| MADRÉPORE, subst. masc. A. − ZOOL. Genre d'Anthozoaires des mers chaudes à polypier calcaire perforé généralement dressé et très ramifié. Banc, colonie de madrépores. Et tout ce que le sel ou l'iode colore, (...) Couvre de pourpre sombre, en somptueux dessins, Le fond vermiculé du pâle madrépore (Heredia, Trophées, 1893, p. 130).À l'abri du ressac, des criques profondes, que l'érosion du roc divisait en multiples bassins. Là, coquillages, algues, madrépores déployaient leurs splendeurs avec une magnificence orientale (Gide, Si le grain, 1924, p. 436).Les être vivants sont susceptibles de fabriquer des substances minérales, parfois localisées dans le corps (c'est le cas de nos os), d'autrefois servant de support à des colonies d'êtres inférieurs, comme les coraux, les madrépores des mers chaudes, dont la prolifération donne naissance à des récifs, barrières, atolls (Combaluzier, Introd. géol., 1961, p. 87). − Au plur. Synon. de madréporaires (infra dér. 1).Les Madrépores apparaissent à partir du Trias moyen seulement; les récifs les plus importants datent du Crétacé et de l'Oligocène; ce sont très souvent des roches pétrolifères (Encyclop. univ.t. 21968, p. 43). B. − P. compar. ou p. métaph. Les préjugés, formés, comme les madrépores, Du sombre entassement des abus sous les temps, Se dissolvent au choc de tous les mots flottants (Hugo, Contempl., t. 1, 1856, p. 62).L'église elle-même, avec ses colonnettes, Qui semble, tant elle a d'aiguilles et d'arêtes, Un madrépore immense, un polypier marin (Gautier, Poés., 1872, p. 254).Je ne souffrais pas qu'elle se trouvât, par la place qu'elle occupait dans la baignoire, regarder les madrépores anonymes et collectifs du public de l'orchestre (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 58). Prononc. et Orth.: [madʀepɔ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1671 (Boccone, Recherches et Observations naturelles sur la Production de plusieurs pierres, p. 6 et 7). Empr., par l'intermédiaire du lat. sc. madrepora (1651, J. Bauhin, Historia Plantarum universalis, III, 2ep., p. 807 d'apr. R. Arveiller ds Actas del IXocongreso internacional de linguist. y filol. roman., 1968, t. 2, p. 521), à l'ital. madrepora, attesté dep. 1599 (Dell'Historia naturale di Ferrante Imperato libri XXVIII, p. 720, ibid.): F. Imperato a formé ce mot prob. sur le modèle de madreperla «nacre» (dep. xives. d'apr. DEI) à partir de madre «mère» et de poro, issu soit du lat. porus b gr. π
ω
̃
ρ
ο
ς «tuf», soit du gr. π
ο
́
ρ
ο
ς «passage» (v. FEW t. 6, 1, p. 479a). Fréq. abs. littér.: 80. DÉR. 1. Madréporaires, subst. masc. plur.,zool. Ordre d'Anthozoaires. Même lorsque les madréporaires sont en majorité, ils ne constituent jamais à eux seuls toute la masse calcaire du récif; des algues calcaires (...) en proportions variables ajoutent leurs élaborations calcaires respectives à l'activité constructive des madréporaires (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p. 136).Les Madréporaires ont un biotope très défini: eau de salinité normale, bien oxygénée, de température ne descendant pas au-dessous de 18oC et bien éclairée (Encyclop. univ.t. 21968, p. 43).− [madʀepɔ
ʀ
ε:ʀ]. − 1reattest. 1870 (Verne, Vingt mille lieues, p. 186); de madrépore, suff. -aire1*. 2. Madréporique, madréporien,-ienne, adj.Qui appartient aux madrépores, formé de madrépores. Monde madréporique; polypes madréporiques. J'ai marché sur les sables rouges du rivage où des homme brisent à coups de masse des rochers madréporiques dont ils bâtissent des maisons (Du Camp, Nil, 1854, p. 285).La mer s'arrondissait en golfe, et devant la ville, découvrait à la marée basse un large îlot madréporique (Gide, Voy. Urien, 1893, p. 28).Zool. Plaque madréporique. Plaque de l'appareil opical des Échinodermes, percée de nombreux orifices et servant de crible pour l'eau entrant dans le canal du sable (d'apr. Lar. encyclop.). Au fig. ou p. métaph. Treize Incas (...) règneront du Xeau XVesiècle de notre ère à la tête de ce régime de fer; de cette vie condensée, madréporique... (Morand, Air indien, 1932, p. 150).Madréporien, -ienne est enregistré ds Littré, Guérin 1892 et dict. xxes.− [madʀepɔ
ʀik]; [-jε
̃], fém. [-jεn]. Ac. 1935: -ique. − 1resattest. a) 1812 madréporique (S. Breislak, Introd. à la géologie ou l'hist. nat. de la terre [trad. de l'ital. par J.-B.-B. Bernard], p. 378), b) 1867 madréporien (Littré); de madrépore, suff. -ique*, -ien*. BBG.−Hope 1971, p. 291. _ Kohlm. 1901, p. 49. |