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LOISIR, subst. masc.
A. − Vieilli, au sing. Possibilité, liberté laissée à quelqu'un de faire ou de ne pas faire quelque chose. Nous avons de cette bienveillance du château des preuves que je vous détaillerai si vous le souhaitez et m'en accordez le loisir (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 298).Il me semble qu'il y aurait, si l'on avait loisir, un intérêt tout neuf et un jour imprévu à l'examiner (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 411).Et puis cette belle expérience que je viens de créer, je pourrai à mon loisir la répéter (Barrès, Homme libre,1889, p. 229).
1. En partic. Possibilité d'employer son temps à son gré. Mais le temps de la curiosité, qui suppose du loisir, de l'aisance et quelque instruction, n'est pas encore arrivé (Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 277).Cette condition, c'est le loisir indispensable à l'acquisition des lumières, à la rectitude du jugement (Constant, Princ. pol.,1815, p. 54).Je ne me sens jamais plus embarrassé que devant un loisir absolu. Pourquoi? Parce que j'ai peur de toute entreprise sérieuse, et que le loisir met la conscience en demeure de faire œuvre (Amiel, Journal,1866, p. 373).
2. Loc. verb.
a) Avoir du loisir. Avoir la possibilité, le temps de faire ce que l'on veut. Mais parmi les nations civilisées la femme a du loisir, et le sauvage est si près de ses affaires, qu'il est obligé de traiter sa femelle comme une bête de somme (Stendhal, Amour,1822, p. 9).Jérôme et Jean Tharaud ont également gardé l'esprit d'un temps intelligent, artiste et raffiné où l'on avait du loisir (Arts et litt.,1936, p. 38-7).
b) Être de loisir (vieilli). Être dans la position de faire ce que l'on veut, être maître de son temps. Il faudrait être à Paris, et y être de loisir, deux choses à moi difficiles (Courier, Lettres Fr. et Ital.,1807, p. 757).Ce que je retrouve, et très bien, pour peu que je sois de loisir, c'est le goût de mes colères juvéniles, de mes peurs, de mes déboires (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 143).
Gén. péj. Subst. (hum.) + de loisir.Oisif. L'homme de travail, ouvrier, fabricant, regarde généralement le marchand comme un homme de loisir (Michelet, Peuple,1846, p. 124).
3. Littér. Libre disposition de quelqu'un ou quelque chose, pouvoir exercé sur quelqu'un ou quelque chose. Le comte avait croisé les bras, paraissant bien sûr d'avoir le loisir de ce qu'il voulait, riant d'un mauvais rire qui secouait son corps énervé et sans autre force que celle de la fièvre qui escarbouclait ses yeux agrandis (Péladan, Vice supr.,1884, p. 93).Il a fallu qu'il sache ce sacré putin de secret pour la commander, la tenir à son loisir, l'enrager quand il veut (Giono, Colline,1929, p. 172).
4. P. méton.
a) Espace propice au loisir, à la flânerie, à la divagation (d'animaux). Et les chèvres rentrèrent à Zermatt, s'égaillant comme dans le loisir d'un chemin creux, aussi tranquillement que si les chalets noirs et vétustes n'avaient jamais vu passer sous eux que leurs troupeaux (Peyré, Matterhorn,1939, p. 252).
b) [En parlant d'un attribut de la pers.] Mais cette répartition (...) enlèverait à la pensée le loisir qui doit la rendre forte et profonde, à l'industrie la persévérance qui la porte à la perfection (Constant, Princ. pol.,1815, p. 114).
5. En partic. À loisir. À satiété, autant qu'on le désire. Quand il eut considéré tout cela dans son ensemble, puis un à un chaque détail, il recommença encore une fois (...) comme une galerie de tableaux que l'on reprend par le bout, s'arrêtant à chaque fait, à chaque forme, (...) et s'en repaissant à loisir, jusqu'à ce que la satiété lui fit réclamer une autre amertume à goûter (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 138).Si l'autre tarde encore, je la verrai au moins monter du désert et envahir le ciel, froide vigne d'or qui pendra du Zénith obscur et où je pourrai boire à loisir, humecter ce trou noir et desséché que nul muscle de chair vivant et souple ne rafraîchit plus (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1586).
