou quatre jours pour te mettre cela au net. Viens me voir sitôt qu'il t'aura donné une réponse. Et fais-toi mettre la réponse par écrit, sans quoi, ce que tu me diras et rien...
Montherl.,Célibataires, 1934, p.779. b)
α) Introduire quelque chose dans un texte, une oeuvre. Malgré un certain degré de vérité que M. de Chateaubriand a mis dans cette partie de son livre, il faut dire qu'il n'y [a] encore peint que des sentiments tout factices (Delécluze,Journal, 1827, p.476). − Mettre qqc. à la scène. Introduire, faire figurer dans une oeuvre théâtrale. Molière qui ne craignait pas de mettre à la scène les travers de son temps, raille aussi la trompette marine dans son Bourgeois gentilhomme (Grillet,Ancêtres violon, t.1, 1901, p.174). − Mettre un personnage en scène (dans une oeuvre, une pièce). Faire figurer un personnage (dans une oeuvre, une pièce). Le poète met en scène le campagnard montant la pente abrupte (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p.571).Au part. passé. Daudet m'en dit de belles sur N..., le précepteur de Zézé, dont il a été voir l'oncle, mis en scène dans son roman (Goncourt,Journal, 1888, p.828). Rem. V. aussi infra III B 1 a mettre (une oeuvre) en scène. ♦ P. anal., dans le domaine des Beaux-Arts.Représenter un, des personnage(s) en le(s) disposant d'une certaine manière dans une oeuvre plastique, dans un tableau (d'apr. Adeline, Lex. termes art, 1884).
β) Placer ou reproduire (un texte) dans un recueil, dans une publication. Mettre un poème dans une anthologie; mettre une citation en épigraphe. Tous les journaux, même le Times, ont mis mon allocution (Hugo,Corresp., 1865, p.484).Lui qui a mis en exergue des citations savantes et introduit dans son exposé des passages entiers d'auteurs et de voyageurs absolument étrangers à l'original (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.15). ♦ [Avec un sens factitif] Non, je ne m'explique pas ce qui m'a fait faire cela, mettre cette annonce, moi, élevée comme je l'ai été, et cela m'étonne aujourd'hui pareillement comme cela vous étonne, vous, d'avoir regardé ces offres de mariage dans le journal (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p.1342). − Loc. fig. Mettre qqc. en exergue*. 8. a) Établir, provoquer.
α) Mettre qqc. + compl. prép. de lieu ou adv.Mettre le désordre, la perturbation quelque part. Mettre l'ordre avant tout dans mes papiers, dans les affaires et dans le diocèse (Dupanloup,Journal, 1861, p.226).Non, cela seul pour moi importait: mettre de l'ordre dans ma confusion intérieure, voir clair (Mauriac,Journal 2, 1937, p.166).Tant que la conscience née de la séparation n'eut pas mis la confusion dans nos rapports avec l'univers, le monde des formes comme celui des idées constituaient une seule et même parole (Béguin,Âme romant., 1939, p.114). − Mettre le feu* (quelque part/à qqc.). [P. méton. du compl. dir.] Ce fut l'étincelle fatale qui met l'incendie aux poudres (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.253). − [Le compl. prép. désigne un attribut de la pers., en partic. dans des loc.] Mettre le feu aux joues; mettre les larmes aux yeux. Cette ruse de femme, recevoir avec froideur une nouvelle qui lui met la joie au coeur! (Borel,Champavert, 1833, p.46).Des pas de femme qui crièrent tout à coup sur le sable du jardin lui mirent la mort dans l'âme (Ponson du Terr.,Rocambole, t.3, 1859, p.286).C'est les mauvaises paroles du curé qui nous ont mis le feu au ventre (Bernanos,M. Ouine, 1943, p.1483).Mettre le feu au cul*; mettre le feu* sous le ventre de qqn.
β) [Sans compl. prép. de lieu] − Loc. Mettre une/des borne(s)* à qqc.; mettre un frein* à qqc.; mettre le holà* à qqc.; mettre un terme* à qqc.; mettre l'embargo* sur qqc. ♦ Mettre une/des condition(s) à qqc.; mettre pour condition que + inf. Exiger que certaines conditions soient remplies en vue de quelque chose (v. poser). Écoute bien, berger: deux ans, dix ans, vingt ans chez moi, si tu veux (...) je n'y mets qu'une condition, c'est que tu obéisses (R. Bazin,Blé, 1907, p.46).Les deux enfants mirent pour condition que leur missive serait cachetée et portée par deux messagers qui les remettraient au pape en mains propres (Barrès,Cahiers, t.7, 1908, p.86): 8. Elle continua de la sorte simplement, librement, sans aucune ambiguïté de langage, parlant du passé, réglant en quelque sorte les intérêts de notre amitié future, non pour y mettre des conditions, mais pour me convaincre que les liens en seraient plus étroits...
Fromentin,Dominique, 1863, p.115. ♦ Mettre le comble à qqc. Faire parvenir au plus haut degré. Mettre le comble à la confusion; mettre le comble aux maux de qqn. Madame la baronne mettrait le comble à ses bontés (...) en daignant venir se reposer un instant chez moi (Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p.49).Ce qui mit le comble au scandale, ce fut que (...) MmeGeorgette Lebrun figurait au programme (Mauriac,Noeud vip., 1932, p.116). − [Dans des loc. avec un compl. dir. sans art.] Mettre fin* à qqc.; mettre obstacle* à qqc.; mettre (bon) ordre* à qqc. b) En partic. Établir. Mettre le contact. V. contact A 2 b a ex. de Guéhenno.Mettre les gaz*, (toute) la gomme* (pop.). Mettre pleins gaz. Donner la plus grande vitesse possible à un véhicule à moteur. Vous croyez qu'ils avaient mis pleins gaz, quand ils nous cavalaient après? (Malraux,Espoir, 1937, p.523). 9. Emplois pop. [Sans compl. prép. de lieu] a) Mettre les pouces. V. pouce. b) Mettre les adjas (v. adja), les bouts (v. bout), les voiles (v. voile2); les mettre. S'en aller. − Bonsoir, mon vieux, qu'i' m'dit. On les met. − Quoi, vous partez par un temps pareil, les copains? (Barbusse,Feu, 1916, p.117).Il faut que je les mette; j'ai rendez-vous à cinq heures avec mon dentiste (Sartre,Mur, 1939, p.167). c) Vulgaire
α) Le mettre à qqn. Pénétrer sexuellement (dans une relation hétéro- ou homosexuelle). Synon. foutre (vulg.), miser (vulg.).La Marquise (au comble de l'indignation). − On ne le lui met plus... on le lui a donc déjà mis? L'homme que j'ai honoré de mes faveurs aurait donc des goûts contre nature?... On ne le lui met plus!... Ah! oser parler cet argot devant moi! (A. Rolland, J. Dubois,Signe d'argentin Théâtre érotique de la rue de la Santé, 1864, p.199 ds Cellard-Rey 1980). ♦ Le mettre. À peine le leur a-t-on ôté, que, de demi-dieux qu'on était en le mettant, on devient de la canaille, des chiens (Dr Cazzone [A. de Nerciat], Le Diable au corps,1969 [1789], p.75, ds Cellard-Rey 1980, p.463). − Au fig. Tromper quelqu'un. À moi, mon vieux, on me l'met pas: j'ai trop d'fil dans la trousse (Bruant1901, p.362).V. méphistophélique ex. de Goncourt.
β) Se (le) faire/laisser mettre. Être pénétré(e) sexuellement: 9. Les derniers temps, j'avais de la peine à me monter l'imagination... Pas étonnant! Elle se faisait mettre par un blanc-bec, un jean-foutre... ça vous fait rigoler parce que je suis cocu? D'abord, je ne le suis plus, cocu... La pouilleuse, je l'ai foutue à la porte...
Aragon,Beaux quart., 1936, p.116. ♦ Loc. [Pour marquer du dédain, du mépris] Envoyer quelqu'un se faire mettre, aller se faire mettre. Plusieurs associations s'occupant de la défense des Droits de l'homme se sont émues. Il est probable qu'elles vous rendront visite. − Qu'elles aillent se faire mettre! (Demouzon,Section rouge de l'espoir, Paris, J'ai lu, 1983 [1979], p.180). − Au fig. Être trompé. On n'donn' pus dans la Politique, Nous, on veut pus se l'laisser mettre (Rictus,Soliloques, 1897, p.64).
γ) Mettre une femme. Pénétrer sexuellement. C'est l'homme qui fait l'amour avec intérêt et capital en calculant ce que cela pourra lui rapporter. La femme s'abandonne à la volupté (...) Le monsieur, lui, ne cesse de calculer pendant qu'il nous «met», qu'il nous «le fait» (Le Canard enchaîné, 23 nov. 1983, p.6). II. − Modifier la position, la disposition de quelque chose ou quelqu'un. A. − [Le procès est un changement de localisation] 1. [Le compl. indir. désigne ou spécifie une localisation indéterminée ou abstr.] a) Mettre qqc./qqn + compl. prép.
α) [Avec la prép. à] − [Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] Mettre qqc./qqn à l'abri, à couvert, à découvert. Point de chaudière, on l'avoit mise à l'écart (Crèvecoeur,Voyage, t.2, 1801, p.18).Une cassette qui, pendant la traversée, avait été soigneusement mise à part avec les effets d'un de nos riches passagers (Latouche, L'Héritier,Lettres amans, 1821, p.44).V. aussi abri ex. 26. ♦ Au fig. Cette candeur me mit à l'abri du vice solitaire, ce fléau contre lequel nous n'avions jamais été mis en garde (H. Bazin,Vipère, 1948, p.244): 10. Exemple privilégié, à contempler longtemps, du mécanisme de l'erreur. Mettre à part. En appréciant l'Inde ou la Grèce, on met le mal en relation avec le bien. En appréciant le christianisme, on met le mal à part. On met à part sans le savoir, là précisément est le danger. Ou, ce qui est pire encore, on met à part par un acte de volonté, mais par un acte de volonté furtif à l'égard de soi-même. Et ensuite on ne sait plus qu'on a mis à part. On ne veut pas le savoir et, à force de ne pas vouloir le savoir, on arrive à ne pas pouvoir le savoir. Cette faculté de mettre à part permet tous les crimes.
