| MARRI, -IE, adj. Vieilli, littér. [Gén. déterminé par un adv. d'intensité] (Être, sembler) marri de (+ inf.).(Être, sembler) affligé, désolé de. J'ai été bien marri, chère madame, de ne pas vous rencontrer chez vous la semaine dernière (Flaub.,Corresp.,1871, p.252).M. Elstir est-il donc de vos amis? Je suis fort marri de n'avoir pas su qu'il vous intéressait à ce point (Proust,Guermantes 2,1921, p.418):. M. Molotov accourut. Livide, il m'accompagna jusqu'à ma voiture (...). Il balbutia quelques syllabes, sans pouvoir cacher son désarroi. Sans nul doute, le ministre soviétique était profondément marri de voir s'évanouir un projet poursuivi avec ténacité.
De Gaulle,Mém. guerre,1959, p.76. − P. métaph. Le De Profundis (...) est lent et nocturne (...); il ne se tend que dans l'obscurité, ne se meut que dans la pénombre marrie des cryptes (Huysmans,En route,t. 1, 1895, p.13). Prononc. et Orth.: [maʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Qq. sujets de Martinet-Walter 1973 prononcent [-rr-]. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 «affligé, triste» (Philippe de Thaon, Bestiaire, 2381 ds T.-L.); 2. 1121-34 «fâché» (Id., op. cit., 124, ibid.). Part. passé de l'a. fr. soi marrir «se fâcher» (ca 1160, Eneas, 179 ds T.-L.), «s'affliger» (ca 1165, Troie, 2511, ibid.), issu de l'a. b. frq. *marrjan, cf. le got. marzjan «fâcher», a. sax. merrian «déranger, empêcher», ags. mierran, a. h. all. marren, merren «empêcher, déranger, fâcher». Cf. en a. fr. esmeriz «troublé, désolé» dès ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 352). Fréq. abs. littér.: 42. |