| LIPPE, subst. fém. A. − 1. Lèvre (inférieure) épaisse et proéminente. Lippe disgracieuse, pendante. Au lieu des lèvres épaisses, de la lippe inférieure si forte, des lèvres minces (Léautaud, Journal littér.,1915, p. 200).Un vieux cheval qui remue sa lippe (Montherl., Démon bien,1937, p. 1291). − P. méton. Mouvement accusé de la lèvre qui traduit généralement l'insatisfaction, le mécontentement. Synon. moue.Gavroche (...) dépensait en une lippe démesurée toute la sagacité de sa lèvre inférieure (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 341). ♦ Loc. verb., fam. Faire la/sa lippe. Avancer la lèvre inférieure généralement sous l'effet d'une insatisfaction, d'un mécontentement. Synon. bouder, faire la moue.Tu fais la lippe avec ta lèvre inférieure si tu n'es pas content (Adam, Enfant Aust.,1902, p. 411).Christophe faisait sa lippe dédaigneuse (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1442).V. bousard ex. de Balzac.Région. (Canada). ,,Faire la lippe. Pleurnicher.`` (Canada 1930) 2. Vieilli, péj., au plur. Lèvres épaisses et proéminentes. Un gros homme (...), deux lippes pour lèvres (Goncourt, Journal,1866, p. 292).Ce sourire amène sur les grosses lippes de Marianne un sourire (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 123). B. − P. anal., rare. Renflement, boursouflure. La chair de sa face retombait en lippes sur sa gorge (D'Esparbès, Tumulte,1905, p. 305). Prononc. et Orth. : [lip]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1195 lipe « lèvre inférieure épaisse et proéminente » (Ambroise, Guerre sainte, 2508 ds T.-L.); ca 1205 faire la lipe « faire la moue » (Renart, éd. E. Martin, XVII, 529). Empr. au m. néerl.lippe « lèvre »; le mot s'est répandu dans la plus grande partie du domaine gallo-roman. Fréq. abs. littér. : 46. |