S. Weil, Pesanteur,1943, p.138. − [Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre qqc. au chaud, au feu, au frais, au rancart. Au part. passé. Des tapis de wagons, mis au rebut par les compagnies de chemins de fer (Lar. mén.1926, p.767). ♦ Loc. Mettre qqc. au jour*; mettre flamberge* au vent. Au fig. Mettre qqc. à la portée* de qqn; mettre qqc. à toutes les sauces (v. sauce). − [Le compl. dir. désigne un animé, surtout dans des loc.] Mettre qqn au carcan; mettre qqn aux arrêts. On gênait la libre communication avec les habitants, on nous mettait au secret, et l'on répondait que c'était pour que l'Empereur ne fût point importuné (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.270).Ordre de le mettre aux fers tout de suite, pour commencer, et de l'y envoyer conduire par la garde, à cause de ce bruit et de ce scandale (Loti,Mon frère Yves,1883, p.156).Nos chevaux avaient tellement donné qu'ils n'en voulaient plus (...). Alors on les a mis au vert (...) et nous avec (Genevoix,Seuil guitounes,1918, p.28).Mettre qqn à la rue*; mettre qqn à bas (v. bas1); mettre un enfant, une oeuvre au monde*. Mettre qqn à la porte*. [Suivi d'un datif éthique] Lefabre!... Mettez-moi ce butor à la porte, ce paltoquet! (Borel,Champavert,1833, p.157).
β) [Avec la prép. en] − [Le compl. dir. désigne un animé ou un inanimé] Loc. Mettre qqn/qqc. en place*; mettre qqc./qqn en l'air (v. air1). Au fig. Mettre une personne, une idée en avant*. ♦ Loc., arg. Mettre qqc. en l'air. ,,Cambrioler`` (Carabelli, [Lang. pègre], s.d.). Mettre qqn en l'air (v. air1). − [Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre la balle en jeu; mettre un sac en bandoulière; mettre un drapeau en berne; mettre un satellite en orbite*; mettre qqc. en dépôt, en gage; mettre qqc. en lieu sûr, en sûreté. Argent, oeufs, confitures, tout fut mis en réserve dans le coffre-fort (H. Bazin, Vipère,1948, p.126): 11. ... le nombre des semeurs semblait y avoir grandi. (...) ils se multipliaient, pullulaient comme de noires fourmis laborieuses, mises en l'air par quelque gros travail, s'acharnant sur une besogne démesurée, géante à côté de leur petitesse...
Zola,Terre,1887, p.20. − [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre qqn en apprentissage, en esclavage; mettre qqn en pénitence; mettre qqn en pension; mettre qqn en embuscade; mettre une personne en présence d'une autre. Un jour, Emma fut prise tout à coup du besoin de voir sa petite fille, qui avait été mise en nourrice chez la femme du menuisier (Flaub.,MmeBovary,t.1, 1857, p.104).V. aussi condition ex. 6. ♦ Mettre en quarantaine.* P. métaph. : 12. Fuyez les bois et les fontaines
Taisez-vous oiseaux querelleurs
Vos chants sont mis en quarantaine
C'est le règne de l'oiseleur
Je reste roi de mes douleurs
Aragon,Crève-coeur,1941, p.57.
γ) [Avec d'autres prép.] Mettre un satellite sur orbite; mettre qqn sur la paille, sur le pavé, sur la touche; mettre qqn sur le trône; mettre qqn dans la combine, dans le coup, dans son jeu; mettre qqn dans une affaire; mettre qqn de toutes les corvées, de toutes les fêtes. Je suis mis de côté. Tout est maintenant pour Tissandier et pour Nadar (A. France,Vie fleur,1922, p.484). ♦ En partic., loc. Mettre de l'argent de côté*; absol., mettre de côté*; (synon. pop. mettre (de l'argent) à gauche*). − Loc. fig. Mettre la chance de son côté*; mettre les rieurs de son côté*; mettre qqc. ou qqn entre les mains de qqn (v. main); mettre qqn sur le pavois*; mettre qqn sur la sellette*. Arg. des sports. Mettre le nez dans le guidon. ,,S'apprêter à démarrer (cyclisme)`` (Carabelli, [Lang. sportif], s.d.). b) Mettre qqc./qqn + adv.Il voulait encore parler, mais on ne le laissa pas finir (...) et les serviteurs officieux le mirent dehors (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan,t.2, 1870, p.313). − Loc. Mettre bas les armes, mettre bas (un animal) (v. bas1). MAR. Mettre toutes voiles dehors*. 2. En partic. a) Placer en esprit (à tel rang, à tel endroit). Il avait sur le poitrail, dans la disposition accidentelle de son beau poil gris cendré, un de ces épis que les Arabes ont mis au nombre des signes funestes (Lamart.,Voy. Orient,t.2, 1835, p.28): 13. Il projette d'aller rejoindre Guitry à Sienne et à Florence. Ils ne savent pas où ça se trouve. Pas d'atlas. − Moi, dit Capus, je mets Florence au bord de la mer, pas loin de Rome. Ça donnera ce que ça donnera.
Renard,Journal,1900, p.617. − Loc. Mettre les choses au mieux*, au pire*/au pis*; mettre tout au mieux*, au pire*; mettre plusieurs choses en balance*; mettre qqc. ou qqn au-dessus* de, au niveau* de, au nombre* de; mettre qqc. sur le même plan* que; mettre qqn au pinacle*, au rang* de; mettre qqn plus bas* que terre; mettre qqn très haut*. b) Fam. [Le compl. indir. est une indication temporelle] Placer, dans une hypothèse, à tel moment, à telle date. Une heure et demie ou deux heures de répétition avec l'orchestre, ça nous met à sept heures à l'hôtel (Colette,Music-hall,1913, p.13). c) Familier − Mettez que, mettons que + prop.Admettons que, supposons que. Ah! Mam'zelle, je n'ai point dit que vous étiez un singe: et je me suis mal exprimé pour cela, mettez que je suis un âne, un cornichon, une oie (Ségur,Mém. âne,1860, p.245).Mettons que je n'ai rien dit (Becque,Corbeaux,1882, i, 4, p.76).Mettons que vous soyez pour de bon le capitaine d'un véritable navire (Audiberti,Quoat,1946, 2etabl., p.69). − [Mettons entre deux élém. de la prop.] Disons, supposons. N'importe où vous allez − mettons dans une gare − On vous dit: tel train part À sept heures vingt-cinq, Qui souvent ne démarre Qu'à huit heures un quart (Ponchon,Muse cabaret,1920, p.127).Vous vous acharnez à ce travail imbécile... mettons inutile... (Colette,Naiss. jour,1928, p.41).Tu as le sentiment... mettons... d'une injustice et (...) tu estimes que je n'ai pas fait tout le nécessaire pour l'empêcher... (H. Bazin, Vipère,1948, p.218). B. − [Le procès est un changement de position] 1. Mettre qqc./qqn + compl. prép. ou adv. − [Le compl. dir. désigne un inanimé] Mettre qqc. sur cales; mettre qqc. à l'endroit, à l'envers, de travers; mettre qqc. droit; mettre qqc. à niveau; mettre qqc. à l'horizontale, à la verticale; mettre sa montre, son réveil à l'heure; mettre un compteur à zéro. Au part. passé. Elle a été dans le foin et voyait entre les poutres de mélèze, mises à plat l'une sur l'autre, et pas bien rejointes, en face d'elle, la maison et la cuisine (Ramuz,Gde peur mont.,1926, p.157). ♦ Loc. Mettre une charrette à cul. Poser une charrette les limons en l'air. Au fig. Mettre à cul. Ruiner. Aujourd'hui (...) l'on ne sait si la société française ne sera pas mise à cul et si un gros morceau de Paris ne sera pas dynamité (Goncourt,Journal,1892, p.240).Mettre un lit en bateau*. Mettre son arme en joue*; [p. méton.] mettre qqn en joue*, p. ell. mettre en joue*. MAR. Mettre un navire à l'ancre*, à la cape*, à sec*, à la voile (v. voile2); mettre en panne (v. panne3), en travers*; mettre le cap* sur; mettre les voiles en ciseaux (v. ciseau). Au fig. Mettre bas les masques (v. masque); mettre une affaire, une entreprise sur pied*; mettre plusieurs choses sur le même pied*; mettre une idée en avant*. − [Le compl. dir. désigne un animé] Mettre qqn à genoux, assis, debout; mettre qqn en croupe; mettre qqn sur ses pieds, sur son séant; mettre un malade sur le dos, sur le ventre; mettre qqn en tête, en queue d'un cortège, d'un défilé; mettre une armée en ligne. En retranchant l'imagination des facultés de l'homme, elle [la Réformation] coupa les ailes au génie et le mit à pied (Chateaubr.,Ét. hist.,t.1, 1831, p.cxxxii).Les femmes que la maigre espérance de 250 grammes de viande pour deux jours met en queue (...) à la porte encombrée des boucheries (Céard,Soir. Médan,Saignée, 1880, p.152).Sa tête raclait la terre chaude, comme s'il cherchait un creux d'oreiller. Des poignes dures le mirent debout: − En route! (Hamp,Champagne,1909, p.85).Au fig. Espoirs montés si haut qu'ils tombèrent des nues, Haines, affres, erreurs jonchaient les avenues Où saignaient, lentement, vos amours mis en croix (Verhaeren,Mult. splendeur,1906, p.141). ♦ Loc. Mettre l'équipage à la bande* (mar.). Loc. fig. Mettre des gens aux mains (v. main), aux prises (v. prise); mettre des gens dos* à dos; mettre qqn sur le cul*; mettre qqn cul* par-dessus tête; mettre qqn à l'envers*; mettre qqn en avant*; mettre qqn en mauvaise posture*; mettre qqn en selle*; mettre une troupe sur pied*. − [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre les bras en croix; mettre les mains en l'air. Ali (...) montra le nombre trois avec les doigts de sa main gauche, et sur cette même main mise à plat appuyant sa tête, ferma les yeux en guise de sommeil (Dumas père, Monte-Cristo,t.1, 1846, p.672). ♦ Loc. Mettre les coudes au corps (v. coude); mettre la tête, l'esprit à l'envers*. 2. [Sans compl. indir.] Mettre le loquet, le verrou, etc. Placer le loquet, le verrou dans leur position utile. Les gardiens puérils chaussés de patins d'or, Vêtus du lin filé par les vierges assises, À l'aube de ce jour ouvriront-ils encor La porte merveilleuse et les serrures mises? (Régnier,Prem. poèmes,Épis., 1888, p.219). III. − [Le compl. prép. est le plus souvent introd. par en et à] Modifier quelque chose ou quelqu'un dans son état, sa fonction, sa situation, sa forme extérieure ou ses propriétés. A. − Faire subir un changement physique, matériel à quelque chose ou quelqu'un. 1. [Le compl. dir. concr. désigne un inanimé] Mettre qqc. + compl. prép.Mettre une vigne en espalier. L'escarpement des rives, en mettant à nu des rocs déchirés, forme comme une ligne blanchâtre (Toepffer,Nouv. genev.,1839, p.94).Les bois [de mine] doivent être autant que possible travaillés à la hache, la scie ne doit servir que pour mettre le bois à la longueur voulue (J. Cahen, Bruet, Carrières,1926, p.128).Supra ex. 7: 14. Si nos frères n'avaient pas été fauchés, comment aurions-nous fait pour être jamais aussi seuls?
