| * Dans l'article "MAISON,, subst. fém. et adj. inv." MAISON, subst. fém. et adj. inv. I. − Subst. fém. A. − Habitation de l'homme. 1. Bâtiment destiné à servir d'habitation à l'homme. Synon. construction, demeure, établissement, immeuble.Eux autres ils se retireraient à Saint-Denis, chez un jardinier de leurs parents qui leur louerait le rez-de-chaussée de sa maison (Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 107).Les fermes (...) isolées du bassin de Rennes, les maisons rurales des régions de bocage ne se rattachent au réseau routier que par des sentiers que la boue rend impraticables (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 174): 1. La dernière solution − solution lexicale − (...) s'impose d'elle-même, dès que le logis se diversifie, dès que le genre de vie ou le bien-être multiplient les maisons qui comptent plusieurs pièces aux destinations spécifiques. Seule la maison, désormais, se nommera maison [it. dans le texte], et ses diverses parties reçoivent le nom d'étage, de pièce, de salle, de chambre, de salon, de cuisine, de buanderie...
J. Pohl,La «Maison» de la maisonds Vie Lang.1965, p. 523. SYNT. Acheter, construire une maison; habiter une maison; loger, vivre dans une maison; façade, mur, ouvertures, toit d'une maison; grande, petite maison; maison à deux, trois étages, de quinze pièces; maison bourgeoise, cossue, humble, modeste, riche, somptueuse; maison contiguë, individuelle, isolée, voisine; maison de bois, de briques, de pierres; maison arabe, basque, méridionale, provençale; maison à louer, en construction, préfabriquée; maisons disséminées, groupées. − P. métaph.: 2. Elles se sentaient toutes jeunes avec vraiment un corps tout réveillé sous les jupes et le corsage, et elles le voyaient devant leurs yeux (...) comme si c'était le corps d'une autre, et brusquement elles sentaient que ce corps leur appartenait, était leur maison, leur abri, leur prison, qu'elles étaient dedans, avec le vin, et tout le bon et le mauvais, l'ardent, la jeunesse...
Giono, Batailles ds mont., 1937, p. 247. Rem. 1. Maison se dit surtout de l'édifice isolé par opposition à l'immeuble collectif citadin. 2. Maison d'habitation s'emploie pour spécifier l'usage d'une construction par opposition à d'autres usages qui pourraient en être faits. La ferme des Favre se dresse aux confins de la commune de R., à l'orée de la forêt de V... maison d'habitation, granges, écurie, étables et bâtiments annexes sont disposés régulièrement, à l'ancienne mode bressane, autour d'une cour intérieure carrée (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 140). a) Emplois spéc. − Maison + adj. ♦ Petite maison (vx). Maison située dans un lieu discret et destinée ordinairement à des rendez-vous galants: 3. − Ce sont des petites maisons, dit le médecin, avec un clignement d'œil. Mais comme il vit que ces messieurs ne comprenaient pas, il leur expliqua que les marquis, sous Louis XV, avaient des retraites pour leurs parties fines. − On appelait çà des petites maisons (...). Il s'y en est passé de fortes, allez!
