| MANCHOT1, -OTE, adj. A. − Privé d'une (ou des deux) main(s), d'un (ou des deux) bras. Enfant, officier, soldat manchot. Il est manchot de la main droite (Ac.). Une adaptation peut se former entre (...) le conducteur manchot et l'automobile qu'il adapte à ses infirmités (David,Cybern.,1965, p. 147): .... l'amiral Pâris, vieux marin manchot, alerte, gai, bonhomme, (...) travaille à bord comme dans son cabinet.
Fromentin,Voy. Égypte,1869, p. 154. − P. plaisant. Enfin je vogue dans les eaux d'un certain prince qui n'est manchot que du pied, et que je regarde comme un politique de génie (Balzac,Contrat mar.,1835, p. 350).Quelques damas dégénérés, jetés au hasard sur trois vieilles chaises, sur un fauteuil d'acajou manchot, un lit bas (Arnoux,Roi,1956, p. 11). − Emploi subst. C'est un manchot fort adroit (Ac.1835-1935).V. estropié ex. de Flaubert. − Par litote, fam. ♦ Pas manchot. Habile de ses mains et capable d'efforts dans le travail manuel. Cet homme n'est pas manchot (Ac.). Il y a aussi dans les villes, des industries qui tentent les gars qui ne sont pas manchots. C'est (...) un joli métier que celui de sculpteur de meubles (A. France,Génie lat.,1909, p. 316).Il ne faut pas être manchot pour reprendre en Auvergne la tradition de Jules César, construire Ambert et détruire Issoire (Thibaudet,Réflex. litt.,1936, p. 143).P. plaisant. Quant aux grecques et aux juives elles vous sont permises (...) si vous vous contentez de vérifier si elles ne sont pas manchottes (Mérimée,Lettres Delessert,1870, p. 66). ♦ Qui est fort, en particulier pour se battre. Oh! c'est un rude compère (...). Vous n'êtes pas manchot non plus (...) mais dix comme vous ne lui feraient pas peur (Vidocq,Mém., t. 3, 1828-29, p. 392).Le coup terrible qui a brisé l'échine de la dame de Mégère n'a pas été porté par un manchot (Bernanos,Crime,1935, p. 795). B. − Au fig. Maladroit, déficient. Anton. adroit, habile.Pauvre créature! Manchote et bancale cervelle! (Colette,Vagab.,1910, p. 225). Prononc. et Orth.: [mɑ
̃
ʃ
ο], fém. [-ɔt]. Ac. 1694 manchot, -otte; dep. 1718 -ote. Mérimée, loc. cit.: -otte. Étymol. et Hist. I. 1. 1502 «privé d'un bras» menchot (Olivier de La Marche, Mémoires, L. II, ch. 4, éd. H. Beaune et J. d'Arbaumont, t. 3, p. 169); 1553 subst. (la Bible de l'imprimerie Jean Gerard, 4, Esdr. 2b 21 d'apr. FEW t. 6, p. 139a); 2. fig. 1680 (Rich.: Il n'est pas manchot. C'est à dire, il est adroit, il a de l'esprit). II. 1760 zool. (M. Brisson, Ornith., 6, 96: Manchot, nom que j'ai donné aux Oiseaux de ce genre à cause de la briéveté de leurs ailes). Dér. avec suff. -ot* de l'a. fr. manc «estropié» (dep. ca 1180 ds T.-L.) du lat. mancus «id.» (cf. aussi manquer); antérieurement avec d'autres suff. menchaux (1263, hapax ds Gdf.); manchet (dep. 1380 ds FEW t. 6, p. 138) qui survit encore dans les dial.; manchier (2emoitié xiiies., Première continuation de Perceval, éd. W. Roach, 4807). |