| * Dans l'article "LOUPE1,, subst. fém." LOUPE1, subst. fém. A. − MÉTALLURGIE 1. Pierre fine ou précieuse présentant un défaut de cristallisation, une transparence imparfaite. Loupe de saphir, de rubis (Ac.). 2. Excroissance de matière nacrée, située sur la face interne d'une coquille d'huître perlière. (Dict. xixeet xxes.). B. − TECHNOL. Masse de minerai mal fondu, renfermant des scories. Le puddleur (...) roulait en tous sens la masse métallique; (...) au moment précis où elle atteignait, par son mélange avec les scories, un certain degré de résistance, il la divisait en quatre boules ou «loupes» spongieuses, qu'il livrait, une à une, aux aides marteleurs (Verne,500 millions, 1879, p. 74).Le métal fondait, tombait en gouttelettes ramassées en une loupe de fer (...). Lorsque cette loupe était suffisamment grosse, (...) on la battait (Fillon,Serrurier, 1942, p. 3). C. − PATHOL. Kyste sébacé, se situant généralement au niveau de la tête. Une loupe ou enflure au genou (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 4, 1859, p. 89).La grosseur (...) prit en peu de mois les dimensions d'un oeuf de perdrix (...); il (...) adopta cette forme de faux cols demi-hauts dans lesquels une sorte d'alvéole réservée cachait la loupe (Gide,Caves, 1914, p. 686).Les loupes sont des tumeurs qui siègent au cuir chevelu (Roussy dsNouv. Traité Méd.fasc. 5, 2 1929, p. 334). − P. métaph. L'extirpation de cette loupe dévorante du système réglementaire et exclusif (Say,Écon. pol., 1832, p. 185). − P. anal. Des monticules d'un aspect singulier. (...) des verrues et des loupes d'une terre molle et rose qu'on dirait par endroits gonflée et tuméfiée (Hugo,Fr. et Belg., 1885, p. 195). D. − BOT. Excroissance ligneuse qui se forme sur le tronc ou les branches de certains arbres (synon. de broussin1); p. méton., bois de cette excroissance, utilisé en ébénisterie. Sur les troncs d'inquiétants polypes, d'horribles loupes (Huysmans,Là-bas, t. 2, 1891, p. 20).Les loupes d'amboine blondes et précieuses (Arts et Litt., 1935, p. 84-5).Les loupes sont des excroissances qui se rencontrent sur certains arbres; elles sont dues à diverses causes: piqûres d'insectes, blessures (...), l'orme, le noyer sont susceptibles d'avoir des loupes. Les placages en loupe sont assez récents dans l'art du meuble (Viaux,Meuble Fr., 1962, p. 5). E. − 1. OPT. Lentille biconvexe qui donne des objets une image virtuelle droite et agrandie; p. méton., appareil monté avec cette lentille. Forte, grosse loupe; peindre, travailler à la loupe. Superbe loupe, avec manche en nacre, lentille St-Gobain (Catal. jouets [Louvre], 1936).La loupe du botaniste, c'est l'enfance retrouvée. Elle redonne au botaniste le regard agrandissant de l'enfant (Bachelard,Poét. espace, 1957, p. 146): 1. Pour la main humaine, le point qu'on en pouvait présenter sous le microscope semblait, même au verre le plus faible, un objet immense, vague, incompréhensible à force de grossièreté. Même à une loupe moyenne, qui grossit seulement douze ou quinze fois, elle paraissait un tissu jaunâtre et rosâtre, rude et sec, mal tendu, une sorte de taffetas à réseau...
