| MARXISME, subst. masc. A. − 1. Ensemble des conceptions fondamentales élaborées par Marx et Engels (à partir de 1845-1846), centré sur la critique de l'économie politique bourgeoise et l'étude scientifique du mode de production capitaliste (doctrine économique), qui constitue le matérialisme dialectique et historique (doctrine philosophique et sociale) et le socialisme scientifique. Un des mérites essentiels du marxisme fut d'intégrer la dialectique consciente de Hegel dans la conception matérialiste de la nature (Bouv.-Ibarr.1975): 1. ... tous les concepts spécifiques du marxisme [it. ds le texte] (ou les concepts antérieurs pris dans leur acception spécifiquement marxiste) sont des concepts, non de chose, mais de rapport. Ainsi pour le marxisme le capital est un rapport de production, l'État est le condensé des rapports économiques, l'idéologie est le rapport plus ou moins mystifié des hommes à leurs conditions réelles d'existence, l'«essence humaine» n'a d'autre réalité que celle de l'ensemble des rapports sociaux...
L. Sève,Une Introd. à la philos. marxiste,Paris, Éd. soc., 1980, p.70. 2. P. ext. Ensemble des conceptions fondamentales de Marx et d'Engels étendues et développées ultérieurement (en liaison avec la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière, et en fonction de l'évolution des conditions de production). Le marxisme pose le problème de la société au détriment de celui de l'homme; ce dernier n'existe qu'en fonction de la société, il n'est qu'un rouage technique de l'économie. La société est le phénomène initial, dont l'homme n'est qu'un épiphénomène. Une telle doctrine se trouve en contradiction flagrante avec la critique accusatrice de Marx contre l'aliénation (...). Il y a là une confusion à l'origine de la pensée: la réduction de l'homme à l'état d'instrument du processus économique constitue-t-elle le mal et le péché du passé, de l'exploitation capitaliste, ou est-elle l'ontologie même de l'être humain? (N. Berdiaev,Les Sources et le sens du communisme russe,trad. par A. Nerville, Paris, Gallimard, 1938, p.243).C'est le marxisme qui pose les vrais problèmes de l'époque. Il n'est pas vrai qu'un homme ait une liberté de choix au sens où par ce choix il confère à son activité un sens qu'elle n'aurait pas sans cela (Sartre,Existent.,1946, p.120).Le dogmatisme est l'ennemi par excellence du marxisme. Ce n'est pas là qu'une thèse philosophique, c'est une vérité historique: partout où les conditions du libre débat idéologique ne sont pas assurées, partout le marxisme est la première victime (Bourdin,La Théorie politique marxiste est-elle scientifiqueds Cahiers du Communisme, no12, 1978, p.75): 2. Seuls les communistes disposent d'une doctrine qui leur permet une interprétation cohérente des événements. L'homme de génie sortira de leurs rangs; ce sera celui qui saura tirer du marxisme une explication du monde actuel frappante, évidente, universellement acceptable, et en déduire des règles d'action: ce que fit Lénine en 1917.
Vailland,Drôle de jeu,1945, p.67. B. − Mode général de représentation théorique du monde fondé sur le matérialisme dialectique: 3. ... le matérialisme vise (...) tout autre chose qu'à prendre le contre-pied de croyances religieuses ou d'énoncés métaphysiques (...) le marxisme ne saurait se définir comme un athéisme. La revendication d'athéisme ne serait pas seulement désuète. Elle ramènerait le marxisme à un discours pré-matérialiste en l'identifiant à une spéculation métaphysique, alors que sa radicale nouveauté est de mettre en évidence ce qui structure les pratiques et les représentations, et d'expliquer la production de ces structures mentales à partir de l'histoire et de la vie réelle des hommes.
M. Bertrand,Le Marxisme est-il un athéismeds Cahiers du Communisme, 1981, no10, p.93. C. − Péj. [Connotant le totalitarisme, la suppression des libertés, le dirigisme] Cette mode lancée (...) par les prétendus «nouveaux philosophes» s'est déployée sur tous les médias en variations sur le thème: marxisme = goulag (Révolution,23-29 oct. 1981, no86, p.58, col. 1). REM. 1. Marxologie, subst. fém.Étude de l'oeuvre de Marx et/ou d'autres théoriciens du marxisme. La première tâche n'est-elle donc pas (...) de retrouver les concepts fondamentaux autour desquels s'est organisée l'oeuvre de Marx (...) et de (...) constituer ainsi une marxologie? (Pol.1969, p.170). 2. Marxologue, subst.Spécialiste de l'étude de l'oeuvre de Marx, du marxisme. Le marxologue est un connaisseur de l'oeuvre de Marx (...) sur laquelle il apporte parfois des précisions érudites ou des lumières exotiques, mais il n'est pas marxiste. Il peut même être antimarxiste (L. Sève,Une Introd. à la philos. marxiste,Paris, Éd. soc., 1980, p.614). Prononc.: [maʀksism̭]. Étymol. et Hist. 1882 (P. Brousse, Le Marxisme dans l'Internationale, [brochure], Paris). Dér. avec suff. -isme* du nom du philosophe all. Karl Marx [1818-1883]. Fréq. abs. littér.: 197. |