Zola, Curée, 1872, p. 585. ♦ Maison forestière. V. forestier B 1. ♦ Maison solaire*. ♦ Maison Blanche. Résidence du président des États-Unis. P. méton. le gouvernement américain. Si le soutien de la Maison Blanche ne fait pas de doute, il n'est pas sûr que tous les alliés actuels de MmeThatcher soient prêts à assumer cette montée des dangers militaires et politiques (L'Est Républicain, 5 mai 1982, p. 1). − Maison de + subst. ♦ Maison de campagne ou vx maison des champs. V. campagne I B 2 b et champ1I A.Ce juge, − ce marchand, − fâché de perdre une heure, Jette un regard distrait sur cet homme qui pleure, L'envoie au bagne, et part pour sa maison des champs (Hugo, Contempl., t. 2, 1856, p. 121). ♦ Maison de maître V. maître I B 1. ♦ Maison de poupée(s). Reproduction miniature d'une maison, comportant un mobilier, des accessoires, à l'usage des jeux des enfants qui y logent leur(s) poupée(s). Les maisons de poupées au dix-septième siècle. (...) on a fait, dans les Pays-Bas, mais surtout en Allemagne, à Augsbourg et à Nuremberg, des intérieurs en réduction qui présentent un intérêt non moins vif pour l'histoire du jouet que pour l'étude du mobilier et de la vie privée il y a quelque deux ou trois cents ans (D'Allemagne, Hist. jouets, 1902, p. 130). ♦ Maison de verre. Au fig. Et puis ma vie (...) est transparente, ma maison est une maison de verre, dit Vergenson (Vialar, Débucher, 1953, p. 68).En partic. ,,Lieu de rendez-vous où les ébats des amoureux sont livrés, à leur insu, à la curiosité lascive de jeunes et vieux débauchés par d'imperceptibles lucarnes`` (France 1907). b) Loc. fig., vx ♦ Fam. Gros comme la/une maison. Gros de manière exagérée, énorme, démesurée. V. gros3B 1 loc., expr. fig., ex. de Hugo. ♦ Par-dessus les maisons. Au-dessus de toute mesure. Demander des choses par-dessus les maisons (Ac.1835-1935).La famille a donc des prétentions par-dessus les maisons? (Augier, Fils Giboyer, 1862, p. 159). ♦ Être fait comme un brûleur de maison. V. brûleur A 1. 2. [Avec l'art. déf.] Bâtiment ou partie d'un bâtiment où l'on habite; logement. Synon. chez soi, demeure, domicile, intérieur, logis, résidence.Il se plaignait (...) de ne pouvoir garder ni une volonté ni une pensée à lui, d'être un zéro dans sa maison (Balzac, Lys, 1836, p. 112). ♦ La maison paternelle. Le foyer. Et ils s'en retournèrent bacheliers, avec une tristesse extrême, à la maison paternelle où déjà leurs pères n'étaient plus les maîtres (Barrès,Cahiers,t. 5, 1907, p. 220). − Locutions ♦ Faire les honneurs de la/sa maison. V. honneur II A. ♦ Garder la maison. V. garder II A 4. ♦ Quitter* la maison. − Proverbe. Charbonnier* est maître chez lui, en sa maison. − Loc. adv. À la maison. Chez soi. Aller, être à la maison; (aimer) rester à la maison. J'ai éprouvé un sentiment de malaise, qui ne s'est calmé que quand je suis rentré à la maison, où je me suis promené en tout sens, pendant près d'une heure (Delacroix, Journal, 1853, p. 50).Son jeu principal consiste à marcher dans le ruisseau (...) ce qui lui attire des calottes à la maison (Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 288). − Expr. bibliques ♦ La maison de Dieu, du Seigneur. Le temple de Jérusalem, p. ext. l'église, le temple, le sanctuaire. Il faut se tenir avec respect dans la maison du Seigneur (Ac.1935).Qui es-tu? (...). Le duc: (...) Je suis, comme tu le vois, mon frère, un pieux pèlerin qui visite les maisons du Seigneur (Dumas père, Lorenzino, 1842, iii, 5, p. 255).P. métaph. Nous autres catholiques, nous avons perdu le sens de l'Écriture. Elle est pour les protestants une maison où ils trouvent Dieu (Green, Journal, 1956, p. 180). ♦ La maison de prière. L'église. L'église est (...) cette maison de prière dont nos édifices matériels ne sont que la figure (Barrès, Cahiers, t. 5, 1906, p. 46). ♦ La maison du Père, la maison céleste, éternelle (p. métaph. ou au fig.). Le séjour de Dieu, le ciel, le paradis, le séjour des morts. Il quittait la maison terrestre pour la maison céleste; La maison temporelle pour la maison éternelle (Péguy, Myst. charité, 1910, p. 73). − En partic. Maison où servent les domestiques. Synon. place.Ce domestique a fait de nombreuses maisons. (Dict. xixeet xxes.). 