| MALSÉANT, -ANTE, adj. A.− Contraire aux convenances, à la bienséance. L'abandon de soi-même, la mauvaise odeur, les dents répugnantes à voir, les cheveux sales, sont des habitudes malséantes qu'on aurait tort d'accorder aux savants, aux artistes ou aux patriotes (Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 318): L'infirmité de l'inspiration est peut-être ridicule et malséante : je le veux. Mais on pourrait ne pas laisser mourir cette sorte de malades. Ils sont toujours peu nombreux, et je ne puis me refuser à croire qu'ils ont quelque valeur, puisque l'humanité est unanime sur leur grandeur, et les déclare immortels sur quelques vers : quand ils sont morts, il est vrai.
Vigny, Chatterton,1835, p. 239. − Il est malséant de + inf.Et comme il serait malséant de clore sans le vœu traditionnel une épître liminaire, quelque brève qu'elle soit, permettez que je vous souhaite (...) de prendre à lire mes poèmes autant de plaisir que j'en eus à les composer (Heredia, Trophées,1893, p. iv). B.− Qui choque, qui va à l'encontre de la morale, de la pudeur. Je trouve tous ces trucs-là idiots, obscènes, vulgaires et malséants. Ils ne font appel qu'aux plus bas instincts de l'homme : la mystification, le libertinage, la brimade et le charivari. Ils ne méritent que la réprobation des gens sérieux, des travailleurs et des artistes (Queneau, Pierrot,1942, p. 187). C.− Littér. Qui n'est pas seyant. Qu'importait, après tout, qu'une nouvelle façon de coiffure, plate et tirée, durcît les traits de son visage comme pour en fausser l'expression; qu'un malséant corsage, de couleur morne, d'étoffe laide au toucher, gauchît le rythme délicat de son corps... Ce n'était rien à quoi elle ne pût porter remède (Gide, Porte étr.,1909, p. 567). REM. Malséance, subst. fém.Caractère de ce qui est malséant. La malséance d'un vêtement était pour Lafcadio choquante autant que pour le calviniste un mensonge (Gide, Caves,1914, p. 725).Du côté de la littérature − ou de la peinture − à la condition d'observer certaines règles de malséance, on revint à des habitudes où l'abus (l'exploitation) fut difficile à distinguer de la réserve des plus purs (G. Bataille, Exp. int.,1943, p. 227). Prononc. et Orth. : [malseɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1176-84 mal seant (G. d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 2153). Mot comp. de mal2* et de séant*. Fréq. abs. littér. : 58. |