| LIBÉRATEUR, -TRICE, subst. et adj. I. − Subst. et adj. (Celui, celle) qui délivre, libère. Enfin, au bout d'un demi-quart d'heure, il ouvrit les yeux, et bientôt il fut en état d'exprimer à ses libérateurs toute sa reconnoissance (Genlis, Chev. Cygne, t. 1, 1795, p. 223).Sans doute, faut-il saluer en madame Colette la libératrice d'une psychologie féminine amputée par les scrupules de mesdames de Clèves et de Chasteller (Cocteau, Poés. crit. II, Monologues, 1960, p. 126): 1. Tartarin l'échappa belle. Ivres de fureur fanatique, les deux nègres quêteurs l'auraient sûrement mis en pièces, si le Dieu des chrétiens n'avait envoyé à son aide un ange libérateur, le garde champêtre de la commune d'Orléansville arrivant son sabre sous le bras, par un petit sentier.
A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 124. − P. métaph. Le crépuscule s'était fait; la nuit venait, la grande libératrice, l'amie de tous ceux qui ont besoin d'un manteau d'ombre pour sortir d'une angoisse (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 561). − En partic. ♦ Jésus-Christ venu délivrer les hommes de l'esclavage du péché. Le libérateur attendu pendant quatre mille ans, le Désiré des nations, est venu sur la terre pour le réconcilier avec le ciel (Lamennais, Indifférence, t. 2, 1817-23, p. 395). ♦ Celui qui libère d'une servitude, d'une domination étrangère, de l'emprise d'un pouvoir politique abusif. Acclamer, attendre, espérer, fêter, honorer un libérateur; accueillir, saluer un homme comme un libérateur; libérateur des peuples, du territoire. M. de Talleyrand, en présentant Bonaparte au Directoire, l'appela le libérateur de l'Italie et le pacificateur du continent (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 498).La prophétie annonçant qu'une Pucelle libératrice viendrait des Marches de Lorraine (France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 274): 2. Depuis que l'histoire existe, deux espèces d'hommes conduisent l'humanité : les oppresseurs et les libérateurs. Les uns la dominent pour le mal, les autres pour le bien.
Hugo, Corresp.,1860, p. 344. II. − Adj. Qui délivre, libère. La solitude libératrice de la vieillesse, qui affranchit de la femme et qui achève en nous la bonté (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 54).Comme un écolier au son de la cloche libératrice, M. Chasle, en un tournemain, rassembla ses paperasses, fit plusieurs petits saluts, et s'esquiva (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p. 1142).V. ascèse ex. 5 : 3. Aujourd'hui, ou dans un millier de siècles, que m'importe, si quelque événement libérateur doit faire brèche un jour dans le mécanisme universel? J'aime autant l'attendre pour demain et m'endormir content.
Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 285. − En partic. ♦ Lang. littér. Dont l'effet, le but ou la vocation est la délivrance, l'affranchissement de l'homme, de la nation, de la société. La presse initiatrice et libératrice, travaillant à plus d'instruction, à plus de lumière (Zola, Corresp., t. 2, 1897, p. 793): 4. ... et nous le répétions avec idolâtrie,
Sans prévoir que ce nom libérateur serait
Le cri de rallîment qui nous délivrerait.
Garibaldi! Ce poids jeté dans la balance
Où de l'autre côté pèse la violence...
Glatigny, Fer rouge,1870, p. 72. ♦ Domaine de la biol., de la chim.[Correspond à libérer B 1 b] Les oxydations libératrices d'énergie peuvent s'effectuer en présence d'oxygène emprunté au dehors ou en son absence (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 616). Prononc. et Orth. : [libeʀatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1500 (Jean Molinet, Roman de la Rose moralisé, chap. 5 ds Dupire, Jean Molinet, p. 265). Empr. au lat.liberator « celui qui délivre », formé sur le supin liberatum de liberare « libérer »; a remplacé délivreur* dans le même sens. Fréq. abs. littér. : 454. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 951, b) 484; xxes. : a) 508, b) 553. Bbg. Delb. Matér. 1880, p. 189. - Dub. Pol. 1962, p. 333. - Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p. 259. |