3. P. méton. a) Aménagement intérieur d'une maison, d'un logis. Maison bien tenue, (in)confortable, intime, en désordre; décorer, équiper, installer, monter sa maison. Marie-Amanda ne sait pas seulement assaisonner le manger, bien tenir une maison et élever une famille (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 259). b) Ensemble des affaires domestiques, économie de la maison. Maison bien réglée; administrer la maison. La seule chose que vous craigniez était donc les embarras, et surtout les dépenses de la maison que vous seriez obligée de tenir, si j'étais près de vous? (Dumas père, Darlington, 1832, ii, 3, p. 86).Quand ça grandissait, ça rapportait, ça faisait aller la maison (Zola, Germinal, 1885, p. 1211). ♦ Bonne, grande maison; maison aisée, confortable. (Dict. xixeet xxes.). Faire une bonne maison. Amasser beaucoup de biens. Voilà comme on fait les bonnes maisons (Dict. xixeet xxes.). ♦ Absol. Les gens de maison. Les domestiques. Le quartier était excellent. Les gens de maison étaient tous nationalistes (A. France,Bergeret,1901, p. 309).Entrer, se mettre en maison. Devenir domestique. Puis elle est entrée en maison bourgeoise. Depuis qu'elle est femme de chambre chez le docteur, elle ne regarde plus personne (Simenon,Vac. Maigret,1948, p. 99).Au fig. Se mettre au service de. Nos parvenus d'aujourd'hui sont des Sganarelles sans places qui se sont mis en maison chez la France! (Balzac,Faiseur,1850, ii, 1, p. 218). − Locutions ♦ Maître, maîtresse de maison. V. maître I A 3. ♦ Tenir maison (vx). Recevoir, traiter des invités. L'Espagnol y fit l'acquisition d'un hôtel, tint maison, reçut avec grandeur (Balzac,, Contrat mar., 1835, p. 216). ♦ Tenir maison ouverte. Offrir l'hospitalité à tout venant. S'il ne se rencontre pas de fortune assez considérable pour tenir maison ouverte, les gros bonnets choisissent pour lieu de réunion, comme faisaient les gens d'Alençon, la maison d'une personne inoffensive (Balzac,, Vieille fille, 1836, p. 299). ♦ Train de maison. Ensemble des dépenses faites pour vivre dans une maison. A cela aussi j'ai renoncé: la gêne du luxe bourgeois, le souci d'un train de maison (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 288). ♦ (C'est) la maison du bon Dieu (fam.). (C'est) une maison dont les habitants sont accueillants et hospitaliers. Il fallait être charitable, ils disaient eux-mêmes que leur maison était la maison du bon Dieu (Zola, Germinal, 1885, p. 1210). c) Ensemble de personnes.
α) Ensemble de personnes vivant sous un même toit, ses habitants, ses occupants habituels; en partic. les membres de la famille. Synon. maisonnée.Une maison accueillante, amie, charitable. Des jeux de l'ancien temps, un bal, dont quelque vieux serviteur étoit le premier musicien, prolongeoient les plaisirs dans les ombres, et la maison entière, nourrices, enfans, fermiers, domestiques et maîtres dansoient tous ensemble la ronde antique (Chateaubr., Génie, t. 2, 1810, p. 316).Quand, à la tombée de la nuit, je rentrai au logis, je trouvai la maison consternée, ma mère agitée et fiévreuse, la vieille Mélanie en larmes, mon père gardant un calme affecté (A. France, Pt Pierre, 1918, p.172). ♦ Le fils, la fille de la maison. L'auberge s'emplit, et la fille de la maison arrive avec sa mère, en habits voyants, un voile noir sur la tête, un beau sourire aux lèvres (Taine, Voy. Ital., t. 2, 1866, p. 20).Je me rappelle que le garde parlait du fils de la maison, un excentrique, qui avait des idées extraordinaires (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 221).Vieilli ou plais. Faire la jeune fille de la maison. Faire le service au cours d'une réunion. (Ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