Rien que notre regard n'embrasse!
La plaine rase à perte de vue, tout est fini, et çà et là un troupeau de moutons dans les éteules!
Si la moisson tout entière n'avait pas été fauchée et mise en meules,
Comment Dieu tiendrait-il tant de place?
Claudel,Poèmes guerre,1916, p.543. ♦ En partic. (dans une préparation culinaire). Mettre des légumes en conserve. Mettre une carpe à l'étuvée, au bleu, en matelote; mettre des épinards au jus; mettre un lièvre en pâté; mettre un poulet en fricassée (Ac.). ♦ Au fig. Mettre qqc. en veilleuse. Pendant la phase de dessèchement, la vie n'était que ralentie, amoindrie, mise en veilleuse (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p.102). SYNT. et LOC. Mettre qqc. en bringues (arg.), en lambeaux, en loques, en miettes, en (menus/mille/petits) morceaux, en pièces (détachées), en quartiers; mettre qqc. à feu et à sang; mettre qqc. en cendres, en feu, en flammes; mettre qqc. en charpie, en poudre, en poussière; mettre qqc. en couleur(s); mettre qqc. en tas; mettre qqc. d'épaisseur, de hauteur; mettre qqc. en forme; mettre une agate en bague, un bijou en pendentif; mettre un barrage, un bassin en eau; mettre un bassin, un étang à sec; mettre qqc. au sec; mettre une batterie à plat, un pneu à plat; mettre du blé en gerbes; mettre une feuille de papier, un fil, une serviette en double; mettre de la laine en écheveaux, en pelotes; mettre une lampe en veilleuse; mettre qqc. sens dessus dessous; mettre qqc. sous scellés (dr.); mettre qqc. sous séquestre (dr.). − AGRIC. Mettre un arbre à fruit; mettre un champ en blé; mettre une terre en jachère. Il a mis vingt arpents en vigne, en bois (Ac.). − Loc. [Sans compl. dir.] TYPOGR. Mettre en épreuves, en page(s)*. Au fig.,fam. Mettre en sourdine*; mettre en veilleuse*. − Mettre qqc. + attribut du compl.Loc. Mettre les bouchées doubles (v. bouchée). 2. [Le compl. dir. désigne un animé] a) Mettre qqn + compl. prép.Les suppositions qu'elle faisait, le mirent presque en larmes (Zola,M. Férat,1868, p.105).Ils avaient été durement rossés par des sentinelles (à quatre ou cinq sur le même homme) puis mis à nu, sauf un slip, et attachés toute une journée dans cet état au poteau qui se dressait dans la cour (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.228). SYNT. et LOC. Mettre qqn à mal, à mort; mettre qqn à plat (fam.); mettre qqn à poil (pop.); mettre qqn en forme, en pleurs; mettre qqn en nage, en sueur; mettre qqn en sang; mettre qqn hors de combat, hors d'haleine; mettre une femme à mal*. − Au fig. et p. exagér. Mettre qqn en capilotade, en miettes. Il était question de quatre parodies: le grand homme voulut les inspirer, les surveiller lui-même, y faire verser quelques grains d'encens, savoir à quel gros sel on le mettrait (Reybaud,J. Paturot,1842, p.263).On s'explique que Cassandre, pour finir, ait été mise en pièces par ses concitoyens (Barrès,Cahiers,t.12, 1920, p.282). b) Mettre qqn + attribut du compl.Mettre qqn knock-out; mettre une femme enceinte. Jean Motte mit Josse k.-o. au huitième round (Match,20 nov. 1934, p.3 ds Grubb, Fr. sports neologisms, 1937, p.46): 15. Sa vie n'était rien qu'un mélange de la plus vaniteuse grandeur, et de la plus basse crapule. Il s'enfermait dans sa galerie, à considérer les portraits des rois et des empereurs, ses ancêtres, à moins qu'il ne bouffonnât avec Giovan et ses laquais, ou ne fît mettre sa maîtresse nue.
Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.268. 3. [Le compl. dir. désigne une partie du corps] Mettre les pieds en compote (fam.), les mains, le visage en sang. La croûte de fard tombée, sous les baisers, de sa bouche, de ses joues, mettait à vif les meurtrissures et les plis de son visage, si cruellement, comme des plaies (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p.46).Loc. fig. Mettre les nerfs à vif*. B. − Faire passer dans tel ou tel état, dans telle ou telle situation. 1. [Le compl. dir. abstr. désigne un inanimé] a) [Le compl. indir. désigne un état matériel] Depuis deux mois on n'avait pas cessé de travailler pour mettre Longwood en état de nous recevoir (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.252).On apporte un soin spécial à bien bourrer le remblai, et à le claver au faîte, pour le mettre de suite en tension avec le plafond (Haton de La Goupillière,Exploitation mines,1905, p.66).Un an d'usinage pour mettre un canon au point (Joffre,Mém.,t.2, 1931, p.9). SYNT. et LOC. Mettre qqc. en commun, en communauté; mettre qqc. en désordre, en ordre; mettre qqc. dans tel état, dans un triste état, en état de marche; mettre qqc. au clair, en forme, à jour, à la page; mettre qqc. à néant; mettre qqc. à la mode, en vogue; mettre (l'objectif d'un appareil photographique) au point; mettre qqc. en valeur; mettre un corps en vibration; mettre un véhicule en stationnement; mettre une entreprise en faillite, en règlement judiciaire; mettre les choses au point (v. point1); mettre qqc. à fin*; mettre qqc. au propre, au net. Rem. Part. passé en emploi subst. à valeur de neutre. Mis au net, subst. masc. Synon. de mise au net*. Mon cher ami, j'ai besoin du mis au net de mon rapport et de votre critique avant huit heures (Stendhal, L. Leuwen, t.3, 1835, p.22). − En partic.
α) Adapter à un (autre) mode d'expression. Mettre des paroles en musique; mettre un texte en français, en anglais, en espagnol; mettre un texte en vers. M. de Lorbac (...) me demande la permission de mettre Marie Tudor en opéra français (Hugo,Corresp.,1863, p.435).C'est les «Fables de La Fontaine» Que, dans sa triste turlutaine, Certain seigneur grammairien Mit en bon français − c'est-à-dire Son français à lui... pauvre sire! (Ponchon,Muse cabaret,1920, p.217): 16. L'univers poétique (...) s'introduit (...) par la densité des images, des figures, des consonances, dissonances, par l'enchaînement des tours et des rythmes (...), plus un poème est conforme à la poésie, moins il peut se penser en prose sans périr. Résumer, mettre en prose un poème, c'est tout simplement méconnaître l'essence d'un art.
Valéry,Variété III,1936, p.63. ♦ Adapter à un mode de notation, de transcription. Mettre une distance en centimètres; mettre un nombre en fraction. La politique ne saurait être mise en équation (Jankél.,Je-ne-sais-quoi,1957, p.112). ♦ Loc., domaine des média et du spect. Mettre en ondes une émission radiophonique, absol. mettre en ondes (v. onde). Mettre en scène un film, une pièce de théâtre, absol. mettre en scène. Concevoir l'agencement des différents éléments scéniques (décoration, éclairage, jeu des acteurs, etc.) en vue de la représentation d'une oeuvre dramatique, lyrique ou de l'enregistrement d'une oeuvre cinématographique ou télévisée. Largillière de l'Opéra-Comique, mettait en scène. − À vous, duchesse (A. France,Bergeret,1901, p.225). Rem. 1. Mettre en scène a pour synon. réaliser dans le domaine du cin. et de la télév. 2. V. aussi supra I B 7 b.
