| MAT1, adj. inv. et subst. masc. JEUX (échecs) I. − Adj. inv. [En parlant du roi] Qui est mis en échec et qui ne peut plus se déplacer ou se protéger sans être à nouveau mis en échec. M. Noirtier pour qui la France n'était qu'un vaste échiquier duquel pions, tours, cavaliers et reine devaient disparaître pourvu que le roi fût mat (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.714).J'annonce [à mon adversaire] d'une voix tranquille, mais triomphante, que son roi est échec et mat (Green, Journal, 1935, p.41). − P. méton., [en parlant du joueur dont le roi est mat et qui perd] Il [le prince d'Hindoustan] trouve vingt joueurs [d'échecs] tout prêts; On commence... Dix coups après, Le prince était mat (Nadaud, Chansons, 1870, p.392). ♦ Loc. verb. Faire qqn échec et mat ou faire mat. V. échec ex. 3 et égal ex. 17.P. métaph. Trouvez le moyen de laisser toujours votre femme en échec, afin de n'être pas mat vous-même (Balzac, Physiol. mar., 1826, p.121).Ce drôle, ce fat Qu'au brave jeu d'épée, hier, vous avez fait mat (Rostand, Cyrano, 1898, ii, 6, p.76).C'est à moi qu'il est venu conter sa mésaventure, et comment une jeune femme l'avait fait mat, sans vouloir rien entendre de ses offres (La Varende, Bric-à-brac, 1953, p.223). II. − Subst. masc. Coup par lequel le roi est mis mat et qui fait gagner la partie. Cette grande journée (...) n'offrit qu'un seul problème au Grand-Veneur, celui de savoir si le cerf viendrait mourir en haut du boulingrin devant le château; car les chasseurs de cette force sont comme ces joueurs d'échecs qui prédisent le mat à telle case (Balzac, Modeste Mignon, 1844, p.297).Voilà un beau mat (Littré): 1. ... le café de la Régence est encore le rendez-vous des descendans de Philidor, qui font la grande, ou plutôt la seule affaire de leur vie, d'un pat, d'un mat [it. ds le texte] ou d'un gambit.
Jouy, Hermite, t.1, 1811, p.104. − Loc. verb. ♦ Être sous le mat. Ne plus pouvoir se déplacer sur aucune case sans être menacé par l'adversaire. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Donner un échec et mat ou donner un mat. Alors commence pour le vrai, le pur ouvrier en journal, une petite angoisse quotidienne. Elle lui représente ce que peut être (...) le mat à donner pour le joueur d'échecs, un contre à tromper pour l'escrimeur (Bourget, Physiol. am. mod., 1890, p.10).P. métaph.: 2. ... une femme qui se chicane, qui ne veut qu'inspirer de l'amour? Eh, mais il faut en avoir une comme on a un cheval de luxe; voir, dans le combat du confessionnal contre le canapé, ou du blanc contre le noir, de la reine contre le fou, des scrupules contre le plaisir, une partie d'échecs fort divertissante à jouer. Un homme tant soit peu roué, qui sait le jeu, donne le mat [it. ds le texte] en trois coups, à volonté.
Balzac, Langeais, 1834, p.286. Prononc. et Orth.: [mat]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et hist. A. Subst. 1. Ca 1155 mat «coup par lequel le roi est mat» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 10560 [var. ms. xiiies.]: Au geu del mat); 2. ca 1224 dire eschec et mat fig. (Gautier de Coinci, Miracles de Nostre-Dame, éd. V. F. Koenig, t.1, p.14, 231 [I Pr. 1]); 1316 faire eschec et mat à (Geffroy de Paris, Chron. métrique, 1762 ds T.-L.); 1609 avoir un escheq et mat (Régnier, Satire [X], 294, éd. G. Raibaud, p.144). B. Adj. ca 1195 (Ambroise, Guerre sainte, 6661 ds T.-L.: Et tote l'ëust el feit mate); 1176-81 «se dit du joueur dont le roi est mat» ici au fig. (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 2578: maz et haves [cf. Z. rom. Philol. t.5, p.97]). Tiré de l'expr. échec et mat, empr. à l'ar. as-sāh māt(a) «le roi est mort» (as-, forme assimilée de l'art. déf. al-; sāh «roi, dans le jeu d'échecs», empr. au persan sāh «roi», v. schah; māta «il est mort»). Bbg. Quem. DDL t.10. |