β) En partic., vx − Ensemble des personnes chargées du service domestique d'une maison. Synon. domesticité.Dix messes furent dites pour la défunte, dix messes basses auxquelles assistèrent Monsieur et Madame de Lautréamont et toute leur maison (Lorrain, Contes chandelle, 1897, p. 89). ♦ Locutions Avoir une maison. Avoir des serviteurs. À cette époque, un duc et pair, possessionné comme l'était le duc d'Hérouville, ayant ses charges et ses gouvernements, menait en France le train d'un prince (...) il avait une maison et des officiers (Balzac, Enf. maudit, 1831-36, p. 401).Faire sa maison. Prendre des domestiques. Cet ambassadeur n'a pas encore fait sa maison; la maison de ce prince n'est pas encore faite (Ac.). Faire maison nette. Ne pas garder ses domestiques. Faire maison neuve. En prendre d'autres. (Dict. xixes.; ds Lar. 20e, Quillet 1965). P. ext. Chasser des personnes occupant une place. Quand une place est prise, il y fait maison nette Passant tout par le sabre et par la baïonnette! (Pommier, Russes, 1854, p. 21). − Ensemble des personnes employées au service d'un grand personnage. La maison de l'empereur, du prince, du souverain. À dix pas de distance, les gens de la maison du duc... (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 105).Bocan [violoniste] faisait encore partie de la Maison du roi en 1648, car il figure, à cette date, sur la liste des officiers retraités et pensionnés par la cassette royale (Grillet, Ancêtres violon, t. 2, 1901, p. 32). ♦ Maison civile, militaire. Personnel civil, militaire, attaché au service d'un souverain ou d'un chef d'État. L'empereur se sépara à Mayence de sa cour et de l'impératrice, et se rendit à Wurtzbourg accompagné seulement de sa maison militaire (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 134).Le colonel Pénelon, de la maison militaire du Président de la République et agent de liaison entre le gouvernement et moi, arrivait à Vitry (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 351). d) Ensemble des personnes formant une lignée, une dynastie. Synon. branche, famille, race.Être issu d'une maison; grande, illustre maison; maison souveraine; maison d'Autriche, de France, de Lorraine. C'était, au commencement du dix-septième siècle, ce qu'on appelait une bonne famille que celle des Arnauld, une solide et ancienne maison (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 63).Une petite brodeuse, sans argent, sans nom, épouser Félicien d'Hautecoeur (...) le dernier descendant d'une des plus vieilles maisons de France! (Zola, Rêve, 1888, p. 183). − Loc. vieillie. Être de grande, de bonne maison. Être de noble et ancienne race. Il eût souhaité que l'Espagnol fût d'assez bonne maison pour prétendre à la main de Lauriane (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 154).Absol., vx. Être de maison. (Ds Littré, Rob., Lar. 20e-Lar. Lang. fr.). 4. P. anal., ASTROL. Un des douze fuseaux par lesquels les astrologues divisent le ciel pour analyser son état au moment de la naissance de quelqu'un et en tirer des conclusions pour établir son thème astral. Il [l'astrologue] (...) lui prédit un sort favorable, si toutefois il échappait à quelque triste aspect en l'angle occidental de la septième maison (A. France, Rabelais, 1909, p. 160).La nuit, il me montrait les constellations et m'enseignait la géographie de la voûte céleste, il m'en désignait les maisons (Arnoux, Seigneur, 1955, p. 138): 4. À la voix du Très-Haut, l'astre de la lumière,
Peut-être aussi changea son oblique carrière;
Et, poursuivant sa marche en ses douze maisons,
Dans son cours inégal varia les saisons.
Delille, Paradis perdu, t. 3, 1804, p. 181. B. − Bâtiment ou ensemble de bâtiments destiné à un usage spécial. 1. Édifice public. ♦ Maison communale*. ♦ Maison commune, maison de ville (vieilli). Hôtel de ville. Puis il arriva sur la grand'place où les clochetons de la maison de ville (...) regardaient l'encombrement du marché (Kahn, Conte or et silence, 1898, p. 177). ♦ Maison carrée. Temple romain de Nîmes. (Ds Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, Rob., Quillet 1965). ♦ Maison curiale. V. curial2. ♦ Maison mortuaire*. − DR. PÉNAL ♦ Maison centrale. V. central I B 3. ♦ Maison d'arrêt*, de force* (vx), de dépôt*, de correction*. Maison cellulaire, pénitentiaire. Déjà l'alarme était donnée, la cloche de la maison cellulaire sonnait, la rumeur des cris et des ordres vociférés à tue-tête montait (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 293). ♦ Maison de justice. Établissement situé près de chaque cour d'assises pour y recevoir jusqu'à leur comparution les personnes qui ont fait l'objet d'une ordonnance de prise de corps. (Dict. xixeet xxes.). 