β) GRAMM. Donner à un élément linguistique une forme donnée du paradigme auquel il appartient. Mettre un adjectif, un substantif au pluriel; mettre un verbe à tel temps grammatical, à la forme active, passive. Le subjonctif est remplacé par le mode substantif ou adjectif mis à l'accusatif (Destutt de Tr.,Idéol. 2,1803, p.257).À vrai dire, emporté par un reste d'humide fierté, j'ai oublié de mettre cette phrase à l'imparfait (H. Bazin, Vipère,1948, p.17). b) [Le compl. indir. désigne un état abstr.; en partic. en parlant d'opérations intellectuelles] C'étaient alors des récriminations sans fin sur les toilettes d'à présent mises en regard des toilettes d'autrefois (Champfl.,Bourgeois Molinch.,1855, p.27).Personne n'est heureux comme les gens qui n'attendent rien, qui n'ont plus d'avenir parce que tout est mis en question, comme les gens qui s'aiment la veille d'une bataille, de la mort: Bernard faisait cette découverte pour la première fois (Nizan,Conspir.,1938, p.164).Goethe met à contribution tous les systèmes de philosophie touchant l'immortalité de l'âme (Durry,Nerval,1956, p.32). SYNT. et LOC. Mettre qqc. en cause, hors de cause, en doute; mettre qqc. en perspective; mettre qqc. en évidence, en honneur, en relief, en lumière, en vedette; mettre plusieurs choses en comparaison, en opposition, en parallèle, en rapport; mettre qqc. à profit. c) [Le compl. indir. désigne un procès] Avez-vous lu Voltaire?... − J'ai fait mieux, répondit le chanoine, je le mets en pratique (Balzac,Illus. perdues,1843, p.724).On mit à l'étude l'oeuvre du jeune musicien, sans interrompre les répétitions de l'oeuvre de Christophe (Rolland,J.-Chr.,Nouv. journée, 1912, p.1542).Ils montèrent dans la voiture et Rieux mit le moteur en marche (Camus,Peste,1947, p.1323). SYNT. et LOC. Mettre qqc. en action, en branle (fam.), en danse, en mouvement, en panne, en route, en train; mettre qqc. en chantier, en exploitation, en fonctionnement, en jeu, en oeuvre, en service, hors service, en usage, hors d'usage; mettre un canon, une pièce d'artillerie en batterie; mettre une terre en culture; mettre un bateau en charge; mettre un tonneau en perce; mettre une esquisse, une toile au carreau; mettre (une fusée) à feu; mettre qqc. à l'épreuve; mettre qqc. à la disposition, au service de qqn; mettre une ville au pillage, à sac. Au fig. Mettre qqc. en coupe(s) réglée(s) (v. coupe2). ♦ Au part. passé. Système de climatisation (...) mis en marche et coupé au bout de cinq minutes (Belletto,Le Revenant,Paris, Hachette, 1981, p.355). − [Dans des tournures en usage notamment dans le style admin.] La mère Angélique la supplia, pour toute grâce, d'obtenir du roi (...) que l'abbaye fût mise en élection; c'était une manière d'abdiquer (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.1, 1840, p.331).Les terres ne rapportant plus, elles avaient été avec les châteaux mises à l'encan (Huysmans,À rebours,1884, p.286).Le questionnaire suivant, questionnaire secret, fut alors mis aux voix. La fille a-t-elle été...? Oui. Brutalement? Oui, à l'unanimité. Aurait-elle prêté à l'opération un organe lubrique? Non, à la majorité (Jouve,Scène capit.,1935, p.142). SYNT. et LOC. Mettre qqc. en adjudication, en application, en circulation, en commande, en délibération, en exécution, en fabrication, en recouvrement, en réquisition, en vigueur; mettre une affaire en délibéré; mettre un dividende en paiement; mettre qqc. en location, en vente; mettre qqc. à effet, à exécution; mettre qqc. au concours, aux enchères, à prix. − [Le compl. second. est un inf.] ♦ Mettre qqc. à + inf.Du sirop de sucre et de la cassonade furent mélangés et mis à cuire (Hémon,M. Chapdelaine,1916, p.135).Tout est sur la table, dit l'Adélaïde. Tu trouveras deux oignons épluchés à côté de la miche. J'ai mis la bouteille à refroidir dans le seau (Aymé,Jument,1933, p.43).Loc. fam. Mettre sa tête à couper + inf.; en mettre sa tête à couper. [Formule utilisée pour affirmer catégoriquement la véracité de qqc.] Je mettrais ma tête à couper que les gaillards [les presque centenaires ici inhumés] ont délogé de bonne grâce ([Leclair],Médit. hussard,1809, p.xxvij). ♦ Mettre + inf. + qqc.Il (...) mit refroidir mon vin un peu chaud dans l'eau frigide de sa claire fontaine (Chateaubr.,Mém.,t.1, 1848, p.495).Mets bouillir des pommes de terre, nous les mangerons avec un peu de beurre (Zola,Germinal,1885, p.1216).Il pleurait un bon coup le jour de l'enterrement, tordait son mouchoir en rentrant et le mettait sécher sur le fil (Aymé,Jument,1933p.7). Rem. Selon Hanse 1949, la constr. mettre + inf. + qqc. est préférée ,,par la langue distinguée``. C'est aussi la plus fréq. dans les textes littér. où mettre qqc. à + inf. apparaît surtout dans les dialogues. d) [Sans compl. indir.] Faire fonctionner. Mettre la télévision. Elle avait un vrai talent pour le silence, on pouvait se taire avec elle sans jamais sentir qu'on n'avait rien à se dire. Lorsqu'elle ne m'avait pas encore, elle mettait parfois la radio qui est toujours mieux (...) que la télé, mais à part ça elle recevait peu de monde extérieur (E. Ajar, L'Angoisse du roi Salomon,Paris, Mercure de France, 1979, p.302).Quand tu te sens seule et vieille, pense à tous ceux qui sont eux aussi seuls et vieux mais dans la misère et dans les hospices (...). Ou alors, tu mets la télé, les derniers massacres en Afrique, ici, là ou ailleurs. Tu te sentiras encore mieux (E. Ajar, L'Angoisse du roi Salomon,Paris, Mercure de France, 1979p.330).[P. méton.] Mettre les nouvelles; mettre la première, la deuxième chaîne. 2. [Le compl. dir. désigne un animé] a) [Le compl. indir. désigne ou spécifie une situation concr.] Un malaise d'estomac, qui me donne tiédeur et fadeur intérieures, me met à l'unisson de cette nature assoupie (Amiel,Journal,1866, p.249).C'est moi qui l'ai mis dans ce mauvais pas, c'est à moi de l'en tirer (Beauvoir,Mandarins,1954, p.213): 17. C'est la vierge fougueuse, enfant de la Bastille,
Qui jadis, lorsqu'elle apparut
Avec son air hardi, ses allures de fille,
Cinq ans mit tout le peuple en rut...
Barbier,Ïambes,1840, p.16. SYNT. et LOC. Mettre qqn au régime, à l'eau, au pain sec; mettre qqn au repos; mettre qqn à la mode; mettre qqn en appétit, en train; mettre qqn en condition; mettre qqn en alerte, aux aguets, en difficulté, en garde, sur ses gardes, en péril; mettre qqn en vedette, en vogue; mettre qqn dans l'embarras, dans le malheur, dans la nécessité, dans une situation gênante, inextricable; mettre qqn dans le cas de faire qqc., dans l'impossibilité de faire qqc., de nuire; mettre qqn de faction; mettre qqn sur la défensive, sur le qui-vive; mettre qqn à quia. ♦ Au part. passé. L'empereur Henri le lion, dépossédé, mis au ban de l'empire (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.15). ♦ [P. méton. du compl. dir.] Mettre son salut en péril. Je ne sortis de la maladie qui avait mis ma vie en danger, que pour tomber dans un état de langueur où le chagrin avait beaucoup de part (Duras,Ourika,1824, p.138).Madame Daniel ayant mis sa conscience en repos, ne se fit plus faute d'œillades pour me désoler de son mieux (Musset,Confess. enf. s.,1836, p.246). − [Dans le cadre de relations interpersonnelles] Ce qui la passionnait, ce qui la mettait d'accord avec le jeune homme, c'était l'idée de la justice (Zola,Germinal,1885, p.1279).Paul Margueritte me racontait aujourd'hui qu'au Sénat, où il avait été voir un ami de son père, il avait été mis en rapport avec Anatole France (Goncourt,Journal,1887, p.634): 18. MmeRezeau (...) renvoya successivement tous les domestiques. Fine, que son infirmité mettait à sa merci, dut accepter toutes ces augmentations [de travail], mais en conçut (...) une respectueuse inimitié...
H. Bazin, Vipère,1948, p.43. SYNT. et LOC. Mettre qqn au diapason; mettre qqn à l'écart; mettre une personne à la disposition de qqn, au service de qqn, aux ordres de qqn; mettre plusieurs personnes d'accord, en accord, en contradiction, en harmonie, en opposition; mettre plusieurs personnes en contact, en liaison, en rapport, en relation; mettre qqn sous l'autorité, la garde, les ordres, la protection de qqn. − [Dans des tournures en usage notamment dans le style admin. et jur.] Les commissaires chargés de juger les prisonniers n'osaient plus prononcer de condamnations. Ils mirent en liberté les dames de la reine (Barante,Hist. ducs Bourg.,t.3, 1821-24, p.358).Il faisait appel, au nom de la République, aux suffrages des radicaux mis en minorité au premier tour (Jaurès,Ét. soc.,1901, p.26).V. fauteur ex. de Stendhal. SYNT. et LOC. Mettre qqn à pied, à la retraite; mettre qqn en congé, en détachement, en disponibilité; mettre qqn en accusation, en état d'arrestation, en garde à vue, en résidence surveillée; mettre qqn en tutelle; mettre qqn en demeure (de faire qqc.); mettre la tête de qqn à prix. ♦ Au part. passé. La potence (...) est élevée par corvée; et les ouvriers mis en réquisition ne peuvent, sans se rendre coupables de rébellion, se refuser à ce service (Mérimée,Mosaïque,1833, p.280).Celui-ci (...) prenait la physionomie ennuyée des natures faibles, mises en demeure de se prononcer (A. Daudet, Nabab,1877, p.141). b) [Avec un compl. dir. second. spécifiant le statut, la profession de qqn] Maintenant, laisse-moi te raconter ma vie... Quand je suis parti, on m'avait mis aide-cuisinier (Pagnol,Fanny,1932, i, 1ertabl., 14, p.53).Ses parents le mirent pensionnaire dans un collège d'Espagne (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.246). c) [Le compl. indir. désigne un état mental, moral ou psychol.] Il suffit d'un taon pour mettre aux abois le plus fier cheval et même le lion de la fable (Amiel,Journal,1866, p.275).Ses allées et venues pour gagner ces pays jaunâtres de minerai mirent du moins le jeune professeur en goût de visiter tous les pays qui entourent Metz (Barrès,C. Baudoche,1909, p.143).V. alerte ex. 1: 19. ... quand on me baise la bouche (...), ça m'est égal, même si je n'en ai pas envie, c'est fait pour ça. Mais comme ça, dans le cou, ça me met en rogne... je n'ai jamais supporté ni permis ça à personne...