6. Vieilli, péj. Femme de loisir. Courtisane. Le vulgaire appelle cela des femmes de loisir; il les calomnie : aucune des servitudes volontaires dont parle La Boétie n'est comparable à cette servitude (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 195).Sa coiffe blanche allait fort bien à son visage rondelet, et son jupon court à sa jolie jambe; mais la robe longue et drapée des femmes de loisir lui enlevait tous ses avantages (Sand, Jeanne,1844, p. 207).
B. − Temps dont on a la libre disposition pour faire quelque chose.
1. Loisir de + subst. désignant un état, un événement, un procès. Espace de temps libre dû à l'inaction. Les longs loisirs de l'émigration, la vie immobile et studieuse à laquelle l'infirmité de ses jambes le condamnait, avaient accru en lui ce goût des entretiens (Lamart., Nouv. Confid.,1851, p. 302).M. Grandfief, bonhomme méticuleux et pacifique, (...) trompait les loisirs de l'attente en allant sur la pointe des pieds modérer le jeu des lampes et affermir les bougies dans leurs bobèches (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 73).Je me consacrai naturellement à la partie militaire de la coopération que nous allions demander aux Américains et cela suffisait amplement à occuper les loisirs forcés de notre traversée (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 449).
2. Avoir le loisir de + inf. Avoir le temps, la possibilité matérielle ou intellectuelle de faire quelque chose. Convenez donc, M. L'Hermite, qu'il n'y a point d'être plus heureux qu'un bourgeois de Paris qui a dix mille livres de rente, et qui a le loisir de tout voir (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 62).Jos-Mari de son côté eut tout le loisir de se morfondre, à la forge ou dans l'échoppe d'Andreas, en réflexions dont il n'était pas coutumier (Peyré, Matterhorn,1939, p. 96).Toujours, le microbiologiste a le loisir de vérifier l'identité du matériel vivant sur lequel il travaille, par un moyen conférant au témoignage de ses sens une valeur décisive (P. Morand, Confins vie,1955, p. 12):
1. ... nous étions assis à une petite table éclairée par une bougie renfermée dans un globe de verre. J'eus alors tout le loisir d'examiner ma gitana pendant que quelques honnêtes gens s'ébahissaient, en prenant leurs glaces, de me voir en si bonne compagnie. Mérimée, Carmen,1847, p. 21.
3. Loc. adv. Avec loisir (vx), à loisir, tout à loisir. En prenant son temps, en ayant le temps. Il s'enferma tout un jour pour mesurer à loisir la profondeur de l'abîme où venaient s'engloutir ses espérances (Sandeau, Sacs,1851, p. 46).Ne pas me presser, m'appliquer à écrire; achever ce volume dans la sérénité, avec loisir; donnant à mon pauvre esprit le temps de s'élever, de s'éclairer, de s'échauffer (Dupanloup, Journal,1856, p. 188).Du vivant de sa femme, un repas sur deux, en semaine, et les deux repas du dimanche étaient pris à loisir dans la salle à manger (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 275).
4. En partic., gén. au plur. Espace de temps habituellement libre que laissent les occupations et les contraintes de la vie courante (travail, sommeil, nutrition principalement). Synon. récréation, repos, vacances.Instant, jour, moment de loisir; loisir dominical, hebdomadaire; avoir des loisirs; employer, meubler, occuper ses loisirs; ministère, sous-secrétariat des loisirs et des sports. Alors, afin d'occuper ses tristes loisirs, il lui était venu une idée, celle de dresser un inventaire total de sa maison et d'y étudier certains perfectionnements, depuis longtemps rêvés (Zola, Débâcle,1892, p. 544).Il pêchait au large, raccommodait ses filets, calfatait sa barque et, à ses heures de loisirs, construisait dans une carafe une goélette parfaitement gréée (France, Pt Pierre,1918, p. 95).Le gouvernement, favorable au monde du travail, vote les lois sociales les plus avancées de son histoire : le temps de loisir devient une réalité (Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p. 108):
2. Pour qu'il soit plus facile de doter les logis des services communs destinés à réaliser dans l'aisance le ravitaillement, l'éducation, l'assistance médicale ou l'utilisation des loisirs, il sera nécessaire de les grouper en « unités d'habitation » de grandeur efficace. Le Corbusier, Charte Ath.,1957, p. 109.
