| MAMELOUK, MAMELUK, subst. masc. et adj. I.− Subst. masc. A.− Cavalier d'une milice turco-égyptienne, créée vers 1230 pour servir de garde au sultan, qui devint maîtresse de l'Égypte et dont sont issus plusieurs sultans. L'armée française (...) avait dispersé et frappé de terreur les célèbres Mamelouks, la milice la plus redoutable de l'Orient (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 140).Les chevaliers de France eurent d'abord l'avantage sur les mamelouks, mais la supériorité numérique de l'armée turque finissait là aussi par être écrasante (Grousset, Croisades,1939, p. 358): 1. Un mameluk est acheté à l'âge de douze ans en Circassie. Il est élevé en soldat, en centaure. Il a des esclaves égyptiennes qui jamais ne lui donnent d'enfants en Égypte; il n'a ni père ni fils; il a des compagnons d'armes qu'il ne pleure pas quand ils tombent.
Vigny, Journal poète,1833, p. 985. B.− En partic. Mamelouk de la garde impériale. Soldat rallié à Napoléon durant la campagne d'Égypte et incorporé à un escadron de la garde impériale. L'Empereur descendit. Au premier mouvement qu'il fit, Roustan, son fameux mameluck, s'empressa de venir tenir le cheval (Balzac, Tén. affaire,1841, p. 256).Je n'y vis donc jamais [autour du palais du général en chef] que des uniformes français et quelque chose de plus beau encore pour mon imagination, les mameluks de la garde (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 203). ♦ Loc. adv. À la mamelouk. Qui rappelle l'équipement, la tenue des mamelouks. On a représenté [le roi Stanislas] dans un costume qui rappelle les troubadours de l'Empire, avec des bottes molles et appuyé sur un sabre à la mameluk (Delacroix, Journal,1857, p. 115).Pourquoi veut-on vivre? disait le jeune Lasalle, campé dans ses grandes culottes à la mameluck et tirant des bouffées de sa pipe (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 120). − [P. allus. au dévouement absolu des soldats de cet escadron] Partisan fanatique d'un homme, d'un pouvoir. MM. Vivien et Cousin sont les deux mameluks de M. Thiers, ils lui sont dévoués absolument (Balzac,
Œuvres div.,1840, p. 346): 2. Céard, s'il est un jour décoré, n'aura pas, fichtre! la surprise de sa décoration, tant il l'a fait bassement quémander par ses amis, ses relations, ses connaissances! C'est le vrai mameluck de Zola dans la honteuse évolution du maître!
Goncourt, Journal,1891, p. 154. II.− Emploi adj. Relatif aux mamelouks, de mamelouk(s). Le poids des masses mameloukes fit céder les étançons des sapes et tout le bâtiment s'effondra (Grousset, Croisades,1939, p. 384). Prononc. et Orth. : [mamluk]. Ac. 1835 : mameluk ,,prononcez mam-louk``; dep. 1878 : mameluk ,,on prononce et quelques-uns écrivent, mamelouk``. Littré : mameluk, mamelouk; Rob., Lar. Lang. fr. : mamelouk, -luck, -luk; Nouv. Lar. ill.-Lar. 20e: -luk, -louk, mamlouk. Docum. en plus des formes déjà citées : mamelouc (Hugo, Bug-Jargal, 1826, p. 22); mamelouck (Id., Hist. crime, 1877, p. 125). Prop. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971 no594 : mamelouk. Au plur. des mameluks, des mamelouks. Étymol. et Hist. 1. Ca 1195 mamelon « cavalier d'une milice égyptienne » (Ambroise, Guerre sainte, éd. G. Paris, 11303); début xiiies. memeloc (Estoire d'Eracle ds Recueil des historiens des Croisades, Hist. occ., t. 2, p. 195); 1432 mamelu (Amb. envoyée à Ibrahim-Bey par le roi de Chypre, ap. Mas-Latrie, Hist. de Chypre, III, 4 ds Gdf. Compl.); 1441 mameluchs (Traité d'E. Piloti ds Chevalier au Cygne, éd. F. de Reiffenberg, t. I, p. 331); 1732 mameluc (Voltaire, Zaïre, III, 1, p. 89); 1823 mamelouk (Las Cases, loc. cit.); 2. [1802 « soldat d'un escadron de la garde impériale » (1802 est la date de création de ce corps de cavalerie, cf. Brunot t. 9, p. 969)] 1840 mameluk (Ac. Compl. 1842); 3. 1831 p. ext. « partisan dévoué jusqu'au fanatisme » (L'Héritier, Suppl. Mém. Vidocq, I, LIX). Empr. à l'ar. d'Égypte mamlūk « esclave blanc, mamelouk » (proprement « celui qui est possédé », mamlūk est le part. passif de malaka « posséder »). Fréq. abs. littér. : 165. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 338 (s.v. mameluck). |