Michelet, Insecte, 1857, p. 114. ♦ Loupe binoculaire. Microscope stéréoscopique. La confection des coupes est suivie sous la loupe binoculaire (Husson, Graf,Manuel biol. gén., 1965, p. 73). ♦ Loupe dichroscopique. V. dichroscopique dér. s.v. dichroscope. 2. P. métaph. Attention critique, examen minutieux, sévère. Quand il [Flaubert] braque sa loupe sur un personnage, il ne néglige pas une verrue, il fouille les plus petites plaies (Zola,Romanc. natur., Flaubert, 1881, p. 116): 2. Censeurs que le Génie énerve,
Exerçant leur sombre minerve
Sur des chefs-d'oeuvre indiscutés,
Pour, avec leur loupe risible,
Y trouver une erreur possible,
Sans s'attarder à leurs beautés...
Ponchon,Muse cabaret, 1920, p. 218. − Loc. verb. (Verbe +) à/avec la loupe.Avec beaucoup de minutie ou avec un goût exagéré pour le détail, et qui donne parfois une vision déformée de la réalité. Ce regard jeté à la loupe sur mes moindres détours de pensée, cette scrutation continue de mon être le plus caché (Bourget,Disciple, 1889, p. 85).Examinant les sentiments à la loupe, grossissant les choses menues et ne voyant pas les grandes (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p. 709).Rohner, il est admirable quand je le regarde à la loupe et en détail (Duhamel,Maîtres, 1937, p. 269). 3. P. anal., littér. Chose qui rappelle une loupe par son aspect extérieur ou son effet grossissant. Les larmes qui tendaient une loupe d'eau entre ses cils et lui montraient un univers grotesque (Cocteau,Gd écart, 1923, p. 72).La loupe de cuivre du balancier (Butor,Passage Milan, 1954, p. 16). Prononc. et Orth.: [lup]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1328 loupe de saphir (doc. ap. L.-Cl. Douët d'Arcq, Nouv. recueil de comptes de l'argenterie, 44 ds IGLF); 2. 1358 «défaut dans une masse de métal» (doc. ds Gdf. Compl.); 3. 1450 «masse de fer affinée qu'on passe au marteau» (Vente des biens de Jacques Coeur, Archives nationales, KK 328, fo211 ro, ibid.); 4. 1549 «tumeur sous-cutanée formant une excroissance indolore» (Est.); 5. 1680 «instrument d'optique» (Rich.); 6. 1684 «excroissance ligneuse qui se développe sur certains arbres» (Furetière, Essais d'un dict. univ., s.v. bois, p. 5b). Orig. incertaine. Soit issu d'un rad. lopp-, créé en fr., désignant un morceau informe qui pend lâchement (cf. ca 1180 faire la loupe «tirer la langue à quelqu'un en signe de dérision» ds Renart, éd. M. Roques, I, 564), soit d'orig. frq., cf. le rhénan luppe «morceau» (FEW t. 5, p. 422a, 495). DÉR. 1. Loupeur, -euse, subst.Ouvrier spécialisé dans la recherche des loupes (supra D). Après avoir tâté d'une infinité de professions inconnues et excentriques, il se faisait loupeur en Asie Mineure. (...) paresseusement occupé à découvrir des loupes: les excroissances des noyers de ce pays avec lesquels on fabrique des plaquages de meubles très appréciés (E. de Goncourt,Zemganno, 1879, pp. 18-19).− [lupoe:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1reattest. 1877 (Littré Suppl.); de loupe1, suff. -eur2*. 2. Loupeux, -euse, adj.[En parlant d'un arbre, d'un bois] Qui présente des loupes (supra D). Ormes gerçurés et loupeux (Arnoux,Zulma, 1960, p. 12).− [lupø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1798-1878. − 1resattest. a) 1573 «(pierre précieuse) qui a des loupes» (doc. ds Mém. de la Société de l'hist. de Paris et de l'Île-de-France, t. 35, 1908, p. 203: un saphir fort chargé de couleur, percé, fort louppeux, cabochon), b) 1580 tumeur loupeuse (M. de La Porte, Épithètes, 409vods Hug.), c) 1690 «(arbre) qui présente des nodosités» (Fur., s.v. fresne); de loupe1, suff. -eux*. BBG. − Gohin 1903, pp. 358, 364. _ Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 302. |