| * Dans l'article "MAUGRÉER,, verbe" MAUGRÉER, verbe A. − Emploi intrans. Montrer sa mauvaise humeur, son mécontentement, son impatience, sa réticence en prononçant des paroles à mi-voix. Le lieutenant Jacquey, vaincu par cette fermeté, sortit en maugréant (Sue,Atar-Gull,1831, p.21).Il ne tenait pas en place, il marquait visiblement son mécontentement, piétinant et maugréant, s'il le [son fauteuil] trouvait occupé à son arrivée (Léautaud,Passe-temps,1929, p.110). ♦ Maugréer après, contre + subst.Sa femme remit sur son dos ses hardes à peine sèches, chaussa ses brodequins racornis et, maugréant après le ciel, embrassa les jeunes filles (Huysmans,Soeurs Vatard,1879, p.46).Marie-Anne acquiesça de la tête, mais dès que l'oblat se fut éloigné, elle regagna sa cuisine en maugréant contre ce jeune prêtre trop hardi (Barrès,Colline insp.,1913, p.321).Maugréer de + inf.Ce matin-là, tandis qu'il écrivait à son amie, on frappa à la porte. Il alla ouvrir, en maugréant d'être dérangé (Rolland,J.-Chr.,Nouv. journée, 1912, p.547). B. − Emploi trans. 1. Vx, littér. Maudire quelqu'un, blasphémer. Voilà quinze ans (...) que je l'entends tous les soirs maugréer les femmes bohèmes avec des exécrations sans fin (Hugo,N.-D. Paris,1832, p.547).À plusieurs reprises (...) le dauphin avait défendu de maugréer, de renier, de blasphémer le nom de Dieu, de la Vierge Marie (A. France,J. d'Arc,t.1, 1908, p.294). 2. Dire quelque chose à mi-voix, comme pour soi, avec mauvaise humeur. La peste! ne put s'empêcher de maugréer l'abbé Volland, voilà qui gâte tout! (Theuriet,Mar. Gérard,1875, p.203). 3. Emploi pronom. réciproque. [Correspond à supra A] Deux créatures qui ne se conviennent pas, pourraient aller chacune de son côté; eh! bien, faute de quelques pistoles, il faut qu'elles restent là en face l'une de l'autre à se bouder, à se maugréer, à s'aigrir l'humeur (Chateaubr.,Mém.,t.4, 1848, p.31). REM. Maugréant, -ante, part. prés. adj.Nous ne sommes pas les rois, mais les esclaves maugréants d'un triste pays pluvieux (Duhamel,Terre promise,1934, p.159).Une apparition atteinte de calvitie, maugréante et hargneuse, une clef à la main surgit de la foule (Arnoux,Paris,1939, p.293). Prononc. et Orth.: [mogʀee], (il) maugrée [mogʀe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1279 trans. «maudire, blasphémer contre quelqu'un» il ... maugree Dieu et ses sains (Laurent, Somme, Richel. 22932, fo10ads Gdf., s.v. malgreer); b) 1875 «dire à mi-voix et avec mauvaise humeur» (Theuriet, Mar. Gérard, p.189: Quatre jour! maugréa le chevalier dès que le docteur fut parti); 2. 1306 intrans. «exprimer sa mauvaise humeur, son mécontentement» qui maugraie et jure (Guillaume Guiart, Royaux Lignages, éd. de Wailly et Delisle, 19697). Dér. de l'a. fr. maugré «chagrin, peine, mécontentement» 1174-80 (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 1020), comp. de mau- (v. mal1) et de gré*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 114. DÉR. Maugréeur, -euse, adj. et subst.,peu usité. a) Adj. et subst. (Personne) qui maugrée. Un maugréeur éternel. Ducs et hauts seigneurs y sont orgueilleux, vains, maugréeurs, jureurs et félons (A. France,J.d'Arc,t.1, 1908, p.275).b) Adj. Mêlé de mauvaise humeur. Elle courut pour répondre à l'appel du téléphone, avec une joie maugréeuse, comme chaque fois que sa remuante oisiveté et sa solitude encombrée l'obligeaient à l'agitation (Colette,J. de Carneilhan,1941, p.31).− [mogʀeoe:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. 1erquart xves. «blasphémateur» (Miracles de Ste Geneviève, éd. Cl. Sennewaldt, 1006: Felons, maugrëeurs, mesdisans) − xvies. ds Hug., à nouv. au xixes. 1845 (Besch. qui note ,,vieux et inusité``); de maugréer, suff. -eur2*. BBG. −Keller (H.-E.). Notes d'étymol. gallo-rom. et rom. In: [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, p.241, 244. |