| MACHIAVEL, subst. masc. [P. réf. à Machiavel, homme d'État et écrivain florentin du xvies.] Homme d'État dépourvu de scrupules qui n'hésite pas à employer toutes sortes de ruses, de tromperies pour réaliser ses desseins et servir ses intérêts. Nos hommes politiques d'aujourd'hui sont bien loin des Machiavels que les flots populaires ont élevés, en 1793, au-dessus des tempêtes (Balzac, Tén. affaire, 1841, p. 267):.En ce moment, peut-être l'armée de la France, dans les provinces révoltées, ravage mes terres, brûle la demeure de mes ancêtres, tue mes proches. Je pleure sur tant d'infortunes, mais je fais mon devoir. Peu nous importe qu'un jour les machiavels de l'avenir disent de nous: «Ce furent de pauvres politiques», si le patriote dit de nous: «Ce furent des héros!»
Renan, Drames philos., Abbesse Jouarre, 1888, III, 5, p. 648. − P. ext., péj. [Appliqué à une personne rusée et perfide] Ce machiavel de quartier savait exploiter ses services (H. Bazin, Tête contre murs, 1949, p. 91). Prononc.: [makjavεl]. Étymol. et Hist. 1831-32 (Barthélemy, Némésis, no23, p. 183). Du nom de Machiavel, homme d'État et écrivain florentin (1469-1527) célèbre par ses théories politiques. DÉR. Machiavéliser, verbe.a) Emploi intrans. Gouverner un État selon les principes définis par Machiavel. Dans la monarchie, les nobles Machiavélisent avec le prince pour étendre leurs privilèges; dans les républiques, les magistrats ambitieux Machiavélisent contre les gardiens des lois et de la constitution; et les chefs de parti avec le peuple, contre les magistrats (MercierNéol.1801, p. 106).P. ext. Se conduire avec hypocrisie et perfidie. Les gens qui font de la littérature ont plus conspiré, machiné, machiavélisé dans le silence et dans la solitude, (...) que jamais ne fit politique (Musset dsLe Temps,1831, p. 18).b) Emploi trans. Sans approfondir s'il est ennuyé d'être machiavélisé par ses frères (...) je trouvai agréable de lui être utile (Stendhal, Journal, 1811, p. 294).Emploi pronom. L'ancien industriel, en train de se machiavéliser (...) croyait par-dessus tout (...) aux petits moyens, aux coups de sonde donnés dans l'opinion (Bourget, Geôle, 1923, p. 13).− [makjavelize]. − 1resattest. 1611 machiavelizer (Cotgr.), av. 1615 (E. Pasquier, Recherches, VI, 39 ds Hug.); du nom de Machiavel, suff. -iser*. |