2. Endroit, lieu où l'on reçoit, héberge des usagers dans un but déterminé. ♦ Maison garnie (vieilli), meublée. V. garni I A. ♦ Maison d'aliénés, de fous. Établissement où sont internés et soignés les malades mentaux. Sa bonne (...) Julie, ayant servi dans des maisons de fous, est liée avec des infirmiers de Charenton (...) qui amènent chez sa maîtresse les fous qu'ils sont chargés de promener (Goncourt, Journal, 1865, p. 119).P. euphém. Maison de santé. Synon. asile psychiatrique*.Mais le fou (...) s'échappa (...) et monta sur le toit (...). Ils (...) s'emparèrent du furieux (...). Il fut conduit aussitôt dans une maison de santé (A. France, Révolte anges, 1914, p. 392).Les petites(-)maisons (vx). Hôpital de Paris où l'on enfermait les aliénés. Un échappé des petites maisons. Des actes de démence? Ah! dites plutôt des actes de scélératesse, dignes du dernier supplice, puisqu'ils ne peuvent pas être punis des petites-maisons (Marat, Pamphlets, Affreux réveil, 1790, p. 243). ♦ Maison d'éducation. Établissement où l'on éduque les enfants et les adolescents. Photini était en pension à l'hétairie. C'est, comme vous le savez, une maison d'éducation établie sur le modèle de la Légion d'honneur, mais régie par des lois plus larges et plus tolérantes (About, Roi mont., 1857, p. 36). ♦ Maison d'enfants. Maisons d'enfants à caractère sanitaire (J.O., 25 mars 1956, p. 2860).Maison d'enfants à caractère social (U.N.I.O.P.S.S., Les Œuvres de la famille, mai 1957, p. 41). ♦ Maison de famille. V. famille I C 2. ♦ Maison des jeunes. V. jeune III A 1. ♦ Maison de convalescence, de repos, de santé. ,,Les maisons de repos sont destinées à recevoir deux catégories de sujets: les malades présentant une altération de leur état général (...), les malades chroniques stabilisés`` (Réadaptation, 1956, no30, p. 47). Il est dans je ne sais quelle maison de santé (...), j'ai vaguement ouï dire qu'il a été opéré ce matin (Hermant, M. de Courpière, 1907, ii, 1, p. 13).Les commerçants seraient assurés (...) d'un médecin, d'un chirurgien, d'une maison de convalescence (Alain, Propos, 1921, p. 303). ♦ Maison de retraite. Maison d'accueil pour les personnes âgées. Un grand nombre de vieillards doivent, pour des raisons diverses abandonner à la fin de leur existence leur logement pour séjourner dans des locaux spécialement conçus pour eux, les maisons de retraite (Les Institutions soc. de la France, La Docum. fr., t. 3, 1955, p. 56). ♦ Maison de la culture. V. culture II A 1. ♦ Maison de la presse*. ♦ Maison de la radio*. − [En parlant de lieux de plaisir] ♦ Maison close, publique, de claques, de joie, de passe, de prostitution, de rendez-vous, de tolérance. V. clos II A 1.Synon. bordel.Un jour il a eu la fantaisie de mener dans une maison de joie, très chère, un petit vagabond et lui a payé un abonnement dans la maison (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 326).Un premier acte dans une maison de prostitution, mais représentant la vie intime de ces femmes, sans l'apparition de messieurs (Goncourt, Journal, 1888, p. 838).Mais moi, j'ai vécu dans une maison de rendez-vous où la passe coûtait nettement plus cher (Camus,Requiem,1956, 2epart., 4etabl., p. 865).Emploi abs. [Le souteneur:] ça a toujours été mon rêve d'avoir une femme en maison (Méténier, Lutte pour amour, 1891, p. 269).Mais non la comtesse est tout simplement une vieillarde qui gère, dans le quartier réservé aux filles d'amour, une maison assez bien achalandée, ma foi (Colette, Cl. s'en va, 1903, pp. 282-283).Loc. Entrer en maison. Se faire prostituée dans une maison de prostitution. Ne trouvant pas d'ouvrage, je suis entrée en maison, comme bien d'autres (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Port, 1889, p. 1336). ♦ Maison de jeux. V. jeu I B 2. 