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LIMANDE, subst. fém.
A. − Poisson marin comestible, ovale et plat, à tête petite et dissymétrique, avec les yeux sur le côté droit, à peau rugueuse d'un brun grisâtre sur le flanc supérieur et d'un blanc sale sur le flanc aveugle, appartenant à la famille des Pleuronectidés. Le long de ce trottoir une marchande de poissons (...) fait rouler sa voiture en énumérant à plein gosier : « Limande à frire, hareng qui glace... » (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 33):
... la friture installée chez le père l'Auvergne, à deux pas de là, leur fournissait à très bon compte des limandes sautées dans la poêle et des moules baignant dans une sauce blanche. Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p.132.
Plat, plate comme une limande. Très maigre. Passons alors dans mon cabinet, dit Phellion. − Non, non, mon ami, dit la sèche madame Phellion, petite femme plate comme une limande (Balzac, Pts bourg.,1850, p. 91).
B. − P. anal.
1. Pop.
a) Femme maigre et plate. C'est une petite limande, entourée de brillants, qui débarque, au bras d'un colosse brun à la mine égarée (L. Daudet, Salons et journaux,1917, p. 151).
b) Homme sans courage, qui s'humilie. De plus en plus limande et craignant sans doute les remords de mon portefeuille, Fred s'aplatit, jappa une série de oui-oui (H. Bazin, Mort pt cheval,1949, p. 300).
Loc. Faire la limande. ,,Faire l'obséquieux, se mettre à plat ventre devant quelqu'un, s'aplatir moralement`` (Rigaud, Dict. arg. mod., 1881, p. 228).
c) Prostituée. Il avait donc guetté Céline et, un soir, il l'avait hélée : hé limande! Céline avait filé à grand pas, mais il l'avait rejointe (Huysmans, Sœurs Vatard,1879p. 200).
2. Spécialement
a) TECHNOL. ,,Pièce de bois plate et étroite employée dans une charpente`` (Chabat t. 2 1876). Règle large et plate utilisée en menuiserie (d'apr. Chabat t. 2 1876).
b) MAR. ,,Bande de toile goudronnée, que l'on enroule en spirale autour d'un cordage pour le préserver de frottement, ou que l'on met comme garniture entre un cordage et sa fourrure`` (Gruss 1952). V. limander infra rem.
REM. 1.
Limander, verbe trans.,mar. Envelopper un cordage d'une limande pour le protéger du frottement. Lorsqu'on se borne à limander, on maintient la limande par un transfilage à demi-clés fait avec du fil caret (Galopin, Lang. mar.,1925, p. 38).
2.
Limande-sole, subst. fém.Variété de limande plus appréciée que la limande commune.
Prononc. et Orth. : [limɑ ̃:d]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1erquart xiiies. ichtyol. lumande (Reclus de Molliens, Charité, 25, 7 ds T.-L.); b) 1808 plate comme une limande « se dit d'une femme très maigre » (Hautel); 2. a) 1319-27 « pièce de bois plate et étroite » (doc. ds Gdf.); b) 1831 « bande de toile goudronnée dont on enveloppe un cordage » (Will.); c) 1840 « règle large et plate dont se servent les menuisiers » (Ac. Compl. 1842). Mot d'orig. incertaine. 1 est peut-être dér., à l'aide du suff. -ande, de lime « platessa limande » (ca 1249 Chansons et dits artésiens ds Romania t. 27, 1898, p. 500), lequel serait issu du lat. lima « lime [outil] » (v. lime1); cf. l'ital. lima. La limande aurait été ainsi nommée à cause de la rugosité de sa peau, donc au sens de « bonne à limer ». 2 serait à rattacher à la même famille que limon « brancard » (v. limon2); le suff. représenterait un gaulois -anto, -anta, dont le -nt- serait devenu -nd- en gaulois peu de temps avant la disparition de celui-ci (Bl.-W.5; FEW t. 5, p. 248a). Fréq. abs. littér. : 32. Bbg. Archit. 1972, p. 216. - La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 205.