| LOUABLE, adj. [Correspond à louer1] Qui est digne d'être loué. A. − [En parlant d'une pers.] Celui qui, avec cette industrie, réussit à faire subsister sa famille, sans s'avilir et sans manquer à ses engagemens, est sans doute un homme louable (Senancour,Obermann, t. 2,1840, p. 96). ♦ (Être) louable de (+ inf. ou subst.). [Plutarque] louable de mille vertus (Joubert,Pensées, t. 2,1824, p. 162): 1. Et elle, au fond de son coeur vide, ne trouvait plus qu'une lassitude, qu'une envie sourde. Était-elle donc meilleure que les autres, pour plier ainsi sous les plaisirs ? Ou était-ce les autres qui étaient louables d'avoir les reins plus forts que les siens? (...) elle souhaitait de nouveaux désirs...
Zola,Curée, 1872, p. 595. ♦ (Être) louable en (qqc.). Elle s'enquit (...) de ma tante Chausson qui ramassait les épingles qu'elle trouvait à terre, louable en cela, car il ne faut rien laisser perdre (A. France,Pt Pierre, 1918, p. 240). B. − [En parlant d'un inanimé] Louable entreprise; louables efforts; but, intention, motif, sentiment louable. Voulez-vous me dire si vous avez jamais connu un homme (...) dont les actions fussent toujours bonnes, ou toujours mauvaises, incessamment blâmables, ou louables incessamment! (Musset,Lettres Dupuis Cotonet, 1836-37, p. 754).M. Zacharie Zacharian expose entre autres louables natures mortes, une Raie (Toulet,Notes art, 1920, p. 29): 2. Ce qui est beau et bon mérite l'honneur et la louange (...) mais il faut d'abord se souvenir, (...) que c'est l'acte intérieur de la volonté qui mérite avant tout la louange et surtout que cette volonté n'est elle-même belle et louable que parce qu'elle s'oriente vers une fin qui la règle.
Gilson,Espr. philos. médiév., 1932, p. 120. ♦ Il est louable de (+ inf.).Il est permis, il est même louable de parler avec son humeur (Joubert,Pensées, t. 1,1824, p. 248). − En emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Peu à peu le sacré, le juste, le légal, le décent, le louable et leurs contraintes se dessinent dans les esprits (Valéry,Variété II,1929, p. 56). − Par antiphrase. Louable coutume. Je suis parti sans prendre congé de toi, ni de personne, selon ma louable coutume. Pardonne-moi (Quinet,All. et Ital.,1836, p. 135). − Spéc., vieilli ♦ HIST. [A qualifié les cantons de la Confédération helvétique] Il allait en Suisse porter des propositions aux louables cantons et recruter des soldats (Stendhal,Chartreuse, 1839, p. 73). ♦ MÉD. [En parlant d'une substance produite par le corps] Qui présente les qualités voulues, normales. Du sang louable. Des matières louables (Ac. 1798-1878). La plaie de Jean se cicatrisait avec une lenteur infinie, le drain ne donnait toujours pas le pus louable (Zola,Débâcle, 1892, p.499).P. anal. Il (...) demanda un haddok, une sorte de merluche fumée qui lui parut louable (Huysmans,A rebours, 1884, p. 180). REM. Louablement, adv.D'une manière louable. C'était réagir louablement contre la surcharge inutile du luxe ostentatoire (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p. 38). Prononc. et Orth.: [lwabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. «digne d'être loué» (Psautier d'Oxford, 95, 4 ds T.-L.: Kar granz est li Sires, e löebles mult); ca 1265 abis loables (Brunet Latin, Tresor, éd. J. Carmody, II, XXXIV, p. 203); 2. 1314 méd. ordure löable (Chir. de H. de Mondeville, 1533 ds T.-L.). Dér. de louer1*; suff. -able*; cf. le lat. laudabilis «digne d'éloges (d'une personne ou d'une chose)». Fréq. abs. littér.: 268. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 692, b) 238; xxes.: a) 339, b) 216. |