Aragon,Beaux quart.,1936, p.383. SYNT. et LOC. Mettre qqn au courant, au fait, à la raison; mettre qqn au parfum (pop.); mettre qqn en échec, en défaut, dans l'erreur; mettre qqn à l'aise, mal à l'aise, à son aise; mettre qqn à bout, au désespoir; mettre qqn dans tous ses états; mettre qqn de bonne, de mauvaise humeur; mettre qqn en confiance, en défiance (contre qqn); mettre qqn en boule (fam.), en colère, en courroux, en émoi, en fureur, en furie, en gaîté, en humeur, en joie, en peine, en rage; mettre qqn en éveil, en verve; mettre qqn hors de ses gonds, hors de soi; mettre qqn à même de + inf.; mettre qqn en mesure de + inf. ♦ Au part. passé. Louisa qui venait de rentrer, mise au courant de l'affaire, déclara qu'elle aimerait mieux mendier que d'obliger son mari à cet affront (Rolland,J.-Chr.,Matin, 1904, p.135).Un caillou a roulé et les guetteurs allemands, du haut du fort, mis en éveil, lancent des fusées et font feu (Bordeaux,Fort de Vaux,1916, p.248).Il l'avait prise: elle était vierge. Par la suite, mise en goût, elle se donna en long et en large (...) pourvu que l'homme fût un Européen (Montherl.,Lépreuses,1939, p.1436). ♦ [P. méton. du compl. dir., en parlant d'un attribut de la pers., d'un ouvrage] Mettre la patience de qqn à bout. Ces ouvrages moyens qui sont si utiles pour nous autres historiens, en ce qu'ils nous mettent au fait, rapidement et sûrement, des conceptions scientifiques communes d'une époque (L. Febvre, Combats pour hist.,De Linné à Lamarck et à Cuvier, 1927, p.321).Son discernement aurait été souvent mis en défaut (Romains,Hommes bonne vol.,1932, p.271).Sa curiosité serait mise en éveil par le moindre bruit insolite (Bosco,Mas Théot.,1945, p.264). d) [Le compl. indir. désigne un procès] Les indiscrétions et les vanteries des subalternes firent avorter le complot [contre Démétrius]. Quelques soldats, quelques popes obscurs furent d'abord arrêtés, qui mis sous le bâton dénoncèrent leur chef (Mérimée,Faux Démétrius,1853, p.195).Bernadette a mis en marche d'innombrables pèlerins et attiré des milliards sur une montagne des Pyrénées (A. France,Orme,1897, p.106).Il mit son cheval au pas pour monter une côte (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p.16): 20. ... les hommes souffraient de l'absence de communication résultant de l'existence séparée d'un roi. Ils devaient mettre à mort non l'esclave, mais le roi, pour assurer le retour à la communion de tout le peuple.
G. Bataille, Exp. int.,1943, p.204. SYNT. et LOC. Mettre un cheval au galop, au trot; mettre qqn à l'amende, à contribution, à l'épreuve, à de rudes épreuves, à rançon; mettre qqn au défi (de faire qqc.); mettre qqn à la gêne, à la question, au supplice, à la torture; mettre qqn au pas (v. pas1); mettre qqn en branle (fam.); mettre qqn en déroute, en fuite; mettre qqn en jugement, en observation, en traitement; mettre qqn en possession de qqc.; mettre qqn en cause, en question; mettre plusieurs personnes en communication, en concurrence; mettre qqn sous surveillance. ♦ Au part. passé. À quinze ans, mis en possession d'un «deux roues» et d'un petit cheval, il faillit cent fois se rompre le cou (Châteaubriant,Lourdines,1911, p.37). ♦ [P. méton. du compl. dir.] Nous avons mis votre amitié à de rudes épreuves, Félix! (Balzac,Lys,1836, p.215). − [Le compl. second. est un inf.] Rare. Mettre qqn + inf.Plusieurs poupées pendaient aux branches; elle les fit apporter sur son lit, puis, en se tournant vers Frida, et ce fut son suprême sourire: − Mettons coucher celle-là, dis, veux-tu? Puis, nous jouerions qu'elle meurt (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.84). − [Sans compl. second.] ÉQUIT. Mettre un cheval. ,,Éduquer, instruire un cheval, l'habituer aux mouvements qui peuvent être exigés de lui`` (Cass.-Moir. 1979). Le cheval a été mis par l'oncle avec sa perfection si justement célèbre. Ses allures ont une sûreté glissante dans leur force et leur allongement (La Varende,Centaure de Dieu,1938, p.119). 2eSection. Constr. pronom. I. A. − Emploi pronom. réfl. 1. Venir occuper (un lieu, un endroit, une place). Synon. se placer, prendre place.Je montai dans ma chambre pour me coucher: j'étais triste, triste, triste! Et je me mis à ma fenêtre (Maupass., Contes et nouv., t.1, Fam., 1886, p.564).Il le lui donna [son manteau], avec l'air d'un homme qui enlève sa veste avant de se mettre sous le couperet du bourreau (Montherl., Bestiaires, 1926, p.428).V. coiffer ex. 10: 21. ... il était inquiet de son fils jusqu'à l'angoisse et il passait la nuit à le veiller. Tantôt, l'épouvante de la contagion le saisissait; il se mettait lui-même au lit, se plaignant de douleurs imaginaires et comptant les heures jusqu'à la visite du médecin.
Bourget, Disciple, 1889, p.182. SYNT. Se mettre à l'eau; se mettre à son poste, au chaud, au frais, au soleil; se mettre aux genoux, aux pieds de qqn; se mettre auprès de qqn; se mettre dans un fauteuil, dans son lit; se mettre derrière, devant qqn; se mettre en bout de table; se mettre en place; se mettre sur un banc, une chaise; se mettre à côté de qqn, à côté l'un de l'autre, à la droite, à la gauche de qqn, à l'avant, à l'arrière de qqc.; se mettre en face de qqn, face à qqn, loin de qqn, près de qqn, vis-à-vis de qqn; se mettre dessous, dessus, ici, là; se mettre à tel endroit, à telle place. ♦ Au fig. Ce n'est pas en nous mettant sous les pieds des révolutionnaires que nous nous sauverons: nous savons trop, par expérience, ce qu'il en coûte pour se soumettre à l'anarchie et pour capituler au pied des échafauds (Chateaubr., Congrès Vérone, t.1, 1838, pp.461-462). − Expr. fam. Ôte-toi de là que je m'y mette. V. ôter. − Loc. Se mettre dans les eaux d'un bâtiment (v. eau); se mettre dans les jambes de qqn (v. jambe); ne pas savoir où* se mettre; se mettre entre deux airs (v. air1). Se mettre sous les armes (v. arme). − Loc. fig. Se mettre dans de beaux draps (fam., v. drap); se mettre dans la gueule* du loup; se mettre dans la peau* (fam.), à la place* de qqn; se mettre dedans*; se mettre entre les mains de qqn (v. main); se mettre sur le chemin* de qqn, en travers du chemin* de qqn. ♦ Se mettre avec qqn. Se joindre à quelqu'un. Une centaine d'autres, qui nous voyaient partir d'un pas ferme, se mirent avec nous sans savoir où nous allions (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p.212).En partic., pop. Vivre (maritalement) avec quelqu'un. Se mettre en ménage avec qqn. Ma mère disait que, lorsqu'on fait un cierge à Saint-Roch, on ne manque jamais dans la huitaine de trouver un homme pour se mettre avec lui (Mérimée, A. Guillot, 1847, p.101).Son ami Cyprien Tibaille (...) finit de son côté par «se mettre» avec une roulure bonne fille, qui a la vocation de garde-malade (Lemaitre, Contemp., 1885, p.320). ♦ Au fig. Se mettre avec, du côté de qqn. Prendre le parti de quelqu'un. Beaucoup de gentilshommes picards de l'armée du duc de Luxembourg, (...) privés de l'argent des rançons, se mirent avec les Anglais (Barante, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.283).Bourgeois est revenu de Suisse, où il se reposait des fatigues de Brisson, pour se mettre du côté de la victoire (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p.153).Se mettre contre qqn. Prendre le parti adverse. J'ai eu le malheur de faire tomber un enfant... Et elles se sont toutes mises contre moi, et elles ont crié des choses, oh! des choses! (Zola, Dr Pascal, 1893, p.250). ♦ Fam. Se mettre après qqn. Harceler, presser quelqu'un. Ils se mettaient tous après moi: «Mais taisez-vous donc! (...)» (Colette, Music-hall, 1913, p.187). Rem. V. aussi III D infra. 2. En partic. a) Se mettre à + subst.S'installer devant. Se mettre à son bureau, au piano. Tu vas charger Andrès de diriger ton orchestre, dit-il à Iôsef (...). Andrès s'étant mis au pupitre, ils sortirent tous quatre, bras dessus bras dessous (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p.198). − Loc. Se mettre à table*. b) Se mettre en + nom de vêtement, de tenue.Passer, revêtir une tenue; s'habiller, se déguiser en. Se mettre en bourgeois, en civil, en uniforme; se mettre en habit; se mettre en bras de chemise*. Je vais me mettre en amazone. Sortez (Audiberti, Mal court, 1947, ii, p.175). − Se mettre + adv. ou loc. adv.Se mettre bien. Cependant quinze cents livres ne sauraient durer éternellement, lorsqu'une femme, qui se met à la mode, est obligée de prendre là-dessus son entretien, et celui de deux enfants (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p.112).Jamais on ne s'était mis si richement pour plaire au roi; aussi dit-on que les voleurs firent de bonnes prises (Balzac,
Œuvres div., t.1, 1830, p.268). − Loc. Se mettre sur son trente-et-un*. c) Littér. Se mettre sur.Engager la conversation sur (un sujet). Nous nous mîmes sur les mérites de Thucydide, que le vin nous faisait trouver clair comme de l'eau (Chateaubr., Mém., t.2, 1848, p.581). B. − Emploi pronom. réfl. indir. 1. Se mettre qqc. + compl. prép.Se mettre de l'encre sur les doigts. Il se mit les mains dans les goussets (Balzac, Illus. perdues, 1843, p.667).Prends-en donc un peu (...), seulement pour te mettre quelque chose dans l'estomac (Maupass., Contes et nouv., t.1, En fam., 1881, p.348).V. cheveu ex. 6. ♦ Au fig. Pour jouer devant le public un concerto rapide et difficile, un virtuose [violoniste] l'étudie longtemps; il se le met dans les doigts (Bouasse, Cordes et membranes, 1926, p.278). − Loc. N'avoir rien à se mettre (sur le dos*); n'avoir rien à se mettre sous la dent*. Au fig. Se mettre la corde* au cou; se mettre le doigt* dans l'œil (fam.); se mettre une idée* en tête, dans la tête, dans la caboche (fam.), dans la cervelle, dans l'esprit; se mettre martel* en tête; se mettre qqc. au cul*, se le mettre (au cul) (vulg.); se mettre dans l'idée*, dans la tête*, en tête de + inf.; se mettre qqc. dans la lampe* (pop.); se mettre qqc. sur le dos*. ♦ Pop. S'en mettre jusqu'aux yeux; s'en mettre plein la lampe; s'en mettre + adv. Manger beaucoup. Des feignants qui profitent d'être à la table des autres pour s'en mettre plein et tant, qu'ils sont lourds sur l'ouvrage (Aymé, Jument, 1933, p.173).S'en mettre plein les poches (v. poche). 2. [Sans compl. prép.] Se mettre du fard, du maquillage; se mettre un suppositoire. Tu n'étais pourtant pas comme les autres, toi, à t'attifer toujours devant la glace, à te mettre du rouge aux lèvres, à chercher à ce qu'on te remarque (Anouilh, Antig., 1946, p.140): 22. ... autant l'on s'occupe peu de parer de cultiver l'âme, autant on soigne, on lave, on parfume le visage et les mains, on se met des fausses dents et de faux cheveux, on se peint des veines et des sourcils, on met du blanc et du rouge.
