| MATURITÉ, subst. fém. Étape ultime d'un processus de croissance. A. − [La croissance concerne la vie végétale] État, qualité d'un fruit mûr parvenu à son développement complet. Degré, point de maturité; maturité complète, précoce, tardive. J'allais à travers champs parmi de maigres blés déjà blonds de maturité (Du Camp, Nil, 1854, p.204).Fruit qui parvient à maturité après certaines phases de végétation antérieure (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p.256): 1. C'est l'époque où les hautes graminées qui dominent le peuple dru des herbes passent du vert sombre au roux «queue de renard», signe de la maturité du foin.
Pesquidoux, Chez nous, 1923, p.73. − P. anal., MÉD. Maturité d'un abcès. Phase ultime du développement d'un abcès. (Ds Littré). B. − [La croissance concerne la vie humaine] Épanouissement physiologique et psychologique d'un être humain correspondant généralement à l'âge adulte. Les malheurs de la France, la séparation de l'Alsace et de la Lorraine, avaient imprimé au caractère de Marcel une maturité toute virile (Verne, 500 millions, 1879, p.22).Air de responsabilité et de maturité (Larbaud, Journal, 1932, p.269): 2. ... ils étaient de jeunes officiers, et par suite manquaient de maturité, c'est-à-dire de l'expérience qui seule donne au jugement tout son développement...
Foch, Mém., t.1, 1929, p.21. En partic. État des cellules sexuelles au terme de leur maturation. Du moment où l'ovule (...) approche de sa maturité (L. Roule, L'Embryol. gén., Paris, Reinwald, 1893, p.76).♦ Âge de maturité; p. ell., la maturité. Période de la vie comprise entre la jeunesse et la vieillesse pendant laquelle les facultés humaines ont atteint leur ultime développement. Donnons-nous au contraire l'enfance, l'adolescence, la maturité et la vieillesse comme des parties intégrantes de l'évolution (Bergson, Évol. créatr., 1907, p.311). ♦ Maturité sexuelle. Phase ultime du développement de la sexualité. La scène sexuelle ne sera qu'un spectacle insolite et inquiétant, elle n'aura pas de sens, si l'enfant n'a pas encore atteint le degré de maturité sexuelle où ce comportement devient possible pour lui (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.215). ♦ Maturité (de la raison, de la pensée, du jugement). Terme ultime du développement de l'esprit. Atteindre, toucher la maturité; les désillusions de la maturité. Arrivé à la plénitude de sa force, à la maturité de sa raison, il se rend un compte exact des grandes sensations de son esprit et de son coeur (Dumas fils, Fils natur., 1858, i, 1, p.71).Homme dans la maturité de l'âge et du talent. Homme parvenu au sommet de ses capacités. Si donc un homme dans la maturité de l'âge et du talent, profondément versé dans les sciences économiques et dans la philosophie du temps, n'avait entrepris que la seconde de ces choses seulement, je l'aurais trouvé déjà excessivement modéré (J. de Maistre, Constit., 1810, p.25). − P. anal. Maturité des sciences. Époque où les sciences sont parvenues à leur épanouissement. Qu'étoit tout le savoir de l'homme avant la maturité des sciences? Et cependant, que serions-nous sans les oeuvres du génie? (Bonstetten, Homme Midi, 1824, p.224). − ENSEIGN. Cycle de maturité. Dernier cycle d'études de l'enseignement secondaire. La corporation des professeurs de lycée, et avec elle une forte proportion de familles ambitieuses, sont désireuses d'assurer à leurs enfants la continuité des études entre le cycle d'orientation et le cycle de maturité dans le même établissement (Capelle, Éc. demain, 1966, p.72).Certificat de maturité. Certificat délivré à l'élève qui a suivi le cycle de maturité. L'admission dans les instituts techniques (...) pourrait être prononcée à partir de la présentation des deux documents de fin d'études (le résumé analytique et le certificat de maturité) (Capelle, Éc. demain, 1966, p.161). ♦ Région. (Suisse). Maturité (fédérale). Certificat de fin d'études secondaires (reconnu par les autorités de la Confédération helvétique). Le diplôme requis pour entrer [à l'École d'études sociales et pédagogiques de Lausanne] est le baccalauréat, la maturité fédérale, le diplôme de culture générale, un diplôme de commerce officiel, un brevet pour l'enseignement primaire ou un titre équivalent (B. officiel des délibérations du Grand Conseil de la République et Canton de Neuchâtel, vol. 138, 1972-73, p.327). C. − 1. P. anal. (avec l'homme). [La croissance concerne un groupe social, la société] Terme ultime d'un développement de la vie en société: 3. Il est désormais acquis que les associations politico-criminelles qui fonctionnent par la ruse, ont une place reconnue dans une démocratie parvenue à sa maturité.
Sorel, Réflex. violence, 1908, p.297. 2. Terme ultime du développement de la conscience politique. Par quelles épreuves pensait-il [Marx] que devaient passer le prolétariat et l'Europe pour que la classe ouvrière arrivât à la maturité politique? (Jaurès, Ét. soc., 1901, p.37). REM. Matu, subst. fém.,région. (Suisse) et fam. Abrév. de maturité (fédérale). Qu'est-ce qu'il va faire s'il rate sa matu, hein, adieu la noce (G. Clavien, Le Partage, Sion, éd. La Lorraine, 1976, p.254). Prononc. et Orth.: [matyʀite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1477-1507 bot. (Jean Molinet, Chroniques, chap.45, éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t.1, p.220); 1488 (Mer des Histoires, I, 158d, éd. 1491 ds Rom. Forsch. t.32, p.103); b) 1751 méd. (Encyclop. t.1, p.15b, s.v. abcès); c) 1867 «état du bois bon à couper» (Clavé, R. des Deux-Mondes, 15 avril, p.862 ds Littré); d) 1893 biol. (L. Roule, loc. cit.); 2. a) 1546 fig. «état de ce qui a atteint son plein développement» (Rabelais, Tiers livre, chap.40, éd. M. A. Screech, p.278); b) 1548 spéc. «l'âge mûr» (Th. Sébillet, Art poét. fr., l.I, chap.3, éd. F. Gaiffe, p.120); c) 1549 «sagesse, expérience» (J.Lemaire de Belges, Couronne margaritique, éd. J. Stecher, t.4, p.118). Empr. au lat. maturitas «maturité (moissons, fruits); fig., plein développement, perfection (âge, talent)», dér. de maturus (mûr*). Maturité a éliminé l'a. et m. fr. meürté. Fréq. abs. littér.: 539. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 757, b) 555; xxes.: a) 713, b) 918. Bbg. Maulnier (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp.147-148. |