| MENDIANT, -ANTE, subst. et adj. I. − Substantif A. − Personne qui mendie. Le roi n'était pas fort au-dessus des peuples; il n'y avait point d'inégalités marquées dans la société; les pauvres et les mendiants étaient frappés et insultés, mais non méprisés et humiliés (About, Grèce, 1854, p. 58).Cependant, en continuant de monter la rue, il avisa, toute glacée sous une porte cochère, une mendiante de treize ou quatorze ans, si court-vêtue qu'on voyait ses genoux (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 149): 1. Qu'Israël, riche et puissant, ait élevé à Jérusalem je ne sais trop quoi de magnifique, cela n'aurait rien que de banal. N'est-il pas plus grandiose et plus en harmonie avec sa destinée, qu'il soit représenté à Sion par des loqueteux et des mendiants?
Tharaud, An prochain, 1924, p. 61. − P. métaph. Je demande l'aumône à la justice des hommes; je suis un mendiant affamé de justice, et mon honneur est en haillons (Musset, Lorenzaccio, 1834, iii, 3, p. 178). B. − Spécialement 1. GASTR. Les quatre mendiants ou simplement les mendiants. Dessert composé d'un mélange de quatre sortes de fruits secs: amandes, figues, noisettes, raisins de Malaga. Ne mentez pas, je connais l'ordinaire lorsque la duchesse est là. En pleine saison des fruits, vous avez dû manger des pruneaux et des mendiants au dessert (A. Daudet, Pte paroisse, 1895, p. 92). 2. RELIG. Ordre des mendiants. Synon. de ordre(s) mendiant(s) (infra II B).Un peu plus d'un siècle après lui, et après beaucoup d'autres, un nouvel auteur reprend le procès des ordres, notamment ceux des Clunisiens et des Mendiants (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 45). II. − Adjectif A. − 1. Qui réclame, qui sollicite avec humilité: 2. Chose curieuse, plus haut que cela, un métier où le créancier est humble et mendiant, le débiteur haut et insolent, où la paie de l'ouvrage est comme une grâce et un bon vouloir de celui qui a reçu l'ouvrage et où les plus honnêtes ne se résignent qu'avec peine à payer leurs dettes.
Goncourt, Journal, 1857, p. 421. 2. Qui traduit l'acte de mendier. L'enfant entre à peine et s'esquive, après un geste mendiant, caressant (Colette, Music-hall, 1913, p. 225). B. − RELIG. Ordres mendiants. ,,Ordres religieux apparus au début du xiiies., répondant à l'exigence de pauvreté volontaire, individuelle et collective`` (Fédou, Moy. Âge, 1980). Frère, moine mendiant: 3. Le désordre qui résulte de ces moeurs est accru, vers le milieu du
xiiiesiècle, par les violentes contestations nées dans l'université entre les docteurs des ordres mendiants, Prêcheurs et Mineurs, qui prétendent eux aussi à des chaires.
Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 101. Prononc. et Orth.: [mɑ
̃djɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694; 1694-1798 uniquement au masculin. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. a) fin xiies. «personne qui mendie» (Le Conte de Floire et Blancheflor, éd. J. Le Leclanche, 761); b) 1275-80 «moine mendiant, frère quêteur» (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 8070); 2.1640 lis quatres Mendiants «mélange de fruits secs (amandes, figues, noisettes, raisins) servi comme dessert» (Oudin, Curiositez). B. Adj. av. 1191 «qui fait profession de mendier» mendians e caitis coume povres garçons (Gui de Cambrai, Vengement Alexandre, éd. B. Edwards, 1585); en partic. ca 1350 ordenes mendians «ordre religieux dont les membres vivaient uniquement d'aumônes» (Gilles Li Muisis, Poésies, I, 243 ds T.-L.: ordenes... qu'on appelle Mendians, Augustins, Jacobins, Freres Meneurs). Part. prés. adj. et subst. de mendier*; a éliminé l'a. fr. mendi de même sens (1remoitié xiies., Psautier Cambridge, 34, 11) usuel jusqu'au xvies. (Th. de Beze, ds Hug.), qui est issu du lat. class. mendīcus, v. mendier d'où aussi l'ital. mendico, l'esp. mendigo. Fréq. abs. littér.: 1286. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1599, b) 2056; xxes.: a)2608, b)1433. |