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LUCIDITÉ, subst. fém.
A.− Vx ou littér. Caractère de ce qui est lucide (v. ce mot A 1). Le soupçon, puis la colère, puis la honte, avaient donné une lucidité extraordinaire aux regards de Maurice dans l'obscurité; ils flambaient (Gozlan, Notaire,1836, p. 131).Debout dans la lucidité de ce soir or et rose (Barrès, Barbares,1888, p. 95).
B.−
1. Faculté de voir et de comprendre les choses avec clarté et justesse; caractère de celui ou de ce qui est lucide (v. ce mot B 1). Synon. clairvoyance, pénétration, perspicacité, sagacité; anton. aveuglement, illusion.Lucidité d'esprit; lucidité d'un commentaire, d'une critique, d'une pensée. Avec la lucidité des gens rompus aux affaires, il comprit que la destinée de la maison d'Esgrignon était entre les mains de ce jeune homme (Balzac, Cabinet ant.,1839, p. 111).Son esprit flottait comme une vapeur, et ne pouvait se condenser autour d'une pensée. Edmond ne vit qu'un moyen de rendre la netteté à sa réflexion et la lucidité à son jugement (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 171):
... M. Duhamel, en effet, est d'une implacable lucidité. Les hommes, on sent qu'il les a vus dans la lumière de la guerre où rien n'était celé, où toutes les passions se montraient à découvert... Massis, Jugements,1924, p. 167.
2. En partic.
a) Vieilli. Don de double vue. (Ds Littré; dict. xxes. excepté Ac.). Synon. voyance.Lucidité d'un médium, d'une voyante (Rob.).
b) [À propos d'un malade (mental), d'une pers. très âgée] Fonctionnement normal des facultés mentales. Période de lucidité. Il délirait, avec des moments d'extraordinaire lucidité (Zola, Argent,1891, p. 420).L'épileptique sort le plus ordinairement du coma de façon progressive et ne recouvre sa lucidité antérieure qu'en un délai très variable (Codet, Psych.,1926, p. 124).Mon pauvre oncle Charles sort de la vie à petits pas. À 84 ans, sa première maladie sera aussi sa dernière. Il conserve toute sa mémoire et sa lucidité, toute son intelligence (Gide, Journal,1932, p. 1115).
− P. méton., littér., souvent au plur. Moment de clairvoyance. La nuit, durant mes détestables lucidités, elle ne m'apparaîtrait plus comme un bonheur possible et que je ne sais acquérir (Barrès, Homme libre,1889, p. 218).Nous sommes fichus! dit-il à Jean, pris de désespoir, dans une soudaine et courte lucidité (Zola, Débâcle,1892, p. 109).Le bouleversement (...) qui allait avoir raison de ses dernières lucidités, ressaisissait le malheureux (Peyré, Matterhorn,1939, p. 154).
Prononc. et Orth. : [lysidite]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. A. 1478 « aspect brillant » (Gui de Chauliac, Guidon, fo24 ds Sigurs, p. 442). B. 1. 1768 « clarté, netteté d'un jugement, d'un écrit » (Ephémérides du citoyen, t. VII, p. 165 ds Brunot t. 6, p. 58 : écrits économiques [...] distingués par leur lucidité); 2. 1803 « qualité d'une personne, d'un esprit lucide » (Destutt de Tr., Idéol. 2, p. 321); 3. 1832 « état mental normal » (Sand, Valentine, p. 183 : une sorte de lucidité dans son délire); 4. 1867 « état de clairvoyance d'un médium, d'un somnambule » (Littré). Dér. de lucide*; suff. -(i)té* (cf. b. lat. luciditas « clarté, splendeur, lumière »). Fréq. abs. littér. : 612. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 279, b) 539; xxes. : a) 834, b) 1 574. Bbg. Gohin 1903, p. 272.