| * Dans l'article "LONGUEUR,, subst. fém." LONGUEUR, subst. fém. A. − [Dans l'espace] 1. a) La plus grande dimension horizontale (d'un objet, d'une surface, d'un volume) ou la dimension qui est dans l'axe de son orientation. La longueur d'une allée, d'une pièce, d'un lit, d'une voiture, de la carène; au milieu, à la moitié de sa longueur. Cette protubérance annulaire correspond à la fosse basilaire de l'os occipital : sa plus grande largeur est double de sa longueur (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 129). ♦ Dans sa longueur, dans le sens de la longueur. Les faucheurs font des pauses régulières. À l'ordinaire au bout de la bande d'herbe attaquée, la prairie prise dans sa longueur (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 76). ♦ En longueur. Dans le sens de la longueur. Placer, ranger, fendre, scier qqc. en longueur. ♦ Dans/sur toute la longueur de... Dans toute l'étendue de... Sur toute la longueur du train, les voitures communiquaient entre elles par des passerelles (Verne, Tour monde,1873, p. 149). ♦ Sur une bonne longueur. Sur une partie importante de son étendue. Les forains avaient planté leurs tentes et dressé leurs baraques sur la place, devant l'église et sur une bonne longueur de la route (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 105). − SPORTS. Saut en longueur. Exercice qui consiste à sauter le plus loin possible. Les 4 phases successives du saut en longueur : l'élan, l'appel, la suspension et la chute (R. Vuillemin, Éduc. phys.,1941, p. 143). b) La plus grande étendue d'un objet, de l'une à l'autre de ses extrémités. La longueur des cheveux, de la barbe, du cou, des doigts, de l'intestin grêle, de l'œsophage; la longueur des ailes, du corps; la longueur d'une corde; la longueur d'une robe, d'un manteau. Cette glande est située sous la peau de chaque côté de la mâchoire inférieure, vers le milieu de sa longueur (Cuvier, Anat. comp., t. 5, 1805, p. 252). c) P. ext. Distance, étendue correspondant à la longueur d'un objet. On dépava (...) quelques longueurs de maisons de plus (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 436). 2. P. méton. Grandeur qui mesure cette dimension ou cette étendue. Connaître, mesurer, évaluer la longueur exacte de...; la longueur totale est de...; avoir tant de longueur; (sur) une longueur de tant. Une corde solide de plus de deux cents pieds de longueur (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 341). ♦ Longueur hors tout. ,,Longueur (par exemple d'une voiture) dans laquelle sont compris tous les accessoires`` (Gruss 1952). − Spécialement ♦ La longueur d'onde*. Les premiers émetteurs radioélectriques utilisaient uniquement des ondes longues ([...] longueurs d'ondes supérieures à 10 km) (Matras, Radiodiff. et télév.,1958, p. 56).Au fig., fam. Être sur la même longueur d'onde*. ♦ Longueur d'ondulation*. a) MATH., cour. Grandeur mesurant ce qui n'a qu'une dimension. Les longueurs, les surfaces, les volumes; unité de longueur; mesure de longueur : 1. ... d'où trois qualités de figures : Les lignes, figures à 1 dimension : longueur [it. ds le texte], les surfaces, figures à 2 dimensions : longueur [it. ds le texte], largeur, les volumes, figures à 3 dimensions : longueur [it. ds le texte], largeur, hauteur (ou profondeur)...
Bremond, Poés. pure,1926, p. 158. b) INFORMAT. Longueur de mot. ,,Nombre de caractères ou de positions binaires constituant un mot`` (Guilh. 1969). c) OPT. Longueur focale. ,,Longueur entre le centre optique d'une lentille mince et son foyer`` (Muller 1966). d) MAR. Longueur de câble. Ancienne mesure de longueur de 120 mètres. Synon. encâblure. ♦ Longueur hors tout (d'un bâtiment). ,,Dimension (...) qui englobe tout ce qui prolonge la coque, notamment le beaupré`` (Le Clère 1960). ♦ Longueur entre perpendiculaires. Longueur qui ,,se prend entre la perpendiculaire avant (...) et la perpendiculaire arrière`` (Le Clère 1960). e) INDUSTR. TEXT. Longueur de rupture d'un fil ou d'un cordage. − C'est la longueur, exprimée en km, de ce fil ou de ce cordage, supposé indéfini, nécessaire pour qu'il se rompe sous l'effet de son propre poids (Thiébaut, Fabric. tissus,1961, p. 80). f) LING. Longueur d'un vers, d'un mot. Nombre de ses syllabes. (Dict. xixeet xxes.). g) SPORTS. Unité définie par la longueur du véhicule, du cheval, du bateau p. ex. Battre l'adversaire d'une longueur; prendre deux longueurs d'avance; second à une demi-longueur, à trois quarts de longueur. Je les vis arriver au but, devançant les autres coureurs de trois longueurs de cheval (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 775): 2. Nous avons échappé à la gêne en nous jetant à l'eau, et notre humeur s'est résolue en un match furieux où j'ai battu Jacques d'une longueur, à l'arraché.
