| LIVIDITÉ, subst. fém. Couleur livide. A. − [Correspond à livide A] 1. [En parlant de la peau, du teint d'une pers.] Son beau visage avait pris les couleurs pourrissantes d'un marbre que le temps a verdi; et dans cette lividité ses yeux immenses (...) brillaient de toute leur chaude vie et d'un éclat impressionnant (Tharaud, Marrakech,1920, p. 203). − MÉD. Lividités cadavériques. ,,Taches bleu-violacé localisées aux parties déclives du cadavre, dues à la congestion passive des capillaires et à la diffusion subséquente de l'hémoglobine dans les tissus environnants`` (Méd. Biol. t. 2 1971). 2. [En parlant d'une chose, de la lumière] La lividité de la nue blêmit et plombe les sacs de terre aux plans vaguement luisants et bombés, tel un long entassement de viscères et d'entrailles géantes mises à nu sur le monde (Barbusse, Feu,1916, p. 246). B. − [Correspond à livide B] 1. [En parlant de la peau, du teint d'une pers.] Le visage (...) [de Catherine de Médicis] était grave et sombre, un peu terrible, à cause de cette lividité des Italiennes qui, durant le jour, fait ressembler leur teint à de l'ivoire jaune (Balzac, Cath. de Médicis,1843, p. 138).Berthe eut la réputation d'une dévergondée... son teint pâle qui fut d'abord celui d'une pauvre femme qui se ronge les sangs (...) devint l'ignoble lividité d'une fille épuisée par la noce (Huysmans, En mén.,1881, p. 128). 2. [En parlant d'une chose, de la lumière] Perspectives de villes blanchies par la lividité cadavéreuse de l'orage (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 376).Une pâle éclaircie se fit au zénith, un peu de blémissement se dispersa sur la mer, cette lividité démasqua à bâbord un long barrage en travers à l'est (Hugo, Homme qui rit, t. 1, 1869, p. 116): Le jour tout envahi de pâleurs blanches comme un visage où se peint une expression d'effroi. Lividité uniforme où le regard se perd dans sa mémoire, et semble faite pour transir des sentiments et des pensées. Trop de lumière dans ce monde pour que la couleur y garde ses vertus.
J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 27. Prononc. et Orth. : [lividite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1314 « couleur plombée, bleuâtre » (Henri de Mondeville, Chirurgie, 1720 ds T.-L.); 1865 lividités cadavériques (Littré-Robin); 2. 1840 « pâleur terne » (Balzac, Pierrette, p. 19); 3. 1860 « pâleur (de l'atmosphère, etc.) » (Baudel., loc. cit.). Dér. sav. de livide*; suff. -(i)té*. Fréq. abs. littér. : 39. |