| MÉLODIE, subst. fém. A. − MUSIQUE 1. Suite de sons ordonnés selon les lois du rythme et de la modulation d'où résulte un air agréable à entendre; p.méton. (p.oppos. à harmonie), composition musicale formée de plusieurs phrases ayant ce caractère. Douce, lointaine, pure, simple mélodie; les règles de la mélodie. La mesure est essentielle à la mélodie et ne l'est point à l'harmonie (Ac.1935).Une belle mélodie nous fait sentir, sans calcul et sans attention, le mouvement et le repos qui sont les éléments du temps (Joubert,Pensées,t.2, 1824, p.9).Ses mélodies [de M. Puccini] sont faibles et molles; elles bercent, et ce sont des mélodies indulgentes à la digestion des personnes qui ont bien dîné (P. Lalo,Mus.,1899, p.128): . Une belle mélodie (...) peut exister et durer au-dessus des siècles par le son d'un violon solitaire. Tout ce bruit que vous faites, et tout le bruit que font les musiciens, n'est que pour faire naître la mélodie sublime, sans grincements ni sifflements ni battements autour; il faut que les bruits soient vaincus.
Alain,Propos,1922, p.356. − P. métaph. Les oiseaux de l'extase ont leurs nids dans tes yeux. La mélodie du monde inonde tes cheveux (Montherl.,Encore inst. bonh.,1934, p.679). 2. Composition musicale faite sur le texte d'un poème avec accompagnement (le plus souvent au piano). Synon. chanson, chant, lied, romance.Mélodie de Fauré, de Weber; chanter, fredonner une mélodie. V. alanguissant ex. B. − P. anal. Caractère de ce qui est agréable à entendre. Synon. harmonie.Lamartine a eu besoin encore de toute la mélodie de son vers pour n'être point effacé par le prosateur qui le devance (Sainte-Beuve,Chateaubr.,t.2, 1860, p.15).Cette fâcheuse tradition [de dire les vers] détruit la continuité, la mélodie infinie qui se remarque si délicieusement dans Racine (Valéry,Pièces sur art,1931, p.46). − PHONÉT. On appelle mélodie de la phrase la courbe sonore résultant de la succession des intonations ou hauteurs des sons (Mar.Lex.1951, p.142). Prononc. et Orth.: [melɔdi]. Ac. 1694, 1718 melodie, dep. 1740 mé-. Étymol. et Hist. 1. a) α) début du xiies. «chant» (St Brendan, 1787 ds T.-L.);
β) 1remoitié du xiies. «succession de sons ordonnés de façon à constituer une forme, une structure perceptible et agréable» (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, p.260); b) 1844 «composition instrumentale (ou vocale) avec accompagnement» (Balzac, Muse départ., p.178); 2. 1765 «courbe de variations de hauteur dans une phrase, un mot» (Encyclop. t.10: mélodie du discours). Empr. au b. lat. melodia «air musical; harmonie, accord», issu du gr. μ
ε
λ
ω
δ
ι
́
α «chant d'homme, chant d'oiseau, chant avec accompagnement de musique; poésie lyrique», de μ
ε
λ
ω
δ
ο
́
ς «qui chante, mélodieux», comp. de μ
ε
́
λ
ο
ς (v. mélo-) et de α
δ
ω «chanter». Fréq. abs. littér.: 896. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1061, b) 952; xxes.: a) 1668, b)1391. |