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LUXURE, subst. fém.
A. − Recherche déréglée des plaisirs sexuels. Synon. lascivité, lubricité (péj.).S'abandonner, s'adonner, se livrer à la luxure. Il n'était plus fait pour la luxure et la gloutonnerie; son être, refroidi, comme rigide à l'intérieur, s'énervait sous les baisers et dans les repas (Zola, Th. Raquin, 1867, p. 222).L'art de la péninsule hindoue n'est qu'un immense accouplement où toutes les formes s'épousent comme la pourriture et la naissance, comme l'ascétisme et la luxure (Faure, Espr. formes, 1927, p. 254):
1. Mérodack (...) sentait sous la distinction et la retenue, la mise en oeuvre de l'esprit de luxure uni à celui de perversité. C'était là une débauche de désir, de vice, de délectation, d'effleurements, de flairements... Péladan, Vice supr., 1884, p. 143.
RELIG. CATH. Péché capital consistant à rechercher les plaisirs de la chair. Anton. chasteté, pureté.Démon de la luxure. Elle avait une horreur profonde, une horreur native du vice, et surtout du vice que l'église appelle luxure (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Rosier MmeHusson, 1887, p. 686).Les mauvais anges ont péché par luxure. Ces anges pécheurs et apostats ont, en effet, enseigné aux femmes à se farder et à se friser (Théol. cath.t. 4, 1repart. 1920, p. 349):
2. − Voyons, dit doucement le moine, vous m'avez affirmé, hier, que vous aviez commis tous les actes que comporte la malice spéciale de la luxure. − Oui, mon père. − Et, tremblant, il ajouta: dois-je entrer dans des détails? Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 90.
P. ext. Sensualité lascive, désir sexuel très intense. Synon. concupiscence.Assouvir, éteindre la luxure de qqn; le feu de la luxure. L'image représentait Napoléon III, les jambes nues, ayant gardé seulement le grand cordon de la Légion d'honneur, poursuivant une gamine qui se dérobait à sa luxure (Zola, Assommoir, 1877, p. 605).Sa luxure [du chat] s'aiguise aux râles de l'alcôve (Rollinat, Névroses, 1883, p. 105).
P. méton. Acte de débauche. Est-ce la prostitution qui a établi ses luxures dans cette rue? (Du Camp, Hollande, 1859, p. 19).Vingt machines qui s'appellent: «Âmes de grues», «Luxures païennes», «Flirtons!». Voilà ce que les Danois lisent (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 342).
Au fig., rare. Usage déréglé de quelque chose. Synon. débauche, excès, intempérance.Tu sais que c'est un de mes vieux rêves que d'écrire un roman de chevalerie (...). Mais qu'est-ce que je n'ai pas envie d'écrire? Quelle est la luxure de plume qui ne m'excite! (Flaub., Corresp., 1853, p. 245).
B. − Caractère luxurieux de quelque chose, de ce qui dénote une sensualité lascive, l'intensité du désir sexuel. Semblable au bon La Fontaine, il [Régnier] porte dans la luxure de ses tableaux plus d'oubli que de calcul. On croirait qu'il brave l'honnêteté, et seulement il l'ignore (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 139).Des boissons affolantes (...) fouettaient la luxure des propos et faisaient piaffer les convives (Huysmans, Là-bas,t.1, 1891, p.185).
Prononc. et Orth.: [lyksy:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 «abandon déréglé aux plaisirs sexuels» (Ph. de Thaon, Bestiaires, 819 ds T.-L.: E homicidium, Luxure, ebrietas); 1853 fig. luxure de la plume (Flaub., loc. cit.); 2. 1859 «acte inspiré par ce penchant» (Du Camp, loc. cit.). Empr. au lat. luxuria «exubérance, excès; somptuosité, profusion» lui-même dér. de luxus, v. luxe. Fréq. abs. littér.: 355. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 373, b) 412; xxes.: a) 1067, b) 327.