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MÉPRIS, subst. masc.
A. −
1. Sentiment par lequel on considère quelque chose ou quelqu'un comme indigne d'estime ou d'intérêt. Anton. estime.Accabler de mépris; concevoir, montrer, témoigner du mépris; tomber dans le mépris; être digne de mépris; être objet de mépris; air, marque, mot, ton de mépris. Leur égoïsme bon garçon est un aveu d'indifférence, il exprime son mépris par l'inflation même de ses sourires (Mounier,Traité caract.,1946, p. 494).En pénétrant dans cette région dangereuse, la liberté niée devient liberté niante et convertit son horreur en mépris (Ricoeur,Philos. volonté,1949, p. 436).
a) [Avec un compl. constr. avec pour, envers, à l'endroit de... exprimant l'objet du mépris] J'ai un mépris pour ce que j'ai été... (Tr. Bernard, M. Codomat,1907, ii, 8, p. 172).
b) [Avec un compl. constr. avec de]
α) [Le compl. exprime l'objet du mépris] :
1. Mais il croyait l'avoir vu [Verlaine], en 1894, entrer «saoul comme un cochon» dans un mastroquet de la rue Saint-Jacques: cette rencontre l'avait ancré dans le mépris des écrivains professionnels... Sartre,Mots,1964, p. 129.
β) [Le compl. désigne la pers. qui éprouve le mépris; un second compl. exprime l'objet du mépris] Les officiers (...) semblaient partager le mépris de leur maître pour la race humaine (Staël,Consid. Révol. fr.,t. 2, 1817, p. 105).Il avait pour les hommes de loi le secret mépris des gens de la terre (Abellio,Pacifiques,1946, p. 197).
[La pers. qui éprouve le mépris est désignée par un poss.] Il (...) prit pour domestique un ancien soldat palefrenier du maquignon, et, dans son mépris pour les jeunes Parisiens beaux parleurs, partit pour l'armée (Stendhal,Chartreuse,1839, p. 30).Il me continuait dans le creux de l'oreille ses remarques sur les femmes de l'Extrême-Orient. Il m'avouait leur mépris à l'endroit des Européens (Goncourt,Journal,1890, p. 1097).
γ) [Le compl. désigne la pers. qui éprouve le mépris] Je ne crains, moi, le mépris de personne (Balzac,Chabert,1832, p. 139).Elle avait eu le malheur de s'attirer le mépris de Féodor! (G. Leroux,Roul. tsar,1912, p. 103):
2. ... ma grand'mère, sans souci d'accroître l'hostilité et le mépris des étrangers au milieu desquels nous allions vivre, discutait les «conditions» avec le directeur... Proust,J. filles en fleurs,1918, p. 662.
Loc., vieilli
Avoir, tenir (qqn) en mépris. Mépriser quelqu'un. Profite de tes biens, George (...). J'en use sans plaisir, et les tiens en mépris (Ponsard,Honn. et argent,1853, i, 3, p. 17).Tant que le vieux m'aura en mépris, dit-il, je ne te prendrai pas sous son toit (Bernanos,M. Ouine,1943, p. 1427).
Mettre à mépris. Mépriser. Elle a chanté longtemps, puis chantonné. Un peu plus tard, même ses cris, car il faut bien crier pour ne pas mettre à mépris la voix des écritures saintes, même ses cris et ses soupirs s'achevaient comme les phrases d'un hymne (Duhamel,Cécile,1938, p. 8).
Être à mépris. Inspirer un sentiment de mépris. (Ds Littré).
2. P. méton., gén. au plur. Actes ou paroles de mépris. Essuyer des mépris. Il décida qu'au besoin, narguant les mépris du comte de Champcenais, il ferait des obus (Romains,Hommes bonne vol.,1938, p. 178).Mais c'est précisément cette tolérance qui exaspère le mystique, d'autant qu'il la pressent, non sans justesse, teintée de quelques mépris (Benda,Fr. byz.,1945, p. 80).
B. −
1. Attitude de réprobation morale par laquelle on considère que quelque chose ou quelqu'un ne vaut pas la peine qu'on lui porte attention ou intérêt. Anton. déférence, respect.
[Avec un compl. exprimant l'objet du mépris] Drouot se retrouvait dans la parole ce qu'il avait été dans l'action, plein de mépris pour le mensonge comme il l'avait été pour la mort (Lacordaire,Éloge fun. Drouot,1847, p. 45).Tous mes paradoxes forcés, ma haine du convenu, mon mépris du banal, ne m'empêchent pas de m'attendrir au premier jour de printemps (Renard,Journal,1889, p. 24).Il flaire ce qui germe (...) d'où (...) son mépris à l'égard de l'établi (Mounier,Traité caract.,1946, p. 330):
3. Ajoutez-y une vision étonnamment juste de la couleur, un mépris des conventions adoptées depuis des siècles pour rendre tel et tel effet de lumière (...), et vous aurez les tendances de cet art dont M. Manet (...) a été l'un des plus ardents promoteurs. Huysmans,Art mod.,1883, p. 44.
2. Attitude par laquelle on considère que quelque chose d'important ou ayant du prix ne vaut pas qu'on lui porte attention ou intérêt. Synon. dédain; anton. respect, déférence.Le mépris des richesses, des grandeurs, des honneurs, des louanges, etc. (Ac. 1878-1935). Il n'estimait que la théologie, et avait un mépris pour la littérature (Renan,Souv. enf.,1883, p.253).Il (...) va jusqu'à dire qu'il élèvera son fils dans le mépris du clergé (Bloy,Journal,1900, p. 43).Il montrait (...) ce mépris de toute cérémonie, et en même temps cette parfaite politesse qui donne tant de charme aux jeunes aristocrates anglais (Maurois,Ariel,1923, p.144).
Locutions
Au mépris de (qqc.). Sans tenir compte de quelque chose. Au mépris du danger, des conventions. Cette qualité ne lui donnant pas le droit de faire arrêter les citoyens, au mépris de la loi et contre ses dispositions formelles (Constant,Princ. pol.,1815, p. 71).
En mépris de (cf. Duhamel ds Rob.).
Prononc. et Orth.: [mepʀi]. Ac. 1694: me-, 1718: mes-, dep. 1740: mé-. Étymol. et Hist. 1. xives. «prix inférieur à la valeur réelle» (J. Lescurel, Chans., éd. A. de Montaiglon, XXXII, p.49); 2.1339 mespris «sentiment par lequel on juge une personne ou une chose indigne d'estime, d'égards» (J. de La Mote, Regret Guillaume, éd. A.Scheler, 8); 3. 1558 «attitude qui consiste à s'élever au-dessus de ce qui est recherché ou redouté par les hommes» (Du Bellay, Les Regrets ds Œuvres, éd. H. Chamard, t. 5, 36, p. 47); 1585 au mépris de (N. du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, 219); 4. 1604 «paroles ou actes de mépris» (Montchrestien, Hector ds Tragédies, éd. Petit de Julleville, p. 12). Déverbal de mépriser*. Fréq. abs. littér.: 4331. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6568, b) 4723; xxes.: a)7060, b)6036.