Organisation, politique des loisirs. Ensemble des options d'un système (étatique, associatif p. ex.) qui orientent ou planifient, dans un but déterminé, le temps ou les activités de loisir d'une collectivité. Le sens d'une organisation des loisirs ne doit pas être d'offrir le plus possible de distractions aux gens, mais donner une signification à l'éducation et à la culture de la communauté (Becquet, Organ. loisirs travaill.,1939, p. 75).La politique des loisirs est encore dans l'enfance. Elle constituera l'une des rubriques prioritaires de la politique tout court (G. Heneinds Pol.1969).
Civilisation des loisirs. État d'une civilisation dans lequel la place laissée aux loisirs serait de plus en plus importante et bouleverserait complètement les habitudes et l'organisation de la vie publique et privée :
3. Pour incomplet que soit l'exposé sur cet univers se rattachant à la civilisation des loisirs, il n'en relève pas moins les formes multiples, la complexité, l'intention de prise en charge de besoins biologiques de détente et d'expansion. Gds ensembles habit.,1963, p. 18.
P. méton. Activité, distraction à laquelle on se consacre pendant les loisirs. Loisir de plein air, culturel, sportif; loisir coûteux; activité de loisir; loisir individuel, collectif. Sur la table, une tête de mort insultée par un brûle-gueule; des livres achetés pour les loisirs des vacances (Mauriac, Baiser Lépreux,1922, p. 150).Il restait à mettre en place des infrastructures qui permissent aux jeunes en particulier, par l'organisation d'un vaste réseau de lieux de rencontre, de profiter culturellement des loisirs de voyage (Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p. 98).Aujourd'hui, les loisirs des industriels et des cadres supérieurs d'Annecy ne présentent que très rarement ce caractère [du loisir de la classe oisive]; ils ne se distinguent presque jamais de façon radicale de ceux de la majorité (Dumazedier, Ripert, Loisir et cult.,1966, p. 303).
Base, zone de loisir. Lieu, infrastructure aménagés pour pratiquer un loisir, un ensemble de loisirs culturels, sportifs, d'agrément. La « base de loisirs » de Saint-Quentin-en-Yveline, dans la région parisienne, a servi de « prototype » pour mieux cerner le contenu à donner à l'aménagement d'espaces de détente familiaux (P. Augéds Autrement, no10, sept. 1977, p. 206).À l'est, vers le cœur du quartier des affaires, la zone de loisirs avec sa patinoire artificielle, ses neuf cinémas, ses quatorze restaurants (Le Monde,3 mars 1981, p. 17, col. 5).
Prononc. et Orth. : [lwazi:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « possibilité (de faire quelque chose) » (Roland, éd. J. Bédier, 459); ca 1140 leisir de + inf. (Geoffroi Gaimar, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 6073); 2. id. a leisir « en prenant le temps nécessaire, sans contrainte » (Id., ibid., 141); ca 1165 « temps nécessaire pour faire quelque chose » (Benoît de Ste-Maure, Troie, 2025 ds T.-L.); 3. fin xives. « temps libre permettant de faire ce que l'on veut » (Froissart, Chron., éd. Ch. Diller, I, XXII, p. 116, 36); Ac. 1740 signale l'emploi du plur. dans la langue poét. : d'heureux loisirs. Substantivation du verbe a.fr. loisir, impers. « être permis » (2emoitié xes. lez ind. prés. sing. 3 St Léger, éd. J. Linskill, 93), du verbe impers. lat. licere « être permis ». Fréq. abs. littér. : 1 779. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 999, b) 1 976; xxes. : a) 1 696, b) 2 926.