Karr, Sous tilleuls, 1832, p.259. − Loc. Se mettre la ceinture* (fam.). Se mettre la tringle* (pop.). Se les mettre (pop., vieilli). S'en aller. (Ds Dauzat, Arg. guerre, 1918, p.270). Synon. les mettre (v. supra I B 9 b). C. − Emploi pronom. réciproque, pop., absol. Échanger des coups. Qu'est-ce qu'ils se mettent! (Rob.). D. − Emploi pronom. passif. Mon amour pour Musette est bien trépassé, puisque les vers s'y mettent, ajouta-t-il ironiquement, en montrant le manuscrit de sa chanson (Murger, Scènes vie boh., 1851, p.304).La femme de chambre aide les fils de madame à la soigner, et, malgré les précautions, un peu de désordre s'est mis dans l'appartement (Zola, Cap. Burle, 1883, p.80). II. A. − Emploi pronom. réfl. Modifier la place, la position que l'on occupe. 1. [Le compl. indir. désigne ou spécifie une localisation abstr. ou indéterminée] J'entendis dans l'escalier des frôlements de robes et des bruits de voix. Je me mis à l'écart et je vis passer, sans être vu, les deux femmes et les deux jeunes gens (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p.70).Les anarchistes se mirent à l'abri de la première rue perpendiculaire (Malraux, Espoir, 1937, p.446). SYNT. Se mettre à couvert, à découvert, à part; se mettre de côté; se mettre en place; se mettre en embuscade; se mettre hors jeu; se mettre hors la loi. ♦ Loc. Se mettre au vert*. Au fig. Se mettre à la portée* de. − En partic. a) Se joindre (à); participer (à). Ascagne voulut se mettre des promenades de ces dames (Stendhal, Chartreuse, 1839, p.24). ♦ Loc. Se mettre de la partie*. b) Au fig. Se placer en esprit. Se mettre au-dessus de qqn; se mettre au nombre de, au rang de; se mettre très haut. Mettons-nous à dix ans d'ici. Dans dix ans, ta fille aura dix-huit ans, elle sera ta compagne, ton espion (Balzac, E. Grandet, 1834, p.151). 2. [Le compl. indir. désigne ou spécifie une position] Tout le monde se mit en ligne le long du mur [de la terrasse] et on s'extasia sur l'étendue de l'horizon (Maupass., Bel-Ami, 1885, p.366).Un loustic apporta son accordéon et entama la Marseillaise. Les Russes se mirent au garde à vous comme un seul homme (Ambrière, Gdes vac., 1946, p.181): 23. On avait en grande hâte équipé et amené les chevaux. Akbar, Mohsèn et Djemylèh se mirent en selle, une douzaine de soldats firent comme eux, et la cavalcade, prenant une rue détournée, gagna au pas une des portes de la citadelle qui donnait sur la campagne, bien résolue à passer sur le ventre des gardes, si ceux-ci cherchaient à l'arrêter...
Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p.281. SYNT. Se mettre à (deux) genoux, à plat ventre, à quatre pattes; se mettre assis, debout; se mettre sur le dos, sur ses pieds, sur son séant, sur le ventre; se mettre à terre, par terre; se mettre à cheval; se mettre en tête, en queue d'un cortège, d'un défilé; se mettre deux par deux, quatre par quatre; se mettre en rangs, en rang d'oignons; se mettre à la queue leu leu (v. queue1); se mettre en garde. ♦ Loc. Se mettre à plat ventre* devant qqn; se mettre en avant*; se mettre sur les rangs (v. rang); se mettre à la tête* d'(un groupe, un mouvement); se mettre sur le pied* de + inf.; se mettre sur le pied de guerre*; se mettre au niveau*. B. − Emploi pronom. réfl. indir., loc. Se mettre qqn à dos*; se mettre la tête à l'envers*. C. − Emploi pronom. passif. Une femme qui ne pouvait plus éprouver de plaisirs avec d'autres n'aurait plus dû exciter ma jalousie, si seulement ma tendresse avait pu se mettre à jour (Proust, Fugit., 1922, p.490). III. A. − Emploi pronom. réfl. Modifier son état, sa fonction, sa situation. 1. Provoquer un changement physique, matériel. a) Se mettre + compl. prép.Se mettre en forme, en nage, en pleurs, en sang, en sueur, en train. Loc. fig. Se mettre en quatre*. b) Se mettre + adj.Elle défit les deux boucles de sa tunique et se mit nue, l'étoffe ayant glissé à terre (Louys, Aphrodite, 1896, p.113). 2. Provoquer un changement d'état, de situation. a) [Le compl. désigne une situation concr.] Pour n'incommoder personne, ma mère se mit en chambre garnie (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p.106).Moitié misère, moitié régime nécessaire à ma santé, je m'étais mis au lait, en attendant de recevoir quelques fonds de France (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1711).Geoffroy, qui craignait de s'être mis en retard, grimpa rapidement le perron de la mairie de Souilly (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p.253). SYNT. et LOC. Se mettre à jour, à la page, au goût du jour; se mettre au régime; se mettre en appétit; se mettre en valeur, en vedette; se mettre dans l'embarras, dans une situation inextricable, dans son tort; se mettre dans le cas de, dans l'impossibilité de, en mesure de; se mettre en frais (de). Se mettre bien (fam., parfois iron.). Avoir une situation enviable, ne rien se refuser. Il me donna deux lettres, l'une pour un comte, l'autre pour un duc. Je me mets bien, comme tu vois (A. Daudet, Pt Chose, 1868, p.167). Se mettre dans le bain; se mettre dans le coup. Il y avait beaucoup de vérité dans le reproche que m'avait un jour fait Nadine: «Tu ne te mets jamais dans le coup» (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.186). − [Dans le cadre de relations interpersonnelles] Je me devais à mes commettants; je me mis à leurs ordres (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.334).Je trouvai une certaine douceur (...) à l'entendre, comme une épouse aurait fait, me donner la permission de faire comme je voudrais, et m'approuver, si M. de Charlus, qu'elle aimait bien, avait besoin de moi, de me mettre à sa disposition (Proust, Sodome, 1922, p.1064).On s'était à peu près mis d'accord, entre gens de tendances contraires, pour adopter, sur le plan pratique, une formule moyenne (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p.28). SYNT. et LOC. Se mettre au diapason, à l'unisson; se mettre au service de qqn; se mettre d'accord, en accord, en contradiction, en harmonie, en opposition (avec qqn); se mettre en communication, en liaison, en rapport, en relation (avec qqn). ♦ Se mettre ensemble, se mettre à plusieurs (pour + inf.). Se grouper (pour faire quelque chose). De son côté, monsieur de Ligny (...) répondait très clairement aux avances de Nanteuil. Voilà comment ils se mirent ensemble (A. France, Hist. comique, 1903, p.202).V. cadavre ex. 3. ♦ Se mettre bien/mal avec qqn. Gagner la confiance de quelqu'un, se brouiller avec quelqu'un. Les deux gendarmes étaient très aimables, et je me suis mis fort bien avec eux sur la route en leur racontant les combats qui avaient eu lieu dans ce pays du temps de la Ligue (Nerval, Bohême gal., 1853, p.180).Tu as tort, me disait-il, tu as tort de te mettre mal avec les gosses du quartier. Quand tu viendras un matin faire la tournée avec nous, ils te reconnaîtront et on ne sait pas ce dont ils seront capables! (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.152). Rem. Se mettre + attribut, pop. Le jour du certif (...) comme (...) je ne connaissais que dalle en calcul (...) je m'étais mis pote avec [E.] (...) qui réalisa mes problèmes (Trignol, Pantruche, 1946, p.18). − [Dans des tournures en usage notamment dans le style admin.] Se mettre en congé, en disponibilité, en retraite; se mettre en instance; se mettre en règle. Les affaires étrangères ne ressortent plus au prince de Hardenberg, M. de Bernstorff s'est mis hors de tutelle (Chateaubr., Corresp., t.2, 1821, p.234).Marie Duplessis, pour laquelle sept membres du jockey se mirent en association (Fargue, Piéton Paris, 1939, p.180). b) [Avec un compl. ou un attribut spécifiant le statut, la profession de qqn] − Se mettre + compl. prép.Se mettre en brasserie; se mettre en condition. Issu d'une bonne famille, il s'était mis dans le commerce, où ses goûts ne l'attiraient guère, et y avait mangé son bien (Gobineau, Pléiades, 1874, p.39).Il se met dans le taxi à son compte et s'installe, naturellement, au coeur du XVeoù provignent les garages, les fosses de nettoyage, les entreprises de dépannage (Arnoux, Paris, 1939, p.246). − Pop. Se mettre + attribut.Ma foi, ce n'est pas la peine de se mettre voleurs (Vidocq, Mém., t.4, 1828-29, p.246).Je dis toujours que j'en ai assez, que c'est ma dernière tournée. Je répète à qui veut l'entendre que j'aime mieux me mettre ouvreuse ou placière en parfumerie (Colette, Music-hall, 1913, p.106).Les pêcheurs de Douarnenez ou de Camaret «trouvaient drôle» qu'un simple pêcheur de Sein se fût mis prêtre (Queffélec, Recteur, 1944, p.192). c) [Le compl. dir. désigne un état mental, moral ou psychol.] Elle aimera mieux le laisser [son mari] dans l'erreur (...) que de l'exposer à se mettre dans une colère qui offenserait le ciel (Senancour, Obermann, t.2, 1840, p.31).Le diable, peut-être pour éviter qu'elle se mît en garde (...) avait pris soin de justifier cette affection par une espérance chrétienne (Mérimée, A. Guillot, 1847, p.132).Nous devons toujours consentir à une colère pour qu'elle puisse se manifester, et (...) suivant l'expression si juste, on se met en colère (Sartre, Réfl. quest. juive, 1946, p.21): 24. Beethoven, dans la puissante période de sa maturité créatrice, n'a pas forgé sa forme propre du lied, − sans doute parce qu'il n'est pas arrivé à se mettre au clair sur ce qu'il voulait de lui.
