Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
LIEN, subst. masc.
A. − Objet flexible de forme allongée servant à entourer une chose pour maintenir ensemble ses différentes parties, ou à attacher entre elles deux ou plusieurs choses. Lien de paille, de feutre, de soie; lien d'un fagot; nouer, dénouer, serrer, desserrer un lien. Tout près de moi, une tête a été rattachée à un corps agenouillé, avec un vague lien (Barbusse, Feu,1916, p. 338):
1. Ernest se mit à botteler et Alexis apportait les javelles sur les liens, tandis que le père, servi par l'Adélaïde et par Juliette, chargeait les gerbes sur la voiture. Aymé, Jument,1933, p. 205.
P. métaph. Les amitiés d'enfance (...) liens tressés naïvement et solides comme ces ouvrages de petites filles où une main inexpérimentée a prodigué le fil et les gros nœuds (A. Daudet, Nabab,1877, p. 11).
P. méton., AGRIC. Tige ou rejet de certaines plantes ou de certaines essences forestières qui, en raison de l'élasticité de leur bois, peuvent être utilisées comme liens (d'apr. Forest. 1946). Ici, je ne puis passer sous silence (...) l'action de la lune sur les liens et sur les pousses. Il faut se garder de couper ces liens avec la nouvelle lune, s'ils sont de chêne, et s'ils sont de noisetier, de saule, de bois blanc, avec la lune faite, ancienne. Ils ne se laissent point tordre, ils rompent infailliblement (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 8).
En partic. Ce qui retient un animal, enchaîne ou ligote un prisonnier, un esclave. Les liens de saint Pierre; couper, rompre, briser les liens d'un captif (cf. aussi infra C 2 a). J'ai quitté le service, et, usant de ma liberté, je cours à peu près comme un cheval qui a rompu son lien (Courier, Lettres Fr. et Ital.,1810, p. 820).Le misérable petit pioupiou s'était écroulé, la langue pendante, à moitié garrotté par ses liens (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 163):
2. Vois! N'ai-je point gardé l'immonde flétrissure Du fouet de l'esclavage et des liens cuisants? Leconte de Lisle, Poèmes barb.,1878, p. 97.
Loc. fig., littér. Liens de fleurs. Choses séduisantes qui créent des contraintes, entravent la liberté en douceur. Je voulus fuir... Les grâces m'enchaînèrent; elles m'étreignirent dans leurs liens de fleurs, plus forts que le fer : je m'abandonnai aux grâces, à l'ange qui m'offrait le bonheur, à Sara... j'aimai (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 227).
B. − P. anal. Ce qui réunit, rattache deux ou plusieurs choses entre elles. Le bœuf traîne d'une certaine manière son compagnon. Et admirez ce lien de bois qui à la fois rapproche les deux têtes et les sépare. Deux têtes en une, mais qui ne communiquent que par le joug (Alain, Propos,1927, p. 741).Le Fezzan doit être la part de la France dans la bataille d'Afrique. C'est le lien géographique entre le sud-tunisien et le Tchad (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 62).
Spécialement
1. CHARPENT. Pièce de bois ou de métal placée obliquement dans l'angle formé par deux pièces de charpente pour en consolider l'assemblage. Liens de faîtage (cf. Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 2, 1928, p. 22).
2. TECHNOLOGIE
,,Pièce en forme d'U très allongé, dont les extrémités des branches sont reliées par une pièce fixée par écrous`` (Barb.-Cad. 1963).
,,Petite bande de plomb soudée en certains points sur l'armature de vitraux`` (Barb.-Cad. 1963).
3. ARTILL. Lien élastique. Pièce reliant la bouche à feu à l'affût du canon. L'usage a consacré le terme de liens ou liaisons élastiques pour désigner les ressorts et les freins hydrauliques [destinés à limiter le recul] (Alvin, Artill., Matér., 1908, p. 162).
