| MAGNANIME, adj. A. − Vieilli. Qui a de la magnanimité, de la grandeur et de la force d'âme. ♦ [En parlant d'une pers.] Guerrier, prince, peuple magnanime; âme, coeur, main magnanime. Comblez de nouveaux bienfaits ces héros magnanimes qui s'exposent généreusement à tant de périls (Marat, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p. 281).Et vaine sera la vaillance Du magnanime Hector (Moréas, Iphigénie, 1900, p. 82): 1. L'idée de quitter son poste, ce poste d'honneur et de danger à côté du roi, ne lui entre pas un seul instant dans l'esprit: elle [Marie-Antoinette] rougirait de honte à une telle pensée et se croirait l'indigne fille de sa magnanime mère.
Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 8, 1864, p. 356. ♦ [En parlant d'un attribut de la pers., d'un comportement] Les actions magnanimes sont celles dont le résultat prévu est le malheur et la mort (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p.178).La dévotion; sentiment sérieux et recueilli qui inspire à l'homme des résolutions magnanimes et le dispose aux actes les plus héroïques de la vertu (Cousin, Philos. écoss., 1857, p.421).«L'âme de la république», a écrit Robespierre dès 1792, «c'est l'amour de la patrie, le dévouement magnanime qui confond tous les intérêts privés dans l'intérêt général» (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.390). − Emploi subst. a) [Désigne une pers.] La détresse est nourrice de la fierté; le malheur est un bon lait pour les magnanimes (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 809). b) Masc. sing. à valeur de neutre. Nous n'avons plus l'appétit du sublime, l'instinct du généreux, le sens du magnanime (Barbier, Satires, 1865, p. 266). B. − En partic. Qui fait preuve de clémence, de générosité, d'indulgence envers l'ennemi vaincu, le faible. − [En parlant d'une pers.] Se montrer magnanime. Malek Adhel est un héros aussi brave que magnanime, toujours vainqueur au champ de bataille, toujours clément après la victoire (Cottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 123).Il avait été pour une femme l'être magnanime et fort, le protecteur, le moralisateur (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 463): 2. «Que faites-vous le dimanche?» Cette fois, Sabot se grattait l'oreille: «Mais, je sers l'bon Dieu de mon mieux, m'sieur le curé. Je l'sers... chez moi. Je travaille le dimanche...» Le curé magnanime l'interrompit: «Je sais, vous serez plus convenable à l'avenir».
Maupass., Contes et nouv., t. 2, Confess. Th. Sabot, 1883, p. 42. ♦ Magnanime envers, pour (...) qqn.Le peuple fut plus magnanime envers un ennemi qu'il ne craignait plus (Michelet, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 120). − [En parlant d'un comportement, d'une action] Qu'il soit fait comme vous voulez, monsieur! dit-il avec un magnanime sourire (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1857, p. 23).Le sergot secoua la tête (...): − S'il fallait empoigner tous les poivrots qui disent ce qui n'est pas à dire, y en aurait de l'ouvrage!... et de quoi que ça servirait? Crainquebille, accablé par ce dédain magnanime, demeura longtemps stupide et muet (A. France, Crainquebille, 1904, p. 51). Prononc. et Orth.: [maɳanim]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1265 «qui montre de la grandeur d'âme» (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, II, 23, p. 193); 2. 1553 «qui est le fait d'une âme généreuse» magnanime effort (Du Bellay, Louange de la France et du roy treschrestien Henri II, éd. H. Chamard, V, 312). Empr. au lat. magnanimus «noble, généreux». Fréq. abs. littér.: 301. Fréq. rel. littér.: xixs.: a)707, b)508; xxes.: a)360, b)187. DÉR. Magnanimement, adv.D'une manière magnanime. Napoléon entrait en Russie et demandait magnanimement aux autorités de venir vers lui. Mais personne ne se présentait (Proust, Temps retr., 1922, p.820).Cette paix (...) vers laquelle, non sans accrocs et relâchements, nous avions si magnanimement tendu (Arnoux, Rhône, 1944, p.177).− [maɳanimmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. − 1reattest. 1512 (J.Lemaire de Belges, Chronique annale, éd. J. Stecher, IV, 494); de magnanime, suff. -ment2*. |