3. En partic. Établissement d'une communauté religieuse. La maison de St-Sulpice; la maison des Dominicains; maisons de Capucins, de Clarisses. La congrégation des filles de la Charité a des maisons dans le monde entier (Ac.1935). ♦ Maison(-)mère. Établissement central d'un ordre religieux dont dépendent les autres communautés. J'avais besoin ici d'une cuisinière. J'en ai demandé une à Paris, à la maison-mère. On m'envoie une soeur (Goncourt, Journal, 1861, p.875).Demain une bernardine doit emmener, à la maison mère d'Esquermes-les-Lille, Denise et ma Delphine, qui pleurent toutes les deux (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 172).P. métaph. ou au fig. Chose capitale, centrale, la plus importante. Cette philosophie restait la maison mère de la littérature (Thibaudet, Hist. litt. fr., 1936, p. 26). 4. Entreprise commerciale ou industrielle. Synon. établissement, firme, magasin.Maison qui progresse, prospère; maison en faillite, en liquidation; la maison ne recule devant aucun sacrifice. On ne doit acheter de semences que dans les maisons qui, non seulement, en font une spécialité, mais encore cultivent les graines qu'elles expédient (...). Ces maisons qui cultivent se respectent; elles tiennent avant tout à leur réputation, et ne vendent que ce dont elles sont sûres (Gressent, Potager mod., 1863, p.357). ♦ Maison mère. Établissement commercial ou industriel central dont dépendent d'autres établissements, des filiales ou des succursales. Anton. maison filiale.Entre un pays A et un pays B, sont établis certainement et incontestablement les couplages «non classiques» (...) par l'investissement extérieur et par le commerce entre maisons mères et filiales (Perroux, Écon. XXes., 1964, p.187). − Maison de + subst. ♦ Maison de banque (vieilli). Synon. de banque.Mais dites-moi donc, Moïse Herrer, le fondateur de la maison de banque, était juif? Honoré: Bien entendu, monsieur, je vous dis que c'est une bonne maison (Flers, Caillavet, M. Brotonneau, 1923, i, 1, p. 3): 5. − Monsieur votre père n'est-il pas l'associé d'une maison de banque? − Oui, de la maison Barley et compagnie. − Y a-t-il deux banquiers du même nom à Londres? − Pas que je sache.
About, Roi mont., 1857, p. 88. ♦ Maison de commerce. Beaucoup de maisons de commerce, et d'abord toutes les maisons juives, avaient été confisquées sur l'ordre de Frank, et le soin de les administrer remis à des «Treuhander», c'est-à-dire à des hommes de confiance allemands (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 322). ♦ Maison de commission. Entreprise d'un négociant qui fait la commission. Un public, bête et sans couleur, de commis de maisons de commission (Goncourt, Journal, 1860, p. 742). ♦ Maison de détail, de gros. Entreprise où l'on vend les marchandises au détail ou en gros. En apparence, la maison de détail était la même; mais le feu sacré y manquait; le génie de l'invention, le don de l'entraînement s'en étaient retirés (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 389). ♦ Maison d'édition. La Guerre civile durait depuis trois mois, elle avait cinq cents abonnés et huit cents acheteurs au numéro, trois maisons d'éditions lui donnaient de la publicité (Nizan, Conspir., 1938, p. 51). − En partic. [En parlant de l'établissement où l'on travaille] Synon. fam. boîte, boutique.L'esprit, la tradition de la maison; cet employé a trente ans de maison. Vous pouvez tirer bon parti du nom de la maison. Sous la condition de payer toutes les dettes, dont voici l'état complet (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 412). II. − Adj. inv. [En appos. avec valeur expressive valorisante] A. − Dans le domaine de l'hôtellerie.Qui a été fait sur place, à la maison et non acheté au dehors; qui est de bonne qualité. Pâté, tarte, vol-au-vent maison. Parfois p. iron. Le fretin, les gens «ordinaires» et du commun étaient aux eaux, en proie à des docteurs bienveillants ou avides (...) ou dans des hôtels (...) mastiquant des entrecôtes «maison», dures comme du bois à 80 frs pièce (L. Daudet, Médée, 1935, p. 222). − Fam. Particulièrement réussi, soigné. Blague, engueulade, gifle maison. Jacques arrache à la débauche le pauvre orphelin, c'est encore le sujet, et l'objet, d'une bagarre maison (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 43).