4. INFORMAT. ,,Séquence d'instructions reliant deux parties d'un programme`` (Bureau 1972). Synon. liaison.
C. − Au fig.
1. [Dans l'ordre logique] Élément qui réunit, rattache deux ou plusieurs choses entre elles, assure leur relation, les met en rapport; le rapport lui-même tel qu'il est perçu par l'esprit. Produire et conserver, dans l'oubli où le monde est de son passé, le lien des temps, ce lien si nécessaire, cette chaîne vitale qui du passé mort en apparence fait circuler la sève vers l'avenir (Michelet, Journal,1850, p. 126).Un être pour l'esprit de qui le principe de causalité existerait à peine, un être qui ne serait pas capable d'établir un lien entre un phénomène et un autre et devant qui le spectacle du monde serait incertain comme un rêve (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 586):
3. L'idée de l'universelle analogie, à laquelle se réfère la conception romantique et moderne de la poésie, est la réponse de l'esprit humain à l'interrogation qu'il se pose, et l'expression de son vœu le plus profond. Il a souhaité d'échapper au temps et au monde des apparences multiples, pour saisir enfin l'absolu et l'unité. La chaîne des analogies lui apparaît, par instants, comme le lien qui, rattachant toute chose à toute autre chose, parcourt l'infini et établit l'indissoluble cohésion de l'être. Béguin, Âme romant.,1939, p. 401.
SYNT. Lien commun, continu, direct; lien réel, apparent, artificiel; lien causal, logique, nécessaire, historique; lien de causalité, de nécessité, de dépendance, de subordination; être, constituer, former un lien; faire le lien entre deux choses; idées, faits, mots sans lien.
2. [Dans l'ordre des rapports hum.]
a) Ce qui unit deux ou plusieurs personnes (ou groupes de personnes), établit entre elles des relations d'ordre social, moral, affectif p. ex.; les relations ainsi constituées. La société n'existe que par l'unité; l'unité se forme par des liens; les liens, quand il s'agit d'êtres intelligens, se changent en lois obligatoires pour la conscience et maintenues par la double autorité de la force publique et de l'opinion (Lacord., Conf. N.-D.,1848, p. 201).Il y avait de grands sentiments dans cette salle obscure et basse : l'hospitalité et les liens que créent l'amour, la parenté, l'amitié (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 266):
4. On constate parfois entre un sujet hypnotisé et l'hypnotiseur un lien invisible qui les met en rapport l'un avec l'autre. Ce lien paraît être une émanation du sujet. Quand l'hypnotiseur est ainsi en rapport avec l'hypnotisé, il peut lui suggérer, à distance, certains actes à accomplir. Carrel, L'Homme,1935, p. 315.
SYNT. Les liens de la société, les liens humains; lien juridique, légal, de droit; lien politique, national, fédéral, féodal; lien social, lien moral; lien de parenté, de famille, de naissance; les liens du sang; le lien conjugal, les liens du mariage; les liens de l'âme, du cœur, du corps, de la chair; lien d'affection, d'amitié, d'amour, de sympathie, d'intérêt; de doux, de tendres liens; liens étroits, intimes, forts, puissants, profonds, indissolubles; contracter, établir, nouer, resserrer, briser, dénouer, relâcher des liens.
DR. ,,Rapport juridique entre deux ou plusieurs personnes résultant de la parenté ou de l'alliance`` (Cap. 1936).
Lien simple. Lien de parenté entre frères et sœurs ayant un père ou une mère différents. Cf. infra.
Double lien. Lien entre frères et sœurs issus du même père et de la même mère. Les frères et sœurs consanguins ou utérins ne sont liés que d'un lien simple. Il y avoit quelques coutumes, où par le privilège du double lien, les frères et sœurs germains se succédoient les uns aux autres, au préjudice des consanguins et utérins (Ac.1798).
RELIG., DR. CANON
Lien (religieux). Engagement religieux contracté par celui qui a été ordonné prêtre ou a prononcé des vœux monastiques. (Dict. xixeet xxes.).
Lien (du mariage). ,,Union perpétuelle et exclusive de deux personnes qui ont validement contracté mariage`` (Foi t. 1 1968).
