| LOYAL, -ALE, -AUX, adj. A. − Vx, DR. COMM. Qui est conforme à la loi, aux prescriptions de la loi. (Dict. xixeet xxes.). Marchandise bonne et loyale (Ac. 1798-1878). ♦ Inventaire bon et loyal. Inventaire exact et sincère, fait suivant les règles (d'apr. Ac. 1798-1935 et Lep. 1948). ♦ Loyaux coûts. Frais légitimes de contrat payés par l'acquéreur d'un bien immobilier (d'apr. Cap. 1936). Le vendeur (...) doit rembourser non-seulement le prix principal, mais encore les frais et loyaux coûts de la vente (Code civil,1804, art. 1673, p. 306).Oh! le vieux museau de juge (...) il se gave, il s'emplit. Amendes, épaves, taxes, frais, loyaux coûts, salaires, dommages et intérêts (Hugo,N.-D. Paris,1832, p. 231). B. − 1. [En parlant d'une pers.] Qui est sincèrement fidèle dans sa conduite aux engagements pris, aux lois de l'honneur et de la probité. Synon. droit, franc; anton. déloyal, fourbe.Adversaire, collaborateur loyal; âme, conscience, nature, personnalité loyale; coeur loyal; loyal compagnon, serviteur, soldat, sujet, vassal. Bon garçon, plein de confiance, incapable de dire du mal des gens qui lui faisaient l'honneur de l'admettre chez eux (...), enfin ce que nous appelons un loyal garçon (Balzac,Mais. Nucingen,1838, p. 610).Il le considérait comme un vieux, loyal et dévoué camarade de sa mère, comme une sorte de père moral (Maupass.,Contes et nouv.,t. 2, Attente, 1883, p. 408): − Vous n'avez aucun tort envers moi, grand Dieu (...). Vous êtes l'homme le plus loyal... − Moi, loyal!... Je mens toujours (...). − Bien sûr, vous mentez quelquefois, comme tout le monde. N'empêche que vous êtes l'être le plus loyal, le plus noble qui soit.
Montherl.,J. filles,1936, p. 971. − [Suivi d'un compl. introd. par une prép. à, avec, envers] Le Londonien type, tel qu'il est resté, loyal à son roi et à sa reine (Morand,Londres,1933, p. 18).Il était loyal avec lui-même, jusque dans ses injustices (Rolland,Beethoven,t. 1, 1937, p. 34). − Emploi subst. Le comte Armand de Kergaz, le loyal et le brave, l'homme sans reproche comme il était sans peur (Ponson du Terr.,Rocambole,t. 1, 1859, p. 294).Eux (...) avaient alors dit adieu à ce loyal ainsi qu'à sa moitié, bien embrassé le bambin, qui dormait encore (Cladel,Ompdrailles,1879, p. 156). 2. [P. méton.] Qui dénote une fidélité aux engagements pris, qui est inspiré par les lois de l'honneur et de la probité. a) [En parlant de l'attitude ou du comportement physique d'une pers.] Figure, voix loyale; mains, paroles loyales. Il avait une tête ronde, (...) quelque chose de loyal et d'avenant dans le sourire, dans le regard (Martin du G.,Thib.,Pénitenc., 1922, p. 692). b) [En parlant de l'attitude ou du comportement moral d'une pers.] Loyal combat; loyale camaraderie, collaboration, concurrence, discussion, entente; loyales excuses, explications; efforts, essais, moyens, procédés loyaux; offres loyales. Votre grand-père (...) n'a obéi qu'à une intention loyale et pure, à laquelle, en votre considération, je me dois de rendre témoignage ici (Villiers de L'I.-A.,Corresp.,1877, p. 226).L'oncle Augustin était pour elle un exemple de loyal repentir, une âme haute capable de reconnaître et d'abjurer ses erreurs (Adam,Enf. Aust.,1902, p. 498). ♦ (Bons et) loyaux services. Bons services dévoués, fidèles et honnêtes (envers une personne, une institution, etc.). Un certificat de ses loyaux services, signé de nous tous, le recommandera chaudement aux voyageurs (J.-J. Ampère,Corresp.,1820, p. 180).Ce titre exceptionnellement conféré pour reconnaître les bons et loyaux services d'une famille qui (...) obligea Mgrle comte d'Artois (Adam,Enf. Aust.,1902p. 380). − [Suivi d'un compl. introd. par une prép., p. ex. à, envers] La peste n'étant ici rien d'autre qu'une attitude peu sincère et peu loyale envers la réalité (Sarraute,Ère soupçon,1956, p. 150). c) [En parlant d'actes ou de créations intellectuelles] Article, exposé loyal; publicité loyale. Chaque parole émanée de cette mâchoire était une ânerie gigantesque, et loyale (Flaub.,Corresp.,1877, p. 23).J'ai été extrêmement touchée par votre lettre si nette et si loyale (Montherl.,Démon bien,1937, p. 1262). 3. P. anal., [En parlant d'objets ou d'éléments naturels] Qui n'est pas trafiqué, qui est conforme aux règles établissant sa nature originelle. Synon. franc.Vin loyal. Le Pape Pie: Quel est ce pain que vous voulez me donner à manger? Coufontaine: Un pain de loyale farine (Claudel,Otage,1911, i, 2, p. 235). 4. ÉQUIT. Cheval loyal. Cheval docile, qui obéit. (Dict. xixeet xxes.). Bouche loyale. Bouche qui obéit facilement au mors (Dict. xixeet xxes.). C. − Loc. adv., pop. À la loyale. Loyalement, sans tricherie. En voilà un qui se démène, et qui lutte la vie avec les coups réguliers, à la loyale (Giono,Baumugnes,1929, p. 224).Ce n'est pas comme nos histoires d'homme à homme, les différends entre tribus se règlent à la loyale. Autrement dit en bataille rangée. Cela n'a rien de commun avec une vendetta (Cendrars,Homme foudr.,1945, p. 367). REM. Loyaliser, verbe trans.,hapax. Rendre loyal, honnête, franc. Si M. le comte d'Artois osait risquer sa personne (...), ce serait le mieux; Georges le conseillait, l'exigeait presque, pour ennoblir et loyaliser sur l'heure l'exécution (Sainte-Beuve,Volupté,t. 1, 1834, p. 207). Prononc. et Orth.: [lwajal], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 leial «qui a de l'honneur et de la probité» (Roland, éd. J. Bédier, 3764); Rich. remarque «Le Mot de loial est un peu vieux dans l'usage ordinaire, et il a plus de cours dans le burlesque que dans le sérieux»; ce sens absent de Fur. 1690 et de Trév. 1704-52 est repris par Ac. 1694; b) 1827 «qui est fidèle au roi, à l'autorité légitime» (Chateaubr., Stuarts, Captivité du roi ds Littré); 2. 1183-89 leal «qui est de bonne qualité, légal» (Beneit, Thomas Becket, éd. B. Schlyter, 640); 3. 1678 cheval loyal «qui ne se défend pas» (Guillet 1repart.). Du lat. legalis, v. légal, attesté en lat. médiév. au sens de «usuel, courant, normal» (815 ds Nierm.); au sens 1 b le mot est empr. à l'angl. loyal de même sens (1531 ds NED), qui est une spécialisation du sens «fidèle à un engagement» (1604, ibid.), lui-même empr. au fr. loyal de même sens. Fréq. abs. littér.: 823. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1136, b) 1198; xxes.: a) 1258, b) 1131. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 190. _ Gohin 1903, p. 316. _ Rabotin (M.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique à Montréal de 1829 à 1842. Paris, 1975, p. 58, 59, 63, 64, 67. |