| * Dans l'article "MAUSSADE,, adj." MAUSSADE, adj. A. − [En parlant de qqn ou de sa manière d'être] Qui exprime son mécontentement, sa mauvaise humeur ou son ennui. Air, caractère, figure, mine, ton maussade. Ah! ce mariage que son fils avait voulu faire contre son gré, dans la crise de la cinquantaine, après vingt ans d'un ménage glacé avec une femme maussade et maigre (Zola, Débâcle, 1892, p.263).C'était le regard maussade d'une vieille femme qui radote (Proust, Guermantes 2, 1921, p.333): 1. Cette jolie fille devint soudain d'humeur maussade. Elle s'apercevait que M. Ouvrard lui montrait des égards insuffisants: à peine un salut et pas une parole. Cela s'expliquait par la tournure de son chapeau, composé de choses diversement coloriées, dont une plume magnifique qui en faisait tout le tour et pendait par derrière.
Hamp, Marée, 1908, p.70. B. − [En parlant de qqc.] Qui traduit ou provoque l'ennui, la tristesse, le désagrément. Aspect maussade; ville maussade. La marchesa m'a écrit une lettre maussade à dessein, je m'imagine, pour me faire aller chez elle ce soir (Barb. d'Aurev., Memor. 1, 1837, p.158).Hier, temps maussade. Aujourd'hui, soleil (...). Rien ne donne le goût de la vie comme de voir les boeufs manger les boutons d'or. De loin, Paris, c'est quelque chose, et, de près, ce n'est rien (Renard, Corresp., 1905, p.310): 2. On entrait et, dans un petit cabinet assez maussade, on trouvait derrière un bureau un homme jeune, svelte, d'une mise sobre mais élégante, avec une grande barbe si foncée qu'elle a bien de la peine, aujourd'hui, à se mettre en gris.
L. Febvre, Combats pour hist., Hommage à Henri Berr, 1952, p.339. Prononc. et Orth.: [mosad]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1370-72 malsade «grossier, malappris» (N. Oresme, Ethiques, II, 10, éd. A. D. Menut, p.168); 2. 1erquart du xves. «(personne) désagréable à voir, déplaisante, sale» (Miracles de sainte Geneviève, éd. Cl. Sennewaldt, 1203); 3. a) 1588 «qui laisse voir de la mauvaise humeur» (Montaigne, Essais, III, 9, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.975); b) 1609 maussade mine (M. Régnier, Satire XI, 143 ds
Œuvres complètes, éd. G. Raibaud, p.136); 4. a) 1762 «qui inspire de l'ennui» (Rousseau, Emile, IV ds
Œuvres complètes, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t.4, p.686); b) 1835 temps maussade (Ac.). Comp. de l'élém. mal-* et de sade «savoureux, agréable à boire ou à manger; agréable, gracieux» (dep. le xiies. ds T.-L.), du lat. sapidus «qui a du goût, de la saveur», cf. sapide. Fréq. abs. littér.: 542. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 403, b) 1111; xxes.: a) 1017, b) 753. DÉR. Maussadement, adv.D'une manière maussade. Je ne revois en moi qu'ombre, laideur, sournoiserie. On m'emmenait au Luxembourg; mais je me refusais à jouer avec les autres enfants; je restais à l'écart, maussadement, près de ma bonne; je considérais les yeux des autres enfants. Ils faisaient, à l'aide de seaux, des rangées de jolis pâtés de sable... Soudain, à un moment que ma bonne tournait la tête, je m'élançais et piétinais tous les pâtés (Gide, Si le grain, 1924, p.350).− [mosadmɑ
̃]. Att. ds Ac. 1694-1878. − 1resattest. a) 1530 «d'une manière sale, grossière» (Palsgr., p.830a), b) 1694 «de mauvaise grâce, avec une humeur désagréable» (Ac.); de maussade, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 15. |