| MÔLE1, subst. masc. A. − MARINE 1. Ouvrage en maçonnerie construit à l'entrée d'un port et destiné à le protéger des vagues trop fortes. Synon. brise-lames, digue.C'est au XIIIesiècle avant J.-C. que les Phéniciens construisirent à Sidon et à Tyr des ports protégés par des môles et comportant des murs en maçonnerie (M. Benoist, Pettier, Transp.mar., 1961, p.176). 2. Ouvrage d'accostage qui s'avance dans l'eau d'un port. La longueur des quais disponibles pour les navires est largement accrue grâce aux nombreux môles parallèles (...). Le plan d'eau compris entre les môles constitue une darse (Marie, Dilly, Transp. mar., 1932, p.737).À Cruz-Grande (...) [les bateaux] accostent un môle construit en eau profonde et surmonté d'un immense silo d'où le minerai se déverse directement par gravité dans les cales des cargos (Le Masson, Mar., 1951, p.71): 1. ... dans certains cas, la longueur des môles perpendiculaires à la rive est limitée par la proximité de la digue de protection des darses et ne peut s'adapter à l'allongement des navires.
M. Benoist, Pettier, Transp.mar., 1961, p.186. B. − GÉOL. Région ayant un comportement relativement rigide par rapport à d'autres régions plus souples, de telle sorte que viennent s'y bloquer déformations ou plissements de celles-ci (d'apr. Fouc.-Raoult Géol. 1980). Çà et là une ville en tas sur une montagne, sorte de môle arrondi, est un ornement du paysage, comme on en trouve dans les tableaux de Poussin (Taine, Voy. Ital., t.2, 1866, p.8).[Des] massifs anciens, de faciès archéen, qui ont dû être consolidés de très bonne heure et jouer le rôle de môles résistants (Lapparent, Abr. géol., 1886, p.404): 2. Des groupements ou systèmes de failles par gravité peuvent donner naissance à des structures caractéristiques. 1) Les failles en gradins (...). Quand cette disposition se présente sur les deux côtés d'une masse centrale qui domine les autres, on obtient un môle tectonique ou horst...
Encyclop. Sc. Techn.t.51971, p.567. − P. métaph. ou au fig. L'Ardenne est restée en dehors des grands courants qui l'entourent; elle est le môle autour duquel ils se divisent, en pointe entre le Rhin et les Néerlandes germaniques, elle est demeurée wallonne, c'est-à-dire française (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.70): 3. Au milieu de la tourmente et de la débandade générales, seuls quelques môles avaient subsisté. Accrochés imperturbablement au sol, les monastères avaient tenu bon sous l'ouragan (...). Chaque abbaye apparaissait comme un roc, contre lequel venait parfois se briser la tempête.
P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p.66. ♦ Môle de résistance. En congédiant G. Pompidou (...) le général De Gaulle risque d'offrir un «môle de résistance» à des hommes qui l'ont déjà accusé de «vouloir faire couler le bateau avec lui» (Le Nouvel Observateur, 10 juill. 1968). C. − ANTIQ. ROMAINE. Môle d'Adrien. Tombeau d'Adrien. Le tombeau de Cecilia Metella, le Môle d'Adrien, le Panthéon d'Agrippa surtout sont des raccourcis de la force de Rome et du cirque sévère et sauvage au centre duquel elle est bâtie (Faure, Hist. art, 1909, p.145). Prononc. et Orth.: [mo:l]. Ac. 1694-1798: mole ,,l'o est long``; dep. 1835: môle. Étymol. et Hist. 1. Fin xves. «massif de maçonnerie construit à l'extrémité d'une jetée, à l'entrée d'un port» (G. de Villeneuve, Mémoires, éd. J. A. C. Buchon, p.273); 2. 1694 môle d'Adrien «tombeau de cet empereur à Rome» (Corneille); 3. 1866 géol. (Taine, loc. cit.). Empr. à l'ital. molo (xives. ds Batt.), lui-même empr. au b. gr. μ
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ς (cf. lat. moles «masse; digue» d'où 1174 a. fr. mole «moellon, grosse pierre», G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 3363). Bbg. Quem. DDL t.12. _ Vidos 1939, pp.483-484. _ Wind 1928, p. 122. |