[Pierre Sora] l'avait levée (...) à Tanger et, après un baratin maison, l'avait ramenée à Paname (Le Breton, Rififi, 1953, p. 47). B. − Particulier à l'esprit, à la mentalité, aux habitudes d'une famille, d'un groupe ou d'une entreprise. Apprentissage maison; elle a vite attrapé le genre maison. Qu'elle se méfie [au Concours du Conservatoire] pourtant du chevrotement «maison» qui commence à la gagner, comme la plupart de ses camarades (E. Vuillermoz dsExcelsior,juill. 1938).Je dois avoir, conclut-il un complexe de derrière les fagots. Tout comme moi, dit Berliac, nous avons des complexes maison! (Sartre,Mur,1939, p. 164).Un journaliste professionnel est un homme qui déforme les faits, consciemment ou non. La «version maison» sort de lui comme d'un moule. Un journal, c'est un gaufrier (Mauriac, Bloc-Notes, 1958, p. 330). C. − Qui est propre à une entreprise, un établissement. Diplôme, syndicat maison. Prononc. et Orth.: [mεzɔ
̃] ou [me-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Bâtiment d'habitation 1. a) fin xes. «bâtiment servant de logis, d'habitation, de demeure» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 63); b) ca 1465 maison de plaisance «maison ou château qui sert à l'agrément» (Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 236); 1655 maison de campagne (Salnove, Vénerie royale, chap. 19, p. 44); c) 1756 maison de chasse (Voltaire, Moeurs, 176 ds Littré); 2. 1remoitié xiies. maisun Dieu «temple, tabernacle» (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, p. 69); 3. ca 1130 en sa maisoun «chez soi (sans mouvement)» (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, 35); ca 1150 a maison «chez soi (avec mouvement)» (Wace, St Nicolas, éd. E.Ronsjö, 1079); 4. a) ca 1510 tenir maison ouverte (J. d'Auton, Ann. de Louis XII, 237 ds La Curne); b) 1628-30 faire l'honneur de la maison «recevoir selon les règles de la politesse» (A. d'Aubigné, Sa vie, à ses enfants ds
Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 1, p. 41); 1690 faire les honneurs de la maison (Fur.); c) 1690 c'est la maison de Dieu, où on ne boit ni on ne mange «c'est la maison d'un avare» (ibid.); 1867 c'est la maison du bon Dieu (Littré); 5. astrol. 1269-78 «chacune des douze divisions du ciel, déterminée par l'intersection de six méridiens avec l'horizon et que les astrologues observent pour établir leur thème de nativité» (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 16868); 1546 maison du ciel (Rabelais, Tiers Livre, XXV, éd. M. A. Screech, p. 178). B. Les personnes qui vivent ensemble, habitent la même maison 1. a) ca 1100 «personnel qui assure le service domestique de l'empereur» (Roland, éd. J.Bédier, 1817); 1606 maison du roi (Nicot); 1765 maison militaire du roi (Encyclop.); b) 1835 gens de maison (Ac.); 2. 1remoitié xiies. maison d'Israel «les Juifs» (Psautier Oxford, éd. cit., p. 142); 3. 1174 «famille» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2950). C. Bâtiment, édifice destiné à un usage spécial 1. ca 1165 maison Dieu «maison où l'on loge et soigne les malades» ([Chr. de Troyes], G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 149); 1721 maison de santé (Trév.); 1803 maison d'éducation (Boiste); 1893 maison de retraite (Zola, Dr Pascal, p.223); 2. ca 1165 «couvent, monastère, abbaye» ([Chr. de Troyes], G. d'Angleterre, éd. cit., 181); 1877 maison mère (Littré Suppl., s.v. mère); 3. fin xiiemaison de chartre «prison» (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, p. 86); 1704 maison de force «prison des femmes de mauvaise vie» (Trév.); 1790 «établissement où sont détenus les prévenus ou les condamnés» (Mr de L'Épithète, Dict. national et anecdotique, Append. ds Quem. DDL t. 11); 1721 maison de correction (Trév.); 1790 maison d'arrêt (Ranft, p. 100); 1838 maison pénitentiaire (Stendhal, Mém. touriste, t. 2, p. 481); 1848 maison centrale (Balzac, Splend. et mis., p. 541); 4. 1270 maison de la ville «hôtel de ville, mairie» (Lefranc, Histoire de la ville de Noyon, p. 227); 5. 