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MALÉDICTION, subst. fém.
Action de maudire; résultat de cette action.
A. − Paroles par lesquelles on souhaite avec véhémence tout le mal possible à une personne, une famille, une ville, un pays, etc., sans appeler la colère de Dieu mais le plus souvent en l'impliquant. Anton. bénédiction.Il y en eut même qui, au lieu de prières, proféraient contre lui de publiques malédictions, à cause des tailles qu'il avait imposées (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 341).J'ai voulu faire sauter la boutique. Je criais ça partout, à tous les vents, jetant la malédiction à la ville maudite, lui annonçant la destruction prochaine par le fer et la flamme (Zola,Travail, t. 2, 1901, p. 275):
1. ... sachez que vous êtes le plus méprisable des hommes en préférant les plus folles idées aux devoirs les plus réels, que vos amis qui sont ici vous haïront et que tout mon sang retombera sur vous avec la malédiction terrible que je prononce contre vous, qui me faites souffrir les tourments de l'enfer. Staël,Lettres L. de Narbonne, 1793, p. 179.
SYNT. Malédiction épouvantable, funeste, terrible; jeter, lancer sa malédiction; donner sa malédiction à qqn; menacer qqn de sa malédiction; prononcer une malédiction contre qqn; accabler qqn de malédictions; éclater en malédictions contre qqn; proférer des malédictions contre qqn.
Loc. exclam.
Oh! malédiction! Mon enfant! s'écria Villefort: il emporte le cadavre de mon enfant! Oh! malédiction! Malheur! Mort sur toi! (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 689).
Mort et malédiction! Mort et malédiction! Il me prend une envie de lui couper la parole à coups de sabre (La Martellière, Robert, 1793, iv, 9, p. 50).
Malédiction sur qqn, sur qqc.; malédiction sur elle, sur lui, sur nous tous, sur vous! Sauve-la!... ou malheur à toi! La plus horrible malédiction sur toi, pour des milliers d'années! (Nerval,Faust, 1840, 2epart., p. 178).Malédiction sur ce pays! Que leurs vaches crèvent! Que la toux consomme les cochons! (Claudel,Tête d'Or, 1901, 1repart., p. 174).
Malédiction (paternelle). Malédiction prononcée par un père à l'encontre de son fils. Donner sa malédiction à son fils; appeler sur la tête de qqn la malédiction d'un père. Les malédictions des pères abrégent la vie; celles des mères donnent la mort (Joubert,Pensées, t. 1, 1824, p. 234).Le jeune homme avait grandi en s'entendant menacer de la malédiction paternelle s'il servait jamais un d'Orléans ou un Bonaparte (Vogüé,Morts, 1899, p. 133):
2. ... les châtimens que le père de famille inflige à ses enfans pour des fautes légères, sont les peines passagères de la société domestique; l'exhérédation, et autrefois la malédiction, en sont les peines irrévocables. Bonald,Législ. primit., t. 2, 1802, p. 111.
Sous peine de malédiction. [Son père] lui commande, sous peine de malédiction, de vouer sa vie à la cause sainte qu'ont défendue ces martyrs (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr. au XVIes., 1828, p. 144).
Spécialement
DR. ,,Imprécations qu'on insérait anciennement (...) dans les actes de donation en faveur des églises ou des maisons religieuses, contre quiconque serait tenté d'en empêcher l'effet`` (St-Edme t. 4 1828).
Rem. ,,On trouve des formules de malédictions ou d'imprécation à la fin de beaucoup d'actes de l'époque franque ou du Moyen Âge afin de garantir l'exécution et le respect des prescriptions contenues`` (Lep. 1948).
MAGIE. Procédé magique qui utilise des formules à l'encontre d'une personne ou d'un animal dans le but de causer la ruine, la maladie ou la mort. En Abyssinie, quand un meurtre a été commis, la famille de l'assassiné passe sept jours et sept nuits à entourer de malédictions la maison du meurtrier. Il est bien rare, ajoute-t-il, que le meurtrier ne finisse pas misérablement (Goncourt,Journal, 1870, p. 581).Dans toute l'Europe occidentale, c'est parfois à un concept religieux que se rattache la croyance à l'efficacité des malédictions magiques (É. Delcambre, Le Concept de la sorcellerie dans le duché de Lorr. au XVIeet au XVIIes., Nancy, Sd'archéol. lorr., fasc. 2, 1949, p. 155):
3. ... les Maori façonnent des effigies de leurs ennemis et les frappent, croyant par là blesser l'individu lui-même. De même, un Crow dessine l'image de son ennemi sur le sol, lui perce le coeur, souffle de la fumée sur lui et fait disparaître le tout en prononçant une malédiction. Lowie,Antropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 326.
RELIG. [P. réf. à la Bible]
,,Parole annonçant un châtiment en punition d'une faute`` (Foi t. 1 1968). Les malédictions du Deutéronome, de Jérémie, des prophètes. Si vous désirez devenir la femme d'un juif, même converti, vous vous exposez à une malédiction effrayante, et je vous le dis de la part de Dieu (Bloy,Journal, 1894, p. 117):
4. ... le psaume CVIIIe, qui contient les malédictions appliquées par les Actes des apôtres à Judas Iscariote: «Que ses jours soient en petit nombre; que ses fils deviennent orphelins et sa femme veuve. Que l'usurier dévore son bien, et que des étrangers enlèvent le fruit de ses travaux; qu'il n'y ait pour lui ni aide ni pitié; que ses enfants meurent et que son nom périsse en une seule génération.» Thierry,Récits mérov., t. 2, 1840, p. 164.
