| MAGISTRAT, subst. masc. A. − Personne investie d'un pouvoir politique, administratif ou judiciaire. Le roi (...) avait toutes les vertus nécessaires pour être un monarque constitutionnel, car un tel monarque est plutôt le magistrat suprême que le chef militaire de son pays (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 180).Le maire, premier magistrat de la commune, pourra d'autant mieux exercer sa fonction s'il reste chef de son équipe municipale et s'il incarne, sans cesse, dans ses actes, les volontés de son conseil (Fonteneau, Conseil munic., 1965, p. 122): 1. Quand on examine avec un peu d'attention le caractère du magistrat chez les Anciens, on voit combien il ressemble peu aux chefs d'État des sociétés modernes. Sacerdoce, justice et commandement se confondent en sa personne. Il représente la cité qui est une association religieuse au moins autant que politique.
Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p. 230. SYNT. Haut, grand magistrat; magistrat absolu; magistrats municipaux; magistrats parlementaires; le premier magistrat du département, de l'État, de la République. − P. métaph. Celui qui a la charge d'administrer, de diriger quelque chose. L'instituteur lucide et grave, magistrat Du progrès, médecin de l'ignorance (Hugo, Contempl., t. 1, 1856, p. 100).Il nous faut voir (...) dans nos tourmenteurs des agents providentiels, des magistrats de la souffrance (Amiel, Journal, 1866, p. 156). B. − En partic. ,,Personne ayant pour fonction de rendre la justice ou de la requérir au nom de l'État`` (Cap. 1936). Magistrats d'un tribunal, d'une cour d'appel, de la Cour de cassation; magistrat instructeur (v. instructeur ex. 3). Jamais magistrat ou procureur, traînant la pourpre ou l'hermine, n'était entré dans le prétoire, où l'accusé l'attendait, avec plus de menaçante et tranquille majesté. Mais je crois bien aussi que jamais juge n'avait été aussi pâle (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 144): 2. Gamelin ne put se défendre de remarquer avec quelque déplaisir combien ces magistrats de l'ordre nouveau ressemblaient d'esprit et de façons aux magistrats de l'ancien régime. Et c'en étaient: Herman avait exercé les fonctions d'avocat général au conseil d'Artois; Fouquier était un ancien procureur au Châtelet.
A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 111. ♦ Magistrat assis ou magistrat du siège. Membre de la magistrature assise. Magistrat debout ou magistrat du parquet. Membre de la magistrature debout. Cf. magistrature B. Comme le rôle du Parquet est de requérir, jamais de juger, il n'est pas à craindre que l'indépendance de la justice se trouve compromise de ce chef. Il est donc normal que les garanties constitutionnelles soient réservées aux magistrats du siège, les membres du Parquet étant, par nature, sous l'autorité hiérarchique du Garde des Sceaux et, par son intermédiaire, du Gouvernement (Vedel, Dr. constit.,1949, p. 558). ♦ Magistrat consulaire. Membre d'un tribunal de commerce. Il était alors Adjoint au Maire du Deuxième Arrondissement et venait de recevoir la décoration de la Légion-d'Honneur accordée autant au dévouement du royaliste (...) qu'au magistrat consulaire estimé pour ses lumières, aimé pour son esprit conciliateur (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 409). ♦ Magistrat militaire. Magistrat faisant partie d'un tribunal militaire. [Des généraux] ont été successivement cités par le magistrat militaire et ont comparu devant lui (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 309). Prononc. et Orth.: [maʒistʀa]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1352-56 «fonction publique» (Bersuire, Tite-Live, Richel. 20312 ter, fo2b ds Gdf.); 2. 1538 «officier civil» (R. Estienne, Dictionarium Latinogallicum d'apr. FEW VI1, 44b); 3. 1548 «membre de l'ordre judiciaire» (Marguerite de Navarre, La Comédie joüee au Mont de Marsan, 420 ds IGLF). Empr. au lat. magistratus «fonction publique», «fonctionnaire public». Fréq. abs. littér.: 1690. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3961, b) 2707; xxes.: a) 2459, b) 876. |