| LÉANS, adv. Littér. Là-dedans, là-bas. Anton. céans.Ce fut, de notre temps, la mode d'être militant et nous avions encore un peu du sang des Pétrus Borel et de ces Philothée O' Neddy que voici qui mourraient chez nous s'il n'y avait encore céans (et léans de nos jours) des jeunes gens, eussent-ils quarante et cinquante ans (...) avec le diable au corps, par-dessus le marché! (Verlaine,
Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 85).Rem. Sorti de l'usage, le terme ne semble pas avoir été repris en dehors de cet exemple. Prononc. et Orth. : [leɑ
̃]. Ac. 1694 et 1718 : leans; 1740-1798 : léans. Étymol. et Hist. Désigne à l'origine tout endroit éloigné à l'intérieur duquel ne se trouve pas le locuteur. Ca 1140 la enz (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 382), très répandu dans les textes narratifs; s'oppose à céans*; qualifié de ,,vieux mot`` dep. Pomey 1671. Prob. de formation fr., comp. de là* et de l'a. fr. enz « dedans, à l'intérieur » (fin xes. prép., Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 78; mil. xies. adv. S. Alexis, éd. Chr. Storey, 78; du lat. intus adv. et prép. « id. »), le type a. fr. laiens (d'où leanz) étant dû à l'apparition d'un y de transition éliminant l'hiatus (explication tout aussi possible que celle d'une formation à partir de l'a. fr. lai, Bl.-W.5, s.v. çà, v. là); dans ce cas, cependant les formes occitanes de type lagens font difficulté (v. FEW t. 4, p. 784 a et b, note 7). Une dérivation directe de illac (v. là) + intus semble improbable : dans le cas, en effet, d'une soudure précoce des deux éléments avant la palatalisation de k, le syntagme aurait évolué en *laisenz; une soudure tardive est difficile à envisager, le -c final de illac n'ayant pu dans ce cas se maintenir; v. Fouché, p. 650, F. de La Chaussée, Morphol. hist. de l'a. fr., p. 324. |