Condamnation au malheur prononcé par Dieu; état de celui (ou de ce) qui en est la victime. Malédiction des païens (DG). Jésus frappant de malédiction l'arbre qui ne porte pas de fruits (Estaunié,Empreinte, 1896, p. 227).Le serpent a reçu une malédiction éternelle (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 373).
Imprécations par lesquelles on appelle la colère, la vengeance de Dieu sur quelqu'un. Malédiction divine; appeler sur qqn la malédiction de Dieu. La malédiction magique du chrétien Sabinus qui supplie Dieu de faire se dessécher les corps de sa fille et de son gendre, à cause du mal qu'ils lui ont fait (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 520):
5. L'immense plainte des églises et du vieil Israël, les larmes et le sang versés dans les camps de concentration, cette malédiction qui monte des charniers en Espagne, en Abyssinie et en Chine... Mauriac,Journal 3,1940, p. 223.
B. − P. ext. [Souvent au plur.]
1. Insultes, violences verbales contre quelqu'un ou quelque chose. Clameur, concert de malédictions; hurler des malédictions contre qqn; être poursuivi par les malédictions de qqn. Beaucoup d'anarchistes finirent par se lasser de lire toujours les mêmes malédictions grandiloquentes lancées contre le régime capitaliste (Sorel,Réflex. violence, 1908, p. 55).Ce destin qui aurait inspiré à tout autre qu'à Mozart des malédictions et tous les cris de la haine (Mauriac,Journal 2, 1937, p. 136):
6. ... c'étaient, tout le long de sa fièvre puerpérale, des imprécations, des malédictions, des cris d'horreur contre ce mari, qu'elle accusait en face d'avoir été son assassin... Goncourt,Journal, 1887, p. 650.
[Avec un sens amoindri] Les voisins se dévisageaient et jetaient une petite malédiction, un rire, une épluchure, dans le sillage de chaque passant (Colette,Sido, 1929, p. 22).
P. hyperb., interj. [Pour exprimer le désappointement, l'ennui]
Malédiction! C'est aujourd'hui dimanche... la préfecture est fermée... et pas de passe-port... malédiction! (Labiche,Affaire rue Lourcine, 1857, 13, p. 468).
Quelle malédiction! Quelle malédiction! n'avoir plus que six lieues à faire (...) et nous trouver arrêtés ici (Dumas père, Darlington, 1832, 4, p. 8).
Mille malédictions! Mille malédictions! oh! l'animal, le menteur, le fainéant! Fiez-vous donc à la parole des princes! (Renan,Drames philos., Caliban, 1878, i, 1, p. 380).
Horreur et malédiction! (vieilli). Horreur et malédiction (comme on dit dans les romans de la vieille école)! Il se vit aussi défiguré que s'il revenait encore de Parthenay (About,Nez notaire, 1862, p. 201).
2. [L'objet de la malédiction pèse ou semble peser sur qqn]
a) [L'objet de la malédiction désigne une pers., une famille, etc.] Disgrâce, sort contraire, fatalité. La malédiction du sort. En Orient, la stérilité est regardée comme une malédiction (Du Camp,Mém. suic., 1853, p. 256).Créature amphibie, mixte de corps et d'âme, il [l'existant en général] semble voué par la malédiction de l'alternative à l'impureté et à l'orgie de la confusion (Jankél.,Traité des Vertus, t. 3, L'Innocence et la Méchanceté, Paris, Bordas, 1972, p. 1024).
7. Une inexpiable malédiction s'attache à ce peuple; tout ce que ses ennemis nous en racontent est néfaste et sanglant. Ce sont les femmes de Lemnos qui, dans une nuit, égorgent leurs époux; ce sont les habitans d'Agylla qui lapident les Phocéens prisonniers. Michelet,Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 18.
b) P. anal. [L'objet de la malédiction désigne un lieu] Frappé de malédiction. Voué à la stérilité, à la mort. La sombre expression que les ruines donnaient à ce paysage, qui paraissait frappé de malédiction. C'était comme un lieu funeste abandonné par les hommes (Balzac,Adieu, 1830, p. 9).Cette forêt, qui fut pleine d'oiseaux et de musique, a été frappée de malédiction et changée en sel (Saint-Exup.,Terre hommes, 1939, p. 227).
Prononc. et Orth.: [malediksjɔ ̃]. Ac. 1694, 1718: malediction, dep. 1740: -lé-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1450 «paroles par lesquelles la colère divine est appelée sur quelqu'un» maledictions dictés (Mystère Vieux Testament, éd. J. de Rothschild, 1506); 2. 1532 (éd.) «action de maudire» (Raoul de Presles, Cité de Dieu, XIV, Exp. sur chap.11 ds Delb. Notes mss); 3. a) xvies. «malheur, insuccès» (L'Amant ressuscité, p. 509 ds La Curne); b) 1672, 20 mai «malheur constant et répété, fatalité» (Mmede Sévigné, Lettres, éd. R. Duchêne, t. I, p. 515). Empr. au lat. chrét. maledictio «malédiction, exécration» (v. Blaise Lat. chrét.) en lat. class. «médisance»; a supplanté les formes plus anc. maleiçon et maudiçon (v. T.-L.) cette dernière usuelle comme terme fam. jusqu'au xviies. Fréq. abs. littér.: 751. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1385, b) 1000; xxes.: a) 954, b) 901. Bbg. Laurent (P.). Contribution à l'hist. du lex. fr. Romania. 1925, t. 51, pp. 32-45.