| LILAS, subst. masc. et adj. I. − Subst. masc. A. − BOT. Arbuste de la famille des Oléacées, aux fleurs disposées en grappes très odorantes. Un fourré de lilas; lilas de Perse. La jeune fille, qui rêvait à l'ombre des lilas (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 977): Quittant la Grèce à regret, j'avais traversé la Yougoslavie en proie à un délire blanc et rose, admiré les bosquets de lilas sauvages, des arbres fruitiers, cerisiers ou poiriers, frémissants de candeur et de-ci de-là les grêles gerbes incarnadines des pêchers, tous plus beaux que je ne me souvenais qu'ils pussent être...
Gide, Feuillets,1949, p. 1081. − P. ext. Lilas d'Espagne (centranthe); lilas des Indes (mélia). Cependant, puisque les arbres les plus rares prospèrent dans les jardins de la capitale, ils devaient réussir à Chavignolles; et Pécuchet se procura le lilas des Indes, la rose de Chine et l'eucalyptus, alors dans la primeur de sa réputation. Toutes ses expériences ratèrent (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 33). B. − P. méton. Les fleurs du lilas. Lilas violet, blanc. Nous fîmes des canapés d'herbes; Nous nous grisâmes de lilas (Hugo, Chansons rues et bois,1865, p. 54). − [Dans le domaine de la mode] Grappe de lilas. Ornement des chapeaux. Une grappe de lilas la coiffait (Courteline, Ronds-de-Cuir,1893, 4etabl., 2, p. 135).Elle jetait sur ses épaules sa « visite » en cachemire noir brodée de jais, coiffait sa petite capote à grappes de lilas foncés (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 181). II. − Emploi adj. inv. D'une couleur mauve tirant sur le bleu ou le rose et qui rappelle la couleur du lilas. Lorsque le soleil se coucha, les sables infinis devinrent pourpres, puis lilas, puis violets, et enfin d'un gris sombre aux approches de la nuit (Du Camp, Nil,1854, p. 75).Je n'insiste pas, d'autant plus qu'en ce moment la colère... au lieu de vous faire lilas, je serais capable de vous faire vert-pomme (Meilhac, Halévy, Cigales,1877, II, 13, p. 89).Elle restait une Marie-Antoinette au nez autrichien, au regard délicieux, conservée, embaumée grâce à mille fards adorablement unis qui lui faisaient une figure lilas (Proust, Temps retr.,1922, p. 979). ♦ Violet lilas. Violet lilas. − Carmin, avec bleu de Prusse et blanc de plomb (Rousset, Trav. pts matér.,1928, p. 78). − Emploi subst. masc. La couleur elle-même. Anteouen était maintenant debout. Sa haute silhouette se profilait en noir sur le ciel devenu tout à coup d'un lilas très pâle (Benoit, Atlant.,1919, p. 105). REM. 1. Lilacé, -ée, adj.Qui se rapporte au lilas, qui ressemble au lilas. C'est peint dans une tonalité un peu lilacée, sans minuties et sans négligences (Huysmans, Art mod.,1883, p. 122). 2. Lilasse, adj.Dont la couleur se rapproche de celle du lilas. Ah! oui, ce bouquet préparé sur ma table par les chères mains de ma mère qui tant voudrait vous connaître : une rose rose, une rose plus rose, des œillets blancs, des ancolies lilasses, des violiers pourprés, encore des ancolies bleues et des ancolies plus roses que les autres, et des feuilles (Jammes, Corresp. [avec Gide], 1897, p. 108). 3. Lilasser, verbe trans.Donner la couleur lilas. Du satin clapotant et du crêpe liquide, Une incantation évocatrice guide Vers un champ japonais que lilasse l'iris (Montesquiou, Hort. bleus,1896, p. 142). Prononc. et Orth. : [lilɑ] et [-la]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1605 bot. lilac (O. de Serres, Théâtre d'agric., VI, 10 ds Hug.); 1651 lilas (N. de Bonnefons, Le Jardinier françois, p. 75 ds Mél. Dauzat (A.), p. 28); p. ext. 1757 adj. « de la couleur du lilas » (Inventaires mobiliers au xviiies., éd. A. Bourgeois, p. 10 : un habit et culotte d'étoffe de soie fond lilas à petites fleurs). Empr. à l'ar.līlāk, lui-même issu du skr. nīlah par l'intermédiaire du persan līläǧ
(v. FEW t. 19, p. 108 b). Fréq. abs. littér. : 620. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 458, b) 1 238; xxes. : a) 1 526, b) 663. Bbg. Arveiller (R.). Mots orientaux, notes lexicol. Mél. Dauzat (A.) 1951, pp. 23-32. - Hehn (V.) Kulturpflanzen und Haustiere... Berlin, 1902, p. 510. - Rommel 1954, p. 147, 158. |