1466 maison estagiere «boutique» (doc. ds La Curne); 1794 maison de commerce (Staël, Lettres div., p. 564); 1802 maison de prêt (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, p. 325); 1813 maison de banque (Jouy, Hermite, t. 3, p. 154); 6. a) 1821 maison publique (J. de Maistre, Souveraineté, p. 387); 1824 maison de prostitution (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, p. 248); 1829 maison de passe (Recueil d'argot, 47 ds Sain. Arg. t. 2, p. 170); 1840 maison de tolérance (Ac. Compl. 1842, s.v. tolérance); 1899 maison close (Zola, Fécondité, p. 379 et 517); b) 1811 maison de jeu (Jouy, Hermite, t. 1, p. 141); 7. 1757 maison d'association «caisse de maladie» (Chamousset, Vues d'un citoyen, p. 35); 1792 maison de secours «organisation pour émettre un papier local» (Lettre de Clavière, 28 avril ds Bull. d'hist. éc. de la Révolution, 1911, p. 184); 1931 maison de l'agriculture (Lar. 20e). D. En appos. 1. a) 1935 entrecôtes «maisons» (L. Daudet, Médée, p. 222); b) 1941 des enculés et des constipés maison «indiscutables, authentiques» (Magnane, Bête à concours, p.336); 2. a) 1935 témoin-maison «conforme à la volonté ou à la mentalité d'une personne ou d'une collectivité» (Simonin, J. Bazin, Voilà taxi! p. 160); b) 1939 complexes maison «qui caractérise, qui est propre à (une entreprise, un établissement, une famille, etc.)» (Sartre, Mur, p. 164). Du lat. ma(n)sionem, accus. de mansio «séjour, lieu de séjour, habitation, demeure, auberge» (de manere «rester, demeurer», v. manoir) qui n'existe au sens de «maison» qu'en gallo-roman et dans les parlers septentrionaux. Casa, proprement «cabane» puis «maison» en lat. pop. a supplanté le lat. class. domus (cf. ital. esp. casa, a. prov. caza) et subsiste en fr. dans divers topon. et anthropon. (La Chaise-Dieu, Lacaze, Sacaze), v. aussi chez; cf. pour le sens A 4 l'a. prov. maison «ensemble des affaires domestiques, ménage» (ca 1300 ds Levy Prov.), pour le sens C 3 le b. lat. tristissimae mansionis (sc. carceris)... angustiae (ves. ds TLL) et pour C 5 l'a. dauph. maison «boutique, atelier (en parlant d'un cordonnier)» (Leyde de Vienne, copie de 1403 ds Devaux, Lang. du Dauphiné, p. 92). Fréq. abs. littér.: 37468. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 44959, b) 59673; xxes.: a) 63774, b) 50652. DÉR. Maisonnier, -ière, adj.a) [En parlant d'une pers.] Qui est sédentaire, se plaît à la maison. Stables et maisonniers, ils n'étaient pas de ces gens qui déambulent, palabrent très au delà de minuit (Arnoux, Double chance, 1958, p. 20).b) [En parlant d'une chose] Qui se rapporte à la vie à la maison. Souci maisonnier. J'ai une observation maisonnière à te faire (...). Il y a très longtemps que nous n'avons mangé de ragoût de mouton (L. Daudet, Ariane, 1936, p. 64).On relève ds Littré Suppl. 1877 maisonnière dans un emploi partic.: ,,La Société maisonnière de Mulhouse, société qui procure aux ouvriers des maisons, des logements à bon marché`` mais l'emploi fém. corresp. aux sens cités supra n'est pas att. ds les dict.− [mεzɔnje], [me-], fém. [-jε:ʀ]. − 1resattest. a) subst.
α) 1312 maxonnier «habitant d'une maison, tenancier» (Cart. gr. égl. de Metz, B.N. 11849, fo78 rods Gdf.),
β) 1523 «fermier, preneur à cens» (Nouv. Coutumier général, éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t. 3, p. 1053),
γ) 1611 «chef d'une maison» (Cotgr.), b) adj.
α) 1505 «qui garde la maison» (doc. ds Gdf.),
β) 1559 «dont on se sert à la maison (en parlant d'une quenouille)» (Ronsard,
Œuvres, éd. P. Laumonier, Second Livre des Meslanges, t. 10, p. 123, 29),
γ) 1571 «qui sert aux maisons (en parlant du bois, de la chaux)» (La Porte, Épithètes ds Gdf.),
δ) 1877 société maisonnière «société qui procure aux ouvriers des logements à bon marché (à Mulhouse)» (Littré Suppl.); de maison, suff. -ier*. BBG. − Bar (F.). Superl. et intensifs ds le fr. auj. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 28. _ Boudon (P.). Rech. sémiotiques sur le lieu. Semiotica. 1973, t. 7, pp. 190-225. _ Dauzat (A.). Maison ds la Basse Auvergne. In: [Mél. Thomas (A).]. Paris, 1927, pp. 131-136. _ Davidson (H.). Die Benennungen des Hauses und seiner Teile im Frz. Kiel, 1903, passim. _ Ranft 1908, pp. 100-101. _ Quem. DDL t. 10. _ Streng (W.O). Haus und Hof im Frz. Helsinki, 1907, passim. |