Gracq, Beau tén.,1945, p. 45. 3. En partic. Cette dimension ou cette grandeur supérieure à la moyenne (généralement considérée comme trop grande). La longueur du tunnel ne permet pas de...; être tout en longueur. Deux villages bâtis en longueur (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 8). B. − [Dans le temps] 1. Espace de temps, durée. a) [Le compl. déterm. désigne un espace de temps] La longueur des jours diminue. On peut juger de la bonté d'un livre à la vigueur des coups de poing qu'il vous a donnés et à la longueur de temps qu'on est ensuite à en revenir (Flaub., Corresp.,1853, p. 282). − À longueur de jour(s), journée(s), de semaine(s), d'année(s), de siècle(s). Pendant toute la durée de. Au fond des mauvais rêves que fabriquent à longueur de nuit les casernes et les prisons (Nizan, Conspiration,1938, p. 81). ♦ À longueur de temps. L'émotif surexcite ses émotions pour le plaisir d'en jouir, l'intraverti les déguste à longueur de temps (Mounier, Traité carac.,1946, p. 543). − Spécialement ♦ PHONÉT. Longueur d'un phonème. ,,Temps affecté à l'émission d'un phonème; on parle aussi de « quantité » lorsqu'il s'agit de la mesure des voyelles`` (Dor.-Poir. 1975). ♦ PHONÉT., MUS. Longueur de la syllabe. L'accentuation consistait dans l'élévation de la voix, et non la longueur, sur la syllabe accentuée (Potiron, Mus. église,1945, p. 28).Cf. long I B 2 a ε. b) [Le compl. déterm. est un subst. d'action ou d'état] La longueur du bail, de l'arrêt, de l'étape; augmenter la longueur de la vie. À l'église silence parfait, quelle que soit la longueur de l'office (Bloy, Journal,1899, p. 360). 2. En partic. Durée trop longue ou ressentie comme telle. Traîner en longueur; traîner, tirer les choses en longueur; la longueur de l'hiver, des entractes, des entrevues; redouter la longueur du voyage, de l'absence, d'une séparation. L'office a été atroce de longueur (Flaub., Corresp.,1848, p. 83).Dans le train, lui ai donné à lire, pour occuper la longueur du trajet, le Prométhée qu'elle ne connaissait pas encore (Gide, Journal,1917, p. 633). − Au plur., rare. Les longueurs des journées et des soirs, elle les oubliait dans les livres (Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 40). C. − [En parlant d'un texte, d'un discours, d'un spectacle] 1. Étendue, durée. Diminuer la longueur d'un texte; la longueur d'une citation. Ce morceau de musique est d'une bonne longueur (Littré) : 3. C'était le contraste de l'apparente légèreté de ses propos, avec la profondeur sublime et presque apocalyptique de ses lettres qui l'avait fait distinguer. La longueur des phrases plaisait surtout à la maréchale; ce n'est pas là ce style sautillant mis à la mode par Voltaire, cet homme si immoral!
Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 412. 2. En partic. Trop grande étendue. Je suis honteux de la longueur de cette lettre (Tocqueville, Corresp. [avec H. Reeve], 1858, p. 255). − Vx. Faire longueur. Après deux cent soixante-dix-huit ans écoulés, nous sommes si loin des sentiments d'amour et de religion qui remplissent ces lettres, que j'ai craint qu'elles ne fissent longueur (Stendhal, Abbesse Castro,1839, p. 186). − Au plur. Des longueurs. Passages trop longs et inutiles. Il faut éviter le plus possible la forme historique, qui oblige à des détails connus et à beaucoup de longueurs (Constant, Journaux,1804, p. 56). REM. Longuerie, subst. fém.,fam., synon. (supra C 2 au plur.).Elle rit, elle prête à ces longueries son doux regard myope, la grâce vivante de sa nuque et de sa taille (Colette, Cl. ménage,p. 366 ds Rheims 1969). Prononc. et Orth. : [lɔ
̃gœ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Dans le temps 1. 1119 « espace de temps que dure une chose » (Philippe de Thaon, Comput, 1380 ds T.-L.); 2. ca 1500 à longueur de temps « à force de temps » (Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, II, 213); 3. 1549 « lenteur » (J. du Bellay, Deffence, 135 ds IGLF : difficulte et longueur d'apprendre des motz); 1567 aller en ... longueur (Amyot, Alc., 39 ds Littré); 1666 trainer en longueur (Molière, Misanthrope, II, 4). II. Dans l'espace 1. ca 1140 « la plus grandes des deux dimensions principales d'une surface » (G. Gaimar, Hist. des Anglais, 285, 179 ds T.-L.); ca 1170 trente liẅes ot de lungur (M. de France, Lais, éd. J. Rychner, Eliduc, 890); 2. apr. 1170 « grandeur supérieure à la normale dans le sens de la plus grande dimension » ici en parlant du corps (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 122); 3. 2emoitié xiiies. « dimension d'une chose dans le sens de sa plus grande étendue » longor du coute [coude] (Rutebeuf, Vie Ste Marie l'Egyptienne, 883 ds Oeuvres, éd. E. Faral, t. II, p. 46); 4. a) 1679 mar. « distance horizontale comprise entre l'étrave et l'étambot » (Seignelay à Demuyn ds Jal 1848); b) 1831 longueur d'un câble « encâblure » (Will.); 5. 1765 « mesure de l'étendue d'une figure linéaire d'une extrémité à l'autre » (Encyclop. t. 10, s.v. mesure); 6. 1846 « unité définie par la longueur de la bête, du véhicule ... et servant à évaluer la distance qui sépare les concurrents dans une course » (Dumas père, loc. cit.); [1690 longueurs ... de champ « unité de mesure égale à un champ » (Fur.)]. III. Dans l'espace ou dans le temps 1538 « étendue, développement d'un récit, d'un discours » (Est.); au plur. 1585 « passages trop longs » (N. du Fail, Contes d'Eutrapel ds
Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 1, p. 209). Dér. de long*; suff. -eur1*. Fréq. abs. littér. : 2 163. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 312, b) 2 619; xxes. : a) 1 901, b) 2 118. Bbg. Gohin 1903, p. 308 (s.v. longuerie). - Hope 1971, p. 206 (s.v. longuerie). |