Rolland, Beethoven, t.1, 1937, p.164. SYNT. et LOC. Se mettre au courant, au fait, au parfum (pop.); se mettre en goût; se mettre en devoir de; se mettre à l'aise, à son aise; se mettre dans tous ses états, sens dessus dessous; se mettre en boule (fam.), en colère, en défiance, en émoi, en fureur, en furie, en joie, en peine, en rage, en rogne (fam.); se mettre hors de soi; se mettre sur son quant à soi. − Région. (Sud de la France). Se mettre + adj.J'ai voulu expliquer la chose au gouverneur; mais il s'est mis furieux (A. Daudet, Nabab, 1877, p.49). d) [Le compl. désigne un procès] Je montai dans la patache, le conducteur fit claquer son fouet, et les chevaux se mirent en marche dans ce brillant tapage (Tharaud, Fête arabe, 1912, p.66).Les trois prêtres se mirent en prière et firent une longue méditation devant ce paysage nocturne (Barrès, Colline insp., 1913, p.290). SYNT. et LOC. Se mettre au galop, au pas, au trot; se mettre à l'écoute, à la cadence; se mettre à la poursuite de, à la recherche de; se mettre en branle (fam.), en campagne, en cavale (pop.), en chemin, en route; se mettre en chasse; se mettre en quête de; se mettre en grève, en insurrection; se mettre à l'école* de qqn. B. − Emploi pronom. passif. Cette chaudière présente une grande surface de chauffe et se met très rapidement en pression (Ser, Phys. industr., 1890, 110).Comment le mot je peut-il se mettre au pluriel? (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.400). C. − Se mettre à 1. Commencer à faire quelque chose; entrer dans un processus. a) Se mettre à + subst. (désignant un procès).Se mettre à la besogne, à la tâche, au travail. J'ai voulu d'abord me mettre à l'étude et j'ai commencé à lire quelque chose sur la philosophie de Kant (Maine de Biran, Journal, 1816, p.165).Nous serons prêtes! s'écrièrent à la fois Mimi et Phémie. Sur-le-champ elles se mirent à l'oeuvre, et pendant seize heures, elles ne quittèrent ni les ciseaux ni l'aiguille (Murger, Scènes vie boh., 1851, p.201).Les cinq hommes s'acheminèrent un matin vers cette pièce de terre et se mirent à l'ouvrage de suite et sans un mot, car la tâche de chacun avait été fixée d'avance (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p.59). b) Se mettre à + inf.Je me suis mis à dessiner, ma chère cousine, depuis quelques jours, et cela m'a fait venir l'idée que je pourrais bien aussi mettre mes talens à profit (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1672).Je saisis la petite terrine où mijotait la soupe; je m'assis à ma place familière, entre l'évier et le buffet de bois blanc, et je me mis à manger (Duhamel, Confess. min., 1920, p.116): 25. Nous allions nous la voir dans son jus, la vraie Afrique! Nous les passagers boissonnants de l'amiral Bragueton! Mais dès après les côtes du Portugal, les choses se mirent à se gâter. Irrésistiblement, certain matin au réveil, nous fûmes comme dominés par une ambiance d'étuve infiniment tiède, inquiétante.
Céline, Voyage, 1932, p.140. c) S'y mettre.Couture fait, dit-il, des études préparatoires, pour apprendre par coeur, en quelque sorte, le morceau qu'il veut peindre et s'y met ensuite avec chaleur (Delacroix, Journal, 1847, p.189).Je suis las, profondément las de tout! Pourvu que je ne rate pas aussi Saint-Antoine! Je vais m'y mettre dans une huitaine, quand j'en aurai fini avec Kant et avec Hegel (Flaub., Corresp., 1872, p.364). 2. Prendre goût à. Se mettre à fumer. C'est un brave marin, monsieur, que mon fils Gildas; mais il est perdu comme son père parce que, lui aussi, s'est mis à boire (Loti, Mon frère Yves, 1883, p.115). 3. En constr. impers. Il se met à faire beau. Nous marchions le plus vite possible, mais il s'est mis à pleuvoir! (Céline, Mort à crédit, 1936, p.543). ♦ Le temps se met à + subst. Le temps évolue vers. Le temps s'étant mis à la pluie, j'ai renoncé à découcher (Amiel, Journal, 1866, p.215).Le 20 février, le temps se met au beau (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p.24). D. − Fam. et vieilli. Se mettre après qqc.Commencer à s'occuper de quelque chose. Synon. fam. s'atteler à.V. après ex. 68. Rem. gén. 1. Dans la lang. soutenue et notamment dans la lang. écrite, on emploie souvent un verbe plus précis que mettre ou se mettre. Ainsi insérer, introduire ou loger peuvent se substituer à mettre dans + compl. de lieu, appliquer ou poser à mettre sur, revêtir ou chausser à mettre (un vêtement, des souliers), s'installer à se mettre + prép. + compl. de lieu. 2. Mettre et se mettre entrent dans de très nombreuses loc. et constr. dont la lang. fournit par ailleurs des verbes synon. P. ex.: mettre ensemble, assembler; mettre obstacle à, empêcher; mettre à l'épreuve, éprouver; mettre à sec, assécher; mettre de côté, réserver ou épargner; mettre dans l'embarras, embarrasser; mettre en opposition, opposer; mettre en terre, enterrer ou planter; mettre par écrit, inscrire ou écrire; se mettre au courant, s'informer; se mettre debout, se lever; se mettre au lit, se coucher. Prononc. et Orth.: [mεtʀ]. Prononc. ds Martinet-Walter 1973, de mettre cette robe [mεtʀsεtʀ
ɔb], [mεtʀ
əsεt-], [mεtsεt-] (10, 4, 4). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Trans. I. Faire passer en un lieu A. Porter, provoquer, causer, faire 1remoitié xes. (Jonas, éd. G. de Poerck, 197: ... liberi de cel peril qet il habebat discretum qe super els mettreiet); 1160-74 metre le feu (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 3338); id. metre fin (Id., op. cit., III, 200); ca 1170 metre desfanse «s'opposer, résister» (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1747). B. Attribuer à une personne une affectation déterminée 1. 2emoitié xes. (St Léger, éd. J. Linskill, 22: Ab u magistre sempreˑl mist [sant Lethgier]); fin xes. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 360: Nos te praeiam, per ta mercet Gardes i met, non sia emblez [Jesus]); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 149: Pa[r] num d'ocire i metrai un mien filz [comme otage]; 2238: Ço est l'arcevesque, que Deus mist en sun num); 2. 2emoitié xes. metre en reclus «mettre en prison» (St Léger, 155); ca 1100 (Roland, 2934: L'anme de tei seit mise en pareïs!); ca 1170 metre a seür «mettre en sûreté» (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Guigemar, 230); 3. exposer, soumettre 1130-40 metre en jugement «accuser» (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 649); 1155 metre en abandun «exposer au danger» (Id., Brut, éd. I. Arnold, 7778); 1283 metre en vente (Beaumanoir, Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1511); 4. ca 1150 metre a lettres «envoyer à l'école» (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 67). C. Faire occuper un nouvel endroit, un endroit déterminé (souvent avec une nuance de rapidité, de violence) 1. fin xes. forsmedre «chasser» (Passion, 420: ... sancta Mariae, De cui sepˑdïables forsmisdret [Jesus]); ca 1100 (Roland, 1355: Fors de la teste li met les oilz ansdous); 2. metre en
α) fin xes. (Passion, 246: Et en sa man un raus li [Jesu] misdrent); 1160-74 fig. metre en mein a «donner, mettre à disposition» (Wace, Rou, III, 155);
β) ca 1050 metra an terre, metre en un sarqueu (St Alexis, éd. Chr. Storey, 579, 583);
γ) ca 1050 fig. metre el consirrer «mettre dans sa pensée, son esprit; méditer sur» (ibid., 244); 1121-34 metre en ubli (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1373); 1155 metre en memoire «perpétuer, faire garder le souvenir» (Wace, Brut, 9026); 3. ca 1050 «donner, attribuer» (St Alexis, 30: Bel num li metent [à Alexis] sur la cristïentet); ca 1100 (Roland, 3861: Mult granz offrendes metent par cez musters); 4. ca 1100 metre a (ibid., 1753: Rollant ad mis l'olifan a sa buche); 5. disposer, préparer
α) ca 1100 metre le sege (ibid., 212); ca 1150 metre le manger (Wace, St Nicolas, 1324); ca 1165 metre les tables (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 2517);
β) ca 1100 metre en reng (Roland, 2192); 1155 metre en conrei «ranger en ordre de bataille» (Wace, Brut, 851);