Empêchement de lien. ,,Incapacité de contracter validement un second mariage tant que subsiste le lien du premier`` (Foi t. 1 1968).
Défenseur du lien. ,,Officier judiciaire intervenant obligatoirement dans les causes matrimoniales ou dans les causes d'Ordination pour veiller au respect des règles de la procédure et défendre contre le demandeur la validité du lien de l'Ordination sacrée ou du mariage`` (Foi t. 1 1968).
b) Ce qui attache moralement quelqu'un à quelque chose. Après le repentir des oublis imprudents, le poète [Sully-Prudhomme] dit la ténacité du lien par où nous nous sentons attachés à la terre de la patrie, au sol même, à ses fleurs, à ses arbres (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 60).
c) Ce qui met dans une situation de dépendance, ce qui contraint, enchaîne, asservit. Les liens de l'habitude, de la raison, de la conscience, de la morale; être dans les liens de qqn, de qqc.; tenir qqn dans ses liens; se délivrer, s'affranchir de ses liens; être libre de tout lien. Les habitudes et les opinions d'un pays où l'on se trouve si bien du respect le plus scrupuleux pour les devoirs, comme pour les lois, le retenaient dans des liens assez étroits à beaucoup d'égards (Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 314).Il me devient de plus en plus difficile d'admettre qu'il puisse y avoir sainteté à strictement parler quand on demeure dans les liens du monde (Du Bos, Journal,1924, p. 181):
5. Mais plus j'ai garrotté ma vie par les liens du dévouement et de l'honneur, plus j'ai échangé la liberté de mes actions contre l'indépendance de ma pensée... Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 305.
REM.
Liette, subst. fém.,vx, synon.,,Tout ce qui sert à lier, cordon, ruban`` (Guérin 1892). Les liettes de sa chemise ouverte étaient frisées menu, et son bonnet avait de longs rubans qui flottaient terminés par des ancres d'or (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 111).
Prononc. et Orth. : [ljε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1remoitié xiies. « attache constituant une entrave » ici, employé par image (Psautier Oxford 2, 3 ds T.-L. : Derumpuns les lur lïens [dirumpamus vincula eorum]); 1130-40 sens propre (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 559); 2. fin xiies. « laisse pour conduire un chien » (Folie Tristan, Oxford, 902 ds T.-L.); 3. 1269-78 solers a lien « souliers maintenus par une bande [et non lacés] » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 9276). B. Fig. 1. ca 1175 lien affectif, moral (Benoît de Ste-Maure, Chron., éd. C. Fahlin, 8560 : Quer entre nos e Franceis toz Nos ert lien d'amor); 1176 (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 4384 : S'Amors ne l'a [Cligès] en ses lïens); 1208 loient de fraterniteit (Cart. de Val S.-Lambert, BN l. 10176, fol. 24 c ds Gdf. Compl.); 2. a) fin xiies. « obligation, contrainte résultant d'un vœu » (Vie d'Edouard le Confesseur, 1980 ds T.-L.); 1erquart xiiies. spéc. liien d'obedïenche (Reclus de Molliens, Miserere, 12, 2, ibid.); fin xiiies. liien de mariage (Chastelain de Coucy, éd. J. E. Matzke et M. Delbouille, 219); b) 1283 lien jur. (Beaumanoir, Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1263); 3. 1669 lien du sang (Racine, Britannicus, IV, II); 4. 1851-62 lien du discours « enchaînement, suite continue » (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 4, p. 362 [à propos du style de Buffon]). Du lat. ligamen, « lien, cordon, bande, bandage »; la forme rég. étant leien, loiien, lien est anal. de lier*. Fréq. abs. littér. : 3 926. Fréq. rel. littér. : xix s. : a) 7 365, b) 4 691; xxes. : a) 4 905, b) 4 947. Bbg. Archit. 1972, pp. 61-62. - Barb. Misc. 29 1944-52, pp. 426-429. - Ernout (A.). Philologica. 2. Paris, 1957, 256 p.