| MALHONNÊTETÉ, subst. fém. A.− Vx. Indécence. La malhonnêteté d'une chanson, d'un couplet (Rob., Lar. Lang. fr.). B.− Manquement aux règles de la politesse, aux usages de la bonne société. La manière ouverte et passionnée dont tous ces amants font la cour à leurs maîtresses serait le comble de l'indécence, du ridicule et de la malhonnêteté en France (Stendhal, Amour,1822, p. 223): 1. ... il pouvait exister trois motifs qui faisaient agir ainsi le comte : le premier était un manque de sensation, le second motif était une malhonnêteté, l'acte d'un homme qui ne se gêne pas et qui reste où il se trouve, sans s'inquiéter s'il est désagréable...
Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 153. ♦ En partic. Acte ou parole qui manque à la politesse. Je m'aperçois que j'ai dit une malhonnêteté en voulant dire quelque chose de spirituel et faire l'agréable (Flaub., Corresp.,1842, p. 121). C.− Défaut de probité. L'épicier est redouté pour sa malhonnêteté (il triche sur les pesées et sur la qualité) (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1966, p. 383): 2. Le tricheur, s'il les viole [les règles], feint du moins de les respecter. Il ne les discute pas : il abuse de la loyauté des autres joueurs. À ce point de vue, on doit approuver les auteurs qui ont souligné que la malhonnêteté du tricheur ne détruit pas le jeu.
Jeux et sports,1967, p. 151. ♦ Malhonnêteté intellectuelle. Utilisation déloyale, pernicieuse d'arguments en vue d'une orientation particulière de la pensée; manque d'objectivité. Une des pires malhonnêtetés intellectuelles est de jouer sur les mots, de présenter le christianisme comme n'imposant presque aucun sacrifice à la raison, et, à l'aide de cet artifice, d'y attirer des gens qui ne savent pas ce à quoi au fond ils s'engagent (Renan, Souv. enf.,1883, p. 300). ♦ En partic., gén. au plur. Actes qui manquent à la probité. Il ne s'agit pas de votre oncle, ma bonne amie; il s'agit de ne pas faire de malhonnêtetés à Monsieur de Blévaux (Leclercq, Proverbes dram.,Espr. désordre, 1835, 7, p. 262).C'est un homme qui a commis trop peu de malhonnêtetés dans sa vie (Claudel, Part. midi,1949, i, p. 1096). Prononc. et Orth. : [malɔnεtte]. Ac. 1694, 1718 : malhonnesteté, dep. 1740 : -nêteté. Étymol. et Hist. 1. a) 1676 [éd.] « défaut de probité » (Bouhours, Hist. de P. d'Aubusson, VI, p. 322 : le Grand-Maistre sentit plus le contretemps de l'entreprise que la mal-honnesteté de Ravestein); en partic. 1883 la pire des malhonnêtetés intellectuelles (Renan, Souv. enf., p. 300); b) 1864 « acte contraire à la probité » (Goncourt, R. Mauperin, p. 203 : il y a des déloyautés, des malhonnêtetés ... ça me rend indulgente pour les scélérats); 2. 1676 « défaut de politesse » (Bouhours ds FEW t. 4, p. 461 b); cf. av. 1704 (Bossuet ds Guérin 1892); 3. 1902 « indécence » la malhonnêteté d'une chanson (Nouv. Lar. ill.). Dér. de malhonnête* d'apr. honnêteté*. Fréq. abs. littér. : 56. |