γ) 1176 fig. metre an la voie «mettre sur le droit chemin» (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 1032). D. Faire occuper à une partie du corps une place précise fin xes. (Passion, 463: Sobrae malabdes mans metran [li soi fidel]); ca 1100 metre la main a l'espee (Roland, 443); 1160-74 metre main a «saisir quelqu'un [pour l'arrêter]» (Wace, Rou, III, 9209); 1377 metre le pié a terre [d'un cavalier] (Gace de La Buigne, Deduis, éd. . Blomqvist, 1953). E. Disposer sur le corps ca 1100 (Roland, 1826: E si li metent el col un caeignun); ca 1170 (Marie de France, Lais, Eliduc, 409: L'anelet d'or mist en sun dei; Lanval, 572: Les pans [de son mantel] en ot entur li mis). F. Consacrer à quelque chose, investir 1. début xiies. «employer une certaine durée, un certain laps de temps» (Benedeit, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 260: E al querre treis jurs mistrent); 2. 1160-74 «exposer, risquer» (Wace, Rou, III, 7627: Por vostre cors, le mien metreie); 3. ca 1170 «consacrer (ses moyens, son énergie)» metre s'entente en (Marie de France, Lais, Yonec, 26); 1174-87 metre tote sa force en (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 4282); 4. ca 1210 «dépenser, engager une somme d'argent» (Guiot de Provins, Bible, éd. J. Orr, 1958, 2076). G. Pourvoir une chose d'un élément qui lui manque, qui lui convient ca 1170 (Chrétien de Troyes, Erec, 1608: Ele les [les ataches] fet tot maintenant El mantel metre isnelemant). H. [D'un animal] se revêtir, se couvrir de xives. metre les pennes (Moamin et Ghatrif, I, 12, 3 ds T.-L.), cf. Littré: On dit du porc qu'il a tout mis, quand toutes ses dents sont venues. II. Placer dans une position nouvelle 1. une personne fin xes. (Passion, 285: Cum il l'an mes [Jesum] sus en la cruz); 2. une chose 1155 metre jus les armes «quitter les armes» (Wace, Brut, 2741). III. Placer dans une situation nouvelle (notion de transformation) A. Amener à tel état, telle situation 1. ca 1050 (St Alexis, 358: Metent lur cors en granz afflictiuns; 432: A grant duel met la sue carn medisme); 1erquart xiiies. metre en ire (Renclus de Molliens, Miserere, éd. A. G. van Hamel, 76, 2); 2. 1155 metre a enor «faire parvenir au faîte des honneurs» (Wace, Brut, 1357); 3. 1174-76 metre a nëent «anéantir, détruire» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 6064). B. Transposer dans un autre mode d'expression début xiies. metre en letre «mettre par écrit, écrire dans un récit» (Benedeit, St Brendan, 10); 1155 mettre en escrit (Wace, Brut, 12893); ca 1165 metre en romanz (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 37); ca 1220 metre en rime (Jean Renart, Ombre, éd. J. Bédier, 45); ca 1380 mettre en droit françois (Jean Le Fèvre, Lamentations de Matheolus, éd. A. G. van Hamel, 70). C. Transformer, altérer sur le plan physique 1130-40 metre a vie «faire vivre» (Wace, Ste Marguerite, 648: Biax sire Dex, lor [aux femmes en couches et aux enfants à naître] aïe E l'un et l'autre met a vie); ca 1165 metre a martire (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 8654); ca 1170 metre a mort (Rois, éd. E. R. Curtius, III, VIII, 32, p.130). D. Modifier la forme, la structure ca 1160 metre en cendre «incendier» (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 18); ca 1200 metre en fu et en carbon (Chevalier au cygne, éd. Ch. Hippeau, 88). E. Mettre + inf. 1176-81 metre cuire (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 2870). Pronom. I. Venir occuper un lieu, une place, une situation déterminés A. Se placer près de quelqu'un, entrer en rapport avec lui ca 1050 soi metre an la bailie [d'aucun] (St Alexis, 209); 1160-74 soi metre el conduit [d'aucun] (Wace, Rou, III, 10649); ca 1176 soi mettre an la merci [d'aucun] (Chrétien de Troyes, Cligès, 2143); 1269-78 soi metre o [aucun] «vivre avec quelqu'un» (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 13833). B. 1. Occuper un lieu a) début xiies. «se placer dans un lieu, l'occuper» (Benedeit, St Brendan, 261: Un port truvent, là se sunt mis); b) ca 1180 «se placer, se glisser, s'insinuer quelque part» (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, 65, 12); 2. 1155 «se placer dans une situation déterminée» soi metre en barate, en aventure (Wace, Brut, 4419, 11366); 3. 1670 se mettre à un rang (Pascal, Pensées, éd. J. Chevalier ds
Œuvres, p.1159, §275: L'homme ne sait à quel rang se mettre. Il est ... tombé de son vrai lieu sans le pouvoir retrouver). II. Prendre une certaine position ca 1100 soi metre a tere «se prosterner à terre» (Roland, 1136); id. soi metre sur piez (ibid., 1139); ca 1170 soi metre en genuilluns (Marie de France, Lais, Deux amants, 218); 1176-81 soi metre a genolz (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, 6623). III. Entrer dans un processus, commencer à faire quelque chose 1. soi metre en, ca 1100 soi mettre en bandun «(d'un combattant) offrir le combat, s'exposer aux coups» (Roland, 1220); début xiies. soi metre en mer «prendre la mer, cingler» (Benedeit, St Brendan, 90); 1130-40 soi metre el repaire «se mettre en route pour retourner» (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 62); 1155 soi metre en fuie (Id., Brut, 13127); 1160-74 soi metre en sa rute (Id., Rou, III, 1038); ca 1170 soi metre es galoz (Chrétien de Troyes, Erec, 4346); 2. soi metre a «s'occuper, entreprendre, commencer» a) 1130-40 soi metre a oreisons (Wace, Conception N.-D., 705); ca 1160 (Eneas, 9695: Que nus altre s'i mete mais); b) ca 1170 soi metre a la trace de (Marie de France, Lais, Yonec, 342); ca 1200 soi metre al petit pas (Chanson Guillaume, éd. D. McMillan, 1904). IV. Prendre un aspect physique ca 1470 se mettre en «s'habiller, se déguiser en» (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.4, p.285). Du lat. mittere «envoyer; jeter, lancer (dans un mouvement rapide [p. ex. des armes de trait, cf. I C 1])» et «laisser aller». La notion de rapidité ayant peu à peu disparu, divers emplois de l'a. fr. se laissent discerner dès l'époque impériale, mittere devenant insensiblement synon. de ponere: cf. Sénèque, Benef., 6, 27, 2 ds TLL s.v., 1168, 4: bene meritum ad pedes tuos mittis; et à basse époque: Hier. Mat., 9, 17 ds Blaise Lat. chrét.: neque mittunt vinum novum in utribus veteribus; vies., Oribase, Syn., 1, 31 ds TLL s.v., 1168, 16: mittere in solio; 573-603 Concilium Autiss., can. 37 ds Blaise Lat. chrét.: mittere manum ad aliquid «toucher quelque chose». Le sens «émettre, faire pousser, se revêtir de» remonte au lat. class. où mittere est synon. de induere, d'abord en parlant des plantes mittere folium, florem, radices, puis en parlant d'une personne mittere barbam (Vitae patrum, 6, 3, 2, ibid.), enfin p. ext. mittere vestimenta, ornamenta: dep. Ovide, Ars, 1, 582 ds TLL s.v., 1168, 83: huic detur capiti missa corona tuo; cf. Itala, Marc, 11, 7: miserunt super eum pullum vestimentum et vies. Vitae patrum, 3, 47: misit sibi vestimenta, v. TLL s.v., 1168-69. Le sens «ajouter (un ingrédient à un autre)» se relève ds Apicius, IV, 179 d'apr. Löfstedt, Syntactica, t.2, p.379: cum [ptisana] bullierit, mittes olei satis et anethi modicum fasciculum. Le lat. médiév. connaît aussi le sens de «porter, causer, susciter» (bellum mittere vie-viiies. ds Nierm.; ignem mittere 871-874 ds Nov. gloss.), «consacrer, passer du temps à quelque chose» (856, ibid.), «mettre par écrit» (xes., Rathier de Vérone ds Nierm.), «dépenser, payer» (1076 ds Nov. gloss.), «admettre» (xie-xiies., Chron. Casinense ds Blaise Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér.: 52643. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 67723, b) 88053; xxes.: a) 81105, b) 70131. Bbg. Bos (A.). Mettre au plein. Romania. 1890, t.19, pp.301-302. _ Cledat (L.). Contribution à un nouv. dict. hist. et «de l'usage». R. Philol. fr. 1915-16, t.39, pp.161-173. _ Mihailescu-Urechia (V.), Urechia (A.). Phénomènes inconnus de la lang. Orbis. 1971, t.20, p.11, 14, 15. _ Quem. DDL t.1, 6, 9, 10, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21